L’OMS appuie le Niger pour maîtriser l'épidémie de diphtérie
Niamey – Mariam, mère de 5 enfants résidant à Kantché, une commune rurale de la région de Zinder dans le Sud du Niger, se souvient de la dure période quelle a connue plus tôt cette année, lorsque deux de ses cinq enfants ont été hospitalisés en même temps. « D’abord c’était mon fils de neuf ans qui est revenu à la maison avec une forte toux, se plaignant de maux de gorge. Il toussait toute la nuit et ça allait en empirant. Il a fini par être hospitalisé au centre de santé de Kantché, et c’est là que sa sœur de onze ans aussi tombe malade et finalement tous les deux étaient couchés là, luttant contre cette maladie mortelle. C’était très difficile pour moi. »
La maladie à laquelle Mariam fait allusion est la diphtérie, une infection hautement dangereuse et contagieuse causée par une bactérie qui se manifeste par une angine avec une fausse membrane au fond de la gorge. Elle peut entraîner des complications cardiaques ou nerveuses allant jusqu’à la paralysie et la mort. La diphtérie est évitable par la vaccination et son taux de mortalité est le plus élevé chez les jeunes enfants.
Depuis le 17 juillet, le Niger connait une épidémie de cette maladie qui s’est déclarée dans la région de Zinder et concerne à présent sept des huit régions du pays. Au 19 novembre 2023, un total de 2936 cas a été notifié et 216 décès enregistrés pour l’ensemble des régions touchées.
En plus du Niger, deux autres pays d’Afrique de l’Ouest, le Nigéria et la Guinée, connaissent aussi une augmentation inhabituelle des cas de diphtérie ces derniers mois. Au début de chaque épidémie, des missions d’investigation et de riposte rapide ont été financées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans les pays, en utilisant les équipes d’intervention rapide formées pour une réponse initiale aux urgences. L’OMS a appuyé le Niger dans l’élaboration d’un plan de réponse à l’épidémie et d’un protocole de prise en charge des patients atteints de diphtérie en plus de la formation continue sur le terrain, pour pallier l’insuffisance de personnel de santé qualifié dans la surveillance de la maladie et la prise en charge. Des médicaments et du sérum anti diphtérique ont aussi été mis à la disposition du pays pour la prise en charge des cas.
Les récentes flambées de diphtérie dans la sous-région indiquent l’urgence de renforcer la couverture vaccinale à travers les programmes nationaux de vaccination. L’OMS appuie les pays dans le renforcement de la surveillance et de la vaccination de routine, la mise en œuvre de campagnes de vaccination de masse réactives et la prise en charge adéquate des cas, afin d’empêcher une plus large propagation de l’épidémie.
Au Niger, bien que le taux de couverture vaccinale à la 3ème dose de pentavalent (qui contient le vaccin contre la diphtérie) soit en légère progression il est en deçà des 90% requis dans les stratégies mondiales, régionales et nationales de vaccination. Une campagne de vaccination a été conduite dans le district de Matameye, le foyer de l’épidémie dans la région de Zinder, du 20 au 24 novembre, ciblant 294,218 enfants âgés de 0 à 14 ans pour le premier tour. La région de Zinder est la zone la plus affectée, rapportant 48,7 % des cas au niveau national.
La mobilisation des ressources a permis de débloquer 450 000 dollars américains, du Fonds de réserve pour les situations d'urgence (CFE) de l’OMS, et 170 000 dollars en interne via d’autres programmes, afin de déployer près de 1000 intervenants de première ligne dont des agents vaccinateurs, des mobilisateurs sociaux et des superviseurs pour la mise en œuvre et le suivi de la campagne. Cet appui a permis la mise en œuvre et la supervision du monitorage indépendant afin de s’assurer que toutes les cibles sont atteintes.
« La riposte vaccinale contribue d’une part à couvrir 72 % des cas ayant présenté la maladie et d’autre part à réduire de 94 % les décès enregistrés. La campagne nous a par ailleurs permis de renforcer dans les zones concernées la vaccination de routine en atteignant les enfants dits « zéro dose » ou ceux qui ne sont pas à jour dans leurs vaccins. Le système de surveillance épidémiologique a de la même façon été renforcé par la détection, la notification et la prise en charge des cas », explique Dr Diaw Mor, Coordonnateur des urgences au Bureau de l’OMS au Niger.
La surveillance de la diphtérie repose sur la déclaration obligatoire des cas, comme l’explique le Dr Sani Ousseini Lawali, médecin chef du district de Matameye : « Il a été demandé aux centres de santé de renforcer la vigilance pendant cette saison épidémique et il est essentiel de commencer le traitement immédiatement chez les cas suspectés de diphtérie sans attendre la confirmation des analyses de laboratoire qui peuvent prendre du temps ».
Pour les enfants de Mariam, la stratégie a porté fruit. Elle se réjouit d’avoir regagné son domicile avec ses enfants qui sont maintenant guéris. « J’ai beaucoup prié pour qu’on retourne sains et saufs chez nous. Grâce à Dieu et au bon travail des médecins, mes enfants vont bien à présent. Je suis très contente. »
Dans le pays, les autorités administratives, coutumières et religieuses participent aux efforts de sensibilisation et de mobilisation de la population en faveur de la vaccination, notamment à travers les relais communautaires. « 120 relais ont été choisis pour être nos représentants au sein de leurs communautés. Ils ont été formés sur la détection et l’orientation des cas vers les centres de santé, avec l’implication des autorités religieuses, coutumières et des radios communautaires qui continuent de diffuser les messages sur les symptômes de la diphtérie et les mesures de prévention en langues locales », indique le Dr Sani. Dans chaque centre de santé intégré, il est prévu quatre séances de dialogue communautaire et quatre visites à domicile par semaine, grâce au financement de GAVI.
À Kantché, Mariam s'engage aussi à devenir une championne de la vaccination. « Avec l’expérience que j’ai vécue à l’hôpital, surtout le cas des enfants qui n’étaient pas vaccinés, j’ai vu par moi-même à quel point la vaccination, est importante et même indispensable. »
Ajouté à la diphtérie, le Niger connaît une forte recrudescence des épidémies de méningite, de rougeole, de choléra, d’hépatite E et de coqueluche. Mariam rejoint ainsi les rangs des acteurs engagés pour que tous les enfants soient protégés de ces maladies évitables par un simple vaccin.
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