En Guinée, agir pour la fin de la transmission du VIH de la mère à l’enfant

In Guinea, a fight to end mother-to-child HIV transmission
WHO/Daniel Toro
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En Guinée, agir pour la fin de la transmission du VIH de la mère à l’enfant

Conakry – Lorsque le médecin lui a annoncé qu’elle attendait un enfant, la joie de Rama s’est vite estompée pour laisser place à une anxiété qui ne la quittera plus jusqu’au jour de son accouchement. Elle se savait séropositive au VIH. Tout ce qui lui importait, c’était que son enfant naisse sans porter en lui le virus.

« Ma fille a été contaminée. Je ne pouvais pas la protéger car je ne connaissais pas mon statut avant ma grossesse. Pour Idrissa, le médecin m’a informée qu’il était tout à fait possible d’avoir un enfant sain et indemne de VIH, en prenant correctement mes médicaments. J’ai respecté cela mais tout au long de ma grossesse, j’avais vraiment peur pour mon enfant », admet la mère de famille âgée de 38 ans.

En Guinée, la prévalence au VIH au sein de la Population générale est de 1,5%, avec un taux similaire chez les femmes enceintes, selon l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) de 2018. Les enfants de mères séropositives sont exposés au risque de contamination à trois périodes majeures : pendant la grossesse, au cours de l’accouchement et lors de l’allaitement maternel. Pour protéger ces enfants, un axe prioritaire du gouvernement est la Prévention de la Transmission de la Mère à l’Enfant (PTME), qui s’appuie sur la rupture de la chaîne de contamination et permet aux femmes séropositives de donner naissance à des enfants sains.

« Nous faisons de la lutte contre le VIH/Sida une priorité, car cette maladie fait encore peser de graves menaces sur la santé publique. La PTME est un élément essentiel de cette lutte et je suis heureux qu’aujourd’hui en Guinée, les femmes séropositives donnent naissance à des enfants sains non porteurs du VIH », explique le Coordinateur du Programme de lutte contre le VIH/Sida et l'hépatite, Dr Youssouf Koïta. Dans les sites de PTME, la femme enceinte séropositive est prise en charge avec son enfant et tous deux reçoivent gratuitement des médicaments antirétroviraux, ou ARV. En 2021, le pays comptait 487 sites de PTME, soit 130 de plus en 3 ans.

Selon le rapport 2021 du Programme national de lutte contre le sida et les hépatites, sur 2252 enfants testés pour le VIH sur la période 1er Janvier au 31 décembre 2021, 93 % ont été testés négatifs. Cela est le résultat d’une nette avancée enregistrée grâce à la PTME : en 2020 le taux de négativité était de de 91%.

En Guinée, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) appuie le gouvernement dans l’élaboration et la validation du plan d'accélération de l'élimination de la transmission mère-enfant du VIH et de la prise en charge pédiatrique du VIH. « Notre soutien se traduit aussi par l’élaboration de documents normatifs et l’amélioration de la prise en charge à la base. Dans les centres de prise en charge, les personnes vivant avec le VIH sont prises en charge selon les recommandations de l’OMS, visant à garantir des aspects essentiels tels que la qualité des tests de dépistage, la charge virale et la surveillance », a relevé Dr Casimir Manengu, le Représentant par intérim de l’OMS en Guinée.

Au fil des années et avec les orientations de l’OMS, la Guinée a évolué vers la Stratégie R3M et R6M, i.e. Rendez-vous à 3 mois et 6 mois, qui est un modèle différencié de livraison des ARV aux patients stables dont la charge virale est supprimée, en vue de les maintenir dans le traitement, en réduisant les coûts annexes liés à la prise en charge, de diminuer la charge de travail du prestataire et d’améliorer la qualité de l’offre de services.

Grâce à l’appui du Fonds Mondial et d’Unitaid, Rama a bénéficié de ce modèle à la naissance d’Idrissa. « Avec le traitement et l’excellent suivi dont j’ai bénéficié, Idrissa est né sain et sauf ! A l’époque où j’ai eu ma fille, je venais tous les mois avec ma fille dès sa naissance pour chercher les médicaments. Parfois, il y avait quelques ruptures qui nous causaient beaucoup d’anxiété. Mais actuellement la situation a beaucoup évolué. L’approvisionnement est trimestriel ou semestriel, et il n’y a plus de rupture. »

Dr M’Mawa Bangoura est chargée de la prise en charge pédiatrique du VIH SIDA à l’Institut de Nutrition et de Santé de l’Enfant (INSE) au CHU Donka à Conakry. Pour elle et ses équipes, la prise en charge est obligatoire pour toutes les mères atteintes de la maladie. « L’idéal c’est le dépistage de tous les enfants nés de mères séropositives entre la 6ème et la 8ème semaine de vie. Pour que l’enfant survive, la mère doit être mise sous traitement. Nous suivons rigoureusement ces patientes, de la grossesse jusqu’à l’accouchement.  Nous leur redonnons espoir tout en insistant sur l’importance de se conformer au traitement prescrit et avec ces dispositions, un enfant né de deux personnes séropositives peut aisément être lui-même négatif. »

Dr Bangoura a observé des progrès à tous les niveaux, à la suite des stratégies nationales mises en place : « Nous avons enregistré, par exemple, l’amélioration des performances des prestataires et de la qualité des soins, ainsi que la satisfaction des malades. Au premier trimestre de 2021, 586 malades étaient pris en charge au centre de Donka. Aujourd’hui tous nos patients respectent le protocole », précise-t-elle.

Après le décès de son époux, Rama ne s’est jamais remariée. Elle vit à présent avec ses deux enfants dans la banlieue de Conakry. « Rouba et moi, nous respectons notre traitement et prenons fidèlement nos ARV », confie-t-elle. « Quant à Idrissa, il a maintenant 13 ans et est devenu un jeune adolescent plein de vie. Chaque fois que mon regard se pose sur lui, je suis émerveillée ! C’est cela aussi que le traitement m’a accordé : la chance de voir mon enfant grandir en excellente santé, avec des rêves plein la tête. Je sais qu’il réalisera ses rêves », dit-elle, avec une lueur d’un lendemain meilleur dans les yeux.

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Kadijah Diallo

Chargée de communication
Bureau Régional de l'OMS pour l'Afrique 
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