Le Ghana intensifie ses efforts vers l’élimination du paludisme
Accra – Charity Damoah, 36 ans, ne compte plus le nombre de fois où elle a été admise à l’hôpital pour cause de paludisme à Sunyani, où elle a grandi, dans la région de Bono, au Ghana. Mais pour John, son fils de 2 ans, la situation n’est plus la même.
Contrairement aux autres Ghanéens qui vivent au quotidien avec la menace de cette maladie, John n’a jamais souffert du paludisme.
« Au fil des ans, le paludisme a touché tout le monde dans ma famille, certains en sont même décédés. Maintenant, quand on est enceinte, on reçoit les médicaments antipaludiques et les moustiquaires. Et les enfants reçoivent aussi les médicaments ou sont vaccinés contre le paludisme. Alors, je suis heureuse pour mon fils et les autres enfants car c’est quelque chose que nous n’avions pas à notre époque », déclare Charity.
Gertrude Anno, d'Assin Fosu, dans la région centrale du Ghana, partage l'avis de Charity. Ses deux enfants n’ont pas souffert du paludisme comme cela a pu être le cas pour elle-même, qui a grandi dans une région où la charge du paludisme est l’une des plus élevée du pays.
« Toutes les mesures prises par les travailleurs de la santé ont permis de protéger mon enfant du paludisme. Mon fils Kwesi a même eu la chance d’être vacciné contre le paludisme, et depuis, il est en très bonne santé », ajoute Gertrude.
En 2018, le Ghana faisait partie des 10 pays africains les plus touchés par le paludisme à avoir bénéficié de l’approche High Burden High Impact (HBHI). Avec le soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et du partenariat Roll Back Malaria, le Ghana a adopté l’approche HBHI, un mécanisme orienté vers les activités et interventions pour une lutte efficace contre le paludisme, en vue de l'élimination de la maladie.
Cette approche a permis au Ghana d’adopter des mesures adaptées et d’optimiser l’utilisation des moyens existants pour réduire les décès dus au paludisme.
Selon l'Enquête Démographique et de Santé du Ghana, le pays a réussi à réduire de 20,6 % en 2016 à 8,6 % en 2023 le taux de prévalence du parasite responsable du paludisme chez les enfants de moins de 5 ans. L’utilisation combinée de vaccins, de moustiquaires imprégnées d’insecticide de longue durée et d’autres stratégies ont également permis de réduire le nombre de décès dus au paludisme chez les patients hospitalisés de 428 en 2018 à 155 en 2022.
L'évolution de la charge du paludisme au Ghana est le résultat d’efforts nationaux considérables dans la lutte contre le paludisme, incluant la chimio-prévention du paludisme saisonnier, la pulvérisation intra-domiciliaire d'insecticide à effet rémanent et le traitement préventif intermittent.
En plus, en septembre 2023, un total de 2,2 millions de doses du premier vaccin antipaludique au monde, le RTS,S/AS01, ont été administrées à 708 970 enfants éligibles, dans sept des 16 régions du Ghana.
Le soutien de l’OMS aux efforts de lutte contre le paludisme du Ghana inclue la formation et le suivi des mesures de prévention de la maladie, notamment la chimio-prévention du paludisme saisonnier et la vaccination. L’Organisation a également soutenu le renforcement de la surveillance, du suivi et de l’évaluation du paludisme, y compris la stratification du risque du paludisme.
« Les données montrent que notre stratégie de lutte contre le paludisme a été efficace. Nous continuerons à travailler avec nos partenaires pour nous assurer que nous nous appuyons sur cette dynamique afin de consolider les acquis vers l’élimination du paludisme au Ghana », a déclaré Dre Keziah L. Malm, la responsable du Programme national de lutte contre le paludisme du Ghana.
L’impulsion la plus récente apportée aux efforts du Ghana contre le paludisme a été le lancement du Plan stratégique national d’élimination du paludisme 2024-2028. Un plan d’action qui vise à accélérer les progrès vers l’élimination de la maladie.
Le Dr Frank Lule, représentant par intérim de l'OMS au Ghana, estime que les progrès réalisés dans la lutte contre le paludisme sont le fruit d’une stratégie à plusieurs volets.
« La pulvérisation intra-domiciliaire d'insecticide à effet rémanent, l'utilisation de moustiquaires imprégnées d'insecticide et maintenant le vaccin contre le paludisme ont renforcé les mesures de lutte contre le paludisme au Ghana. Tous ces efforts commencent à porter des fruits », a-t-il fait remarquer.
La réponse multi-stratégique inclut également la promotion de la santé, de l'équité entre les sexes et des droits humains, en accordant la priorité aux populations vulnérables. Au Ghana, toutes les interventions de chimio-prévention contre le paludisme sont gratuites pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. Les enfants de tout âge ont également bénéficié de la distribution de moustiquaires imprégnées d'insecticide de longue durée (MILD), qui protègent les familles contre les moustiques responsables du paludisme.
« L'approche du Ghana dans la lutte contre le paludisme est fondée sur le principe de ne laisser personne de côté. Nous continuons à apporter un soutien technique actif aux efforts déployés par le pays pour protéger les plus vulnérables contre les menaces du paludisme », a déclaré la Dre Felicia Owusu-Antwi, administratrice nationale pour le paludisme, les maladies vectorielles et les maladies tropicales négligées.
Pour des mères comme Charity et Gertrude, les efforts du Ghana contre le paludisme se sont également traduits par une meilleure connaissance des mesures de prévention, ce qui, selon elles, a joué un rôle essentiel dans la protection de leur famille.
« Aujourd'hui, je dors régulièrement sous moustiquaire imprégnée avec mes enfants, tout en veillant à ce que notre environnement ne favorise pas la prolifération de moustiques », explique Charity. « J'encourage tous les parents à suivre les conseils des travailleurs de la santé pour protéger leur famille. »
La Région africaine continue de supporter la charge la plus lourde du paludisme au niveau mondial, représentant 94 % de tous les cas de paludisme (233 millions) et 95 % de tous les décès dus au paludisme (580 000) dans le monde en 2022.
« La récente certification de Cabo Verde comme pays exempt de paludisme et les progrès du Ghana vers l'élimination de la maladie incitent à l'optimisme », indique la Dre Dorothy Achu, Cheffe d'équipe pour les maladies tropicales et à transmission vectorielle au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. Elle a souligné que ces résultats reflètent le renforcement des efforts de lutte contre le paludisme au niveau régional.
« Cabo Verde et le Ghana ont démontré qu'un engagement soutenu est la clé du programme de lutte contre le paludisme. Conformément à son engagement de mettre fin à la maladie en Afrique, l'OMS continuera à soutenir le maintien et l'intensification des interventions de lutte contre le paludisme dans toute la Région », déclare-t-elle.