Abandonner la culture du tabac, un atout économique et sanitaire pour les agriculteurs kényans

Abandonner la culture du tabac, un atout économique et sanitaire pour les agriculteurs kényans

Nairobi – Il y a un peu plus d’un an, l’agricultrice Nancy Achieng est abandonné la culture du tabac pour faire pousser des haricots riches en fer, imitant ainsi des centaines d’autres producteurs du Kenya qui gagnent aujourd’hui collectivement un revenu net annuel six fois supérieur à celui qu’ils percevaient auparavant.

Mme Achieng explique qu’elle peut désormais payer les frais de scolarité de ses enfants à temps. De plus, elle et ses trois enfants sont en de meilleure santé et souffrent beaucoup moins de maladies respiratoires par rapport à la période pendant laquelle la famille cultivait le tabac.

L’initiative Tobacco-Free Farms (Fermes sans tabac) est un projet conjoint de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), avec le concours du gouvernement kényan. Il a été lancé dans le comté de Migori, dans l’ouest du Kenya, en mars 2022 et devrait maintenant être étendu à la Zambie.

S’alignant sur le thème de la Journée mondiale sans tabac 2023, « Cultivons des aliments, pas du tabac », ce projet vise à aider les agriculteurs à passer de la culture du tabac à des cultures vivrières durables. Les organismes des Nations Unies et le gouvernement kényan organisent des formations, fournissent des intrants de qualité tels que des semences et des engrais, et facilitent l’accès au marché pour les récoltes, grâce aux initiatives d’approvisionnement local du Programme alimentaire mondial.

Le projet est à sa troisième campagne agricole et a permis à près de 1700 agriculteurs, couvrant environ 607 hectares de terres, de passer à des cultures vivrières durables. À ce jour, plus de 620 tonnes de haricots riches en fer ont été vendues, sans compter la récolte en cours.

De plus, Thought for Food, leader mondial dans les domaines de l’innovation et de la promotion des Start-ups, a investi dans le stockage des semences de haricots, pour aider les agriculteurs à accroître les semences en vue de leur utilisation lors de la prochaine campagne agricole.

Nancy Achieng souligne que, bien que le tabac soit présenté comme une culture commerciale très rentable, les agriculteurs ont du mal à faire du profit une fois qu’ils ont remboursé leurs dettes mensuelles pour les semences et les engrais. « Il ne nous restait plus rien, mais aujourd’hui, les choses ont radicalement changé. Ma famille est beaucoup plus stable économiquement et mon fils aîné est même inscrit à l’université », témoigne l’agricultrice.

Une analyse coût-profit par hectare révèle que si le revenu brut est presque trois fois plus élevé pour le tabac par rapport aux haricots « Nyota », le revenu net est tout à fait différent. Le revenu annuel net est plus de six fois supérieur pour les haricots que pour le tabac, et plus de trois fois supérieur par campagne.

Parmi les autres avantages de la culture des haricots relevés grâce à l’analyse coût-profit figurent la réduction de l’utilisation d’engrais azotés, les économies réalisées sur les légumes pour les familles et sur l’alimentation animale, ainsi que l’amélioration de la santé des ménages.

La Banque mondiale estime que 140 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë en Afrique, explique le Dr William Maina, responsable technique de la lutte antitabac et de la réduction des autres facteurs de risque de maladies non transmissibles au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.

Pourtant, plus de 1,2 million d’hectares de terres répartis dans 15 pays d’Afrique sont utilisés pour la culture du tabac, qui est responsable de 8 millions de décès dans le monde chaque année. Au Kenya, environ 36 000 agriculteurs produisent des feuilles de tabac sur près de 15 000 hectares de terres, principalement dans l’ouest du pays et majoritairement dans le comté de Migori.

« La réussite de l’initiative « Fermes sans tabac » au Kenya, qui aide les agriculteurs à cultiver des aliments au lieu du tabac, est la preuve que nous pouvons aboutir à ce changement en augmentant les revenus, en améliorant les moyens de subsistance et en éliminant les risques sanitaires associés dus à l’exposition à la nicotine, aux pesticides et à la poussière de tabac », souligne le Dr Maina, ajoutant que le projet sera étendu à un total de 5 000 agriculteurs au Kenya et en Zambie.

À ce jour, le projet est étendu à trois nouveaux comtés de production de tabac au Kenya (Meru, Busia et Bungoma). Environ 347 agriculteurs possédant près de 227 hectares de terres dans ces trois comtés sont déjà passés de la culture du tabac à celle des haricots.

Lors d’un événement marquant la Journée mondiale sans tabac qui se tient aujourd’hui au Kenya, une autre agricultrice nommée Sprina Robi Chacha sera récompensée pour deux raisons : le passage de la culture du tabac à celle des haricots riches en fer et la formation de centaines d’autres agriculteurs pour les inciter à faire de même, contribuant ainsi à l’amélioration de la santé de sa communauté.

Mme Chacha fait partie des six personnes et organisations lauréates des prix attribués dans le cadre de la Journée mondiale sans tabac 2023 de l’OMS pour la Région africaine. Les autres lauréats sont le Dr Edwin Gorataone Dikoloti, Ministre de la santé du Botswana, M. Omar Badjie, point focal national pour la lutte antitabac en Gambie, M. Anthony Muthemba, chef de l’unité de lutte antitabac du comté de Nairobi (Kenya), le gouvernement du comté de Migori (Kenya), et le Ministère de la santé et de l’assainissement de la Sierra Leone.

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