Café de la Science 2023 : Un creuset de dialogue entre scientifiques et politiques afin de vulgariser les interventions en faveur de l’approche « Une seule santé »

Café de la Science 2023 : Un creuset de dialogue entre scientifiques et politiques afin de vulgariser les interventions en faveur de l’approche « Une seule santé »

L’Ambassade de France près le Bénin, l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) ont organisé en partenariat avec le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (MESRSI) et le Bureau pays de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le premier numéro du Café de la science de l’année 2023 autour de l’approche « Une seule santé », le jeudi 23 février 2023 à l’Institut Français de Cotonou. L’objectif étant de rapprocher les chercheurs et les politiques des secteurs de la santé humaine, animale et environnementale en vue d’une synergie d’actions autour de la thématique.

Sous la modération de Dr Clément GLELE KAKAI, chargé du programme Gestion des Risques infectieux dans la préparation aux urgences sanitaires au Bureau pays de l’OMS, le panel des experts était composé de Dr Sourakatou SALIFOU, Directeur national de la santé publique au Ministère de la santé, Madame Fidélia SESSOU HINSON, coordonnatrice du Projet Régional de Renforcement des Systèmes de Surveillance des Maladies en Afrique de l'Ouest (REDISSE), Dr Corneille GNANVI, Médecin vétérinaire, Chef service santé animale à la Direction de l’élevage au Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, de Dr Victorien DOUGNON, maître de conférences en microbiologie, chef de l’Unité de Recherche en Microbiologie Appliquée et Pharmacologie (UMAPHAR) des substances naturelles à l’Ecole Polytechnique de l’Université d’Abomey-Calavi et de Dr Chabi Adéyèmi Marc Sylvestre DJAGOUN maître de conférences en charge de l’unité de Recherche sur la conservation de la Faune et membre du Laboratoire d’Ecologie Appliquée (LEA) à l’Université d’Abomey-Calavi,.  Ces experts ont mené des réflexions sur quels mécanismes mettre en place pour intégrer toutes les parties prenantes œuvrant en faveur de l’approche « Une seule santé » au Bénin, et comment capitaliser les résultats de la recherche afin d’éclairer les décisions politiques en vue d’impacter les interventions en la matière.  

Selon le Représentant de l’IRD, Nicaise NDAM, il est question de mettre l’accent sur les problématiques actuelles et futures dans l’optique d’améliorer les conditions de vie des populations les plus vulnérables.  « Le consortium Une Seule Santé constitue le socle qui va permettre plus d’interactions entre acteurs de différentes disciplines et va amorcer un plaidoyer du concept Une seule santé » a déclaré le Directeur de l’IRD au Bénin. Ainsi ce café de science prend tout son sens pour porter notre ambition commune » a-t-il déclaré. 

Dans son intervention, Dr Sourakatou SALIFOU, Directeur national de la santé publique, a rappelé que l’approche « Une seule santé » a pris corps au niveau international en 2004 suite à des événements enregistrés notamment la circulation des agents infectieux avec possibilité de produire pour les humains des urgences de santé publique parfois de portée internationale voire à potentiel pandémique notamment la grippe aviaire en 2003, grippe H1N1 en 2009, Ebola en 2014, chikungunya, Lassa, dengue, choléra etc. « Nous avons également des urgences sanitaires accrues qui, au départ ne sont pas d’origine humaine.  Les inondations et les séismes finissent par devenir de véritables urgences sanitaires » a-t-il clarifié avant d’estimer que la vaccination et les soins curatifs ne sont pas les seuls moyens pour prévenir les problèmes de santé. Ainsi la conception de la santé a été repensée.

Selon le Directeur national de la santé publique, la santé n’est pas seulement limitée à la vaccination et aux soins curatifs mais aussi aux déterminants liés au cadre de vie et à l’alimentation. Il admet par ailleurs, que les Organisations des Nations Unies dont l’OMS prend désormais en considération l’interaction entre les trois composantes à savoir la santé humaine, animale, environnementale dans un lien de causalité. Pour Dr Sourakatou SALIFOU, l’objectif premier de l’approche « Une seule santé » est de faire un état des lieux des parties prenantes au niveau national et régional, de créer ensuite un espace de dialogue entre tous ces acteurs. Ceci, dans le but d’améliorer la visibilité et identifier les activités de recherche dans le domaine, les besoins de convergences et les défis associés.

Depuis 2016, le Bénin s’est résolument engagé à concrétiser la collaboration intersectorielle «Une seule santé » avec l’adhésion au Plan d’action mondial de la lutte contre la Résistance aux Antimicrobiens (RAM) et l’organisation d’un premier congrès national « une Seule Santé » consacré à la RAM dans le cadre de la semaine mondiale pour le bon usage des antibiotiques en 2017. En 2018, le Conseil National de Lutte Contre le SIDA, la Tuberculose, le Paludisme, les Hépatites et les Epidémies (CNLSTP) a été mis en place par Décret N° 2018-149 du 25 avril 2018, comme instance nationale de la plateforme « Une seule santé » et a été confirmé en 2022 par décret N° 2022 - 184 du 16 mars 2022 comme instance nationale de la plateforme « Une seule santé ».

Par ailleurs, la plateforme « Une seule santé » s’est concrétisée en 2021 à travers la mise en place d’une structure de gouvernance avec comme organes, un Comité de Pilotage, un Comité Technique de Coordination, un Secrétariat et 3 Groupes Techniques Thématiques : (Communication sur les risques, Surveillance épidémiologique et Laboratoires). En découlent de la mise en place de cette plateforme,  des documents techniques tels que les plans stratégiques de lutte contre les intoxications alimentaires, d’Elimination de la Rage au Bénin, de lutte Charbon Bactéridien et Plan d’Actions National de la Sécurité Sanitaire (PANSS). L’approche « Une seule santé » a également été placée au cœur des procédures d’évaluation de la réponse aux épidémies notamment l’auto-évaluation annuelle du Règlement Sanitaire International, la cartographie des risques, la Priorisation des zoonoses, et l’évaluation du PANSS 2019-2021.

Pour sa part, Dr sylvestre DJAGOUN, enseignant chercheur à l’université d’Abomey Calavi (UAC) a déploré le manque de communication autour de cette approche. Il a ensuite suggéré qu’il était nécessaire de briser les barrières, dynamiser les plateformes afin d’intégrer toutes les parties prenantes à l’approche au Bénin. Le fossé entre les chercheurs et le ministère de la santé est une limite à la vulgarisation et à l’atteinte des objectifs, fait savoir Victorien DOUGNON, enseignant chercheur à l’UAC.  Et à la coordinatrice du projet Redisse, Fidélia SESSOU HINSOU de reconnaître qu’il y a un rôle institutionnel qui doit être joué afin de créer un dynamisme autour de l’approche. Répondant aux préoccupations du public sur la nécessité d’intégrer la santé communautaire dans les interventions, la coordonnatrice du projet REDISSE a affirmé que les actions menées dans le cadre de la surveillance à base communautaire (SBC) et incluant les zoonoses prioritaires sont fondées sur une approche Une Seule Santé. Elles mettent l’accent sur la collaboration multisectorielle et le partage de l’information entre les parties prenantes à tous les niveaux et permet une prise en charge des évènements liés à l’interface homme-animal-environnement.

Enfin, des cas de succès en matière de vulgarisation des travaux de recherches en faveur de l’intégration et la coopération intersectorielle en matière de prévention, de détection et de riposte aux menaces de maladies infectieuses émergentes, notamment les zoonoses et la résistance aux antimicrobien au Bénin ont été cités.

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Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Bissouma-Ledjou, Dr Tania Renée

Représentante Résidente p.i de l'OMS au Bénin

Email: bissoumaledjout [at] who.int

AKOMATSRI Ayaovi Djifa

Chargée de Communication
OMS Bénin
Email: akomatsria [at] who.int