Kenya : Renforcement du personnel de santé
Nairobi – Il y a cinq ans, Esther Omagwa était l’une des deux seuls membres du personnel infirmier du centre de santé Railways dans le comté de Kisumu, à l’ouest du Kenya. L’immense charge de travail l’épuisait souvent, l’obligeant à refuser des patients.
Aujourd’hui, la situation au centre de santé communautaire a considérablement changé. Avec un personnel infirmier de quatre personnes, Esther et ses collègues sont mieux équipés pour faire face à la charge de travail.
« Aujourd'hui, je peux répondre efficacement aux besoins des patients. Même si l’un d’entre nous part en congé, nous pouvons toujours répondre à la demande. » Esther Omagwa, infirmière
Les effectifs du centre de santé ont triplé, passant à 30 personnes, dont des spécialistes de services tels que la santé de la mère et de l’enfant, la cardiologie, l’orthopédie et la santé mentale. « Depuis que nous avons pu intégrer des services plus spécialisés dans chaque département, nous n’avons pas eu à référer de nombreux patients vers des hôpitaux », souligne Violet Ouma, responsable de laboratoire au centre de santé Railways.
Kisumu est l’un des six comtés modèles du Kenya en matière de ressources humaines pour la santé. Ce comté a piloté avec succès l’initiative des réseaux de soins de santé primaires au Kenya et illustre l’immense transformation qui s’opère dans la prestation des services de santé dans le pays. Selon l’analyse du marché du travail dans le secteur de la santé du Kenya pour l’année 2023, le pays a doublé ses effectifs au cours des dix dernières années, pour atteindre près de 190 000 travailleurs de santé actifs dans 13 professions majeures, notamment le personnel infirmier, les sage-femmes, les médecins, les chirurgiens et autres spécialistes. Actuellement, le pays forme environ 8 200 professionnels de santé chaque année et d’ici à 2031, leur nombre devrait passer à plus de 270 000.
Grâce aux efforts déployés pour accroître la digitalisation au niveau des structures, la collecte de données précises et en temps voulu facilite la mise en place de programmes de formation ciblés, permet aux autorités sanitaires d’identifier les besoins et les lacunes en matière de personnel, et de répartir équitablement les professionnels de la santé dans le pays.
« Par le passé, nous utilisions la méthode manuelle de collecte de données. Actuellement, tous nos services sont en cours de numérisation », déclare Flavia Naudi, responsable des dossiers médicaux au centre de santé Railways. « Nous faisons partie de la nouvelle génération qui utilise réellement la technologie pour améliorer la prestation des services de santé en matière de dotation en personnel et de spécialisation. »
En 2019, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a initié le Ministère de la santé du Kenya à l’utilisation des comptes nationaux pour le personnel de santé, un système conçu par l’OMS pour aider les pays à collecter, analyser et utiliser des données relatives à leur personnel de santé. À ce jour, le pays a conduit trois cycles, ce qui a permis de mieux identifier les besoins en personnel, ainsi que les domaines d’investissement et de s’aligner sur la stratégie kényane des ressources humaines pour la santé 2019-2023.
La mise en œuvre des comptes nationaux du personnel de santé a fourni une base pour mener une analyse du marché du travail dans le secteur de la santé, réalisée entre 2021 et 2023 et soutenue par l’OMS. Cette analyse a fourni des preuves de la disparité entre l’offre et la demande du personnel de santé, ainsi que de la faisabilité et de l’impact de différentes options politiques.
« Les travailleurs de la santé sont le pilier du système de santé. Les mesures prises par le pays pour accroître la qualité et la quantité des personnels de santé contribueront à faire de la couverture sanitaire universelle une réalité », affirme le Dr Abdourahmane Diallo, représentant de l’OMS au Kenya.
Les données montrent qu’en dépit des améliorations significatives, en 2020, la densité des personnels de santé était de 13,8 pour 10 000 personnes, soulignant un écart majeur dans la prestation des soins de santé.
Selon les estimations, pour répondre aux besoins en santé de la population et parvenir à une couverture sanitaire universelle d’ici à 2030, le Kenya devra augmenter ses investissements actuels de 7 à 11 %. Le professeur Francis Wafula, président du conseil consultatif des ressources humaines pour la santé du Kenya, souligne que la répartition inéquitable des travailleurs de la santé est un problème crucial, non seulement dans les 47 comtés du Kenya, mais aussi entre les zones urbaines et rurales, même dans les six comtés modèles. « Nous avons un problème de mauvaise répartition du personnel de santé à travers le pays. Nous devons trouver un équilibre entre ce qui est acceptable dans le contexte actuel et ce qui constitue une utilisation inefficace du personnel de santé », a-t-il déclaré.
« Quand j’étais jeune, le personnel infirmier était peu nombreux, mais aujourd’hui au moins, leur nombre a augmenté. » Violet Odongo, patiente
Malgré ces défis, plusieurs possibilités s’offrent au Kenya pour renforcer son personnel de santé. Récemment, le président Williams Ruto a mis en place un groupe de travail présidentiel pour diriger les réformes en matière de ressources humaines dans le secteur de la santé au Kenya. Cet engagement de haut niveau vise à attirer davantage d’investissements dans le personnel de santé afin d’en améliorer la formation, l’emploi et la rétention. En outre, l’élan suscité par les dialogues nationaux multipartites, facilités par l’OMS, offre un avantage stratégique. La Déclaration de Kericho 2023, issue de l’un de ces dialogues, présente une feuille de route dotée de points d’action clairs pour améliorer la gestion et le développement du personnel de santé.
Pour Violet Odongo, une patiente du centre de santé Railways, les améliorations apportées font la différence.
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