Lutter contre l’intoxication aux métaux lourds au Nigéria
Abuja ‒ Tout a commencé par un léger mal de ventre, que les parents d’Auwali Abubakar, âgé de sept ans, ont d’abord ignoré, pensant qu’il s’agissait d’un problème mineur.
Mais plus les jours passaient, plus la douleur s’intensifiait et le ventre d’Auwali commençait à gonfler. Il ressentait des douleurs jusqu’aux jambes qui l’empêchaient de marcher. Il était devenu léthargique et avait perdu l’appétit.
« Je me sentais impuissant face à la souffrance de mon fils. Personne ne savait de quelle maladie il s’agissait et personne n’était en mesure de l’aider », explique son père, Mallam Abubakar, originaire de l’État de Zamfara, dans le nord-ouest du Nigéria.
Cette maladie inconnue a principalement touché des enfants âgés de 4 à 13 ans et quelques adultes vivant dans deux États du Nigéria. En avril 2024, 196 cas suspects et sept décès avaient été signalés dans quatre localités de l’État de Sokoto. Des cas similaires ont également été signalés dans l’État de Zamfara, d’où l’urgence d’identifier la cause de la maladie et de mettre en œuvre des mesures pour contenir sa propagation.
Les symptômes vont de la fièvre aux gonflement et douleur à l’abdomen, en passant par des vomissements et une importante perte de poids, laissant les médecins dans l’incertitude quant à la cause de la maladie ou à son traitement. Dans ce contexte, le Centre nigérian de contrôle des maladies, ainsi que les administrations des États concernés, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ont lancé une enquête sur la cause de l’affection et le traitement à adopter.
L’OMS a déployé, en appui à la réalisation de l’enquête, une équipe de six épidémiologistes dans les États de Zamfara et de Sokoto afin de travailler aux côtés des responsables sanitaires locaux. Leur objectif premier était d’enquêter sur les causes de la maladie, d’enrayer sa propagation et de fournir des soins médicaux aux personnes touchées.
L’OMS a contribué à la riposte globale en harmonisant et en renforçant les activités de surveillance pour la recherche active de cas et en formant 77 cliniciens dans les centres de traitement à l’identification et à la gestion des cas, au référencement , au suivi des patients, à la communication sur les risques et à l’engagement communautaire. L’OMS a également fourni des conseils techniques et des moyens logistiques pour la collecte d’échantillons auprès des personnes touchées et dans l’environnement, ainsi que pour les tests de laboratoire et les opérations visant à identifier l’agent responsable de la maladie.
Après une enquête approfondie sur le terrain, les résultats des prélèvements sanguins effectués sur les personnes touchées ont révélé la preuve évidente d’une intoxication aux métaux lourds. Alors que les enquêtes se poursuivent pour déterminer d’autres facteurs associés, les premiers tests révèlent des niveaux élevés de plomb, d’arsenic, de mercure et de cadmium dans le sang des personnes touchées. Ces niveaux élevés pourraient être liés notamment à des activités industrielles ou minières et à la contamination de l’eau et du sol.
« L’OMS a été un partenaire essentiel dans la détection et le traitement des cas au sein de notre État », déclare Dr Yusuf Abubukar, Directeur du service de santé publique de l’État de Zamfara. « Elle a fourni à l’État un appui technique, financier et logistique pendant l’enquête, la surveillance et le traitement des patients. »
Pour identifier les cas non déclarés, l’OMS a aidé les États à améliorer la surveillance des cas dans les pays limitrophes, tels que le Niger et le Bénin. L’Organisation travaille en étroite collaboration avec le Gouvernement nigérian pour partager les données et les orientations transfrontalières, contribuer à la surveillance, au dépistage et à la gestion clinique, et promouvoir la communication sur les risques et l’engagement communautaire.
« La responsabilité première étant de sauver des vies et d’atténuer les souffrances des communautés touchées lors des situations d’urgence, l’OMS s’engage à continuer à soutenir le Ministère fédéral de la santé et les deux États par l’intermédiaire de l’équipe chargée de la riposte et de la préparation aux situations d’urgence », rassure Dr Walter Kazadi Mulombo, représentant de l’OMS au Nigéria.
Auwali étant guéri après avoir reçu des soins palliatifs dans un hôpital public, son père est soulagé. « Nous sommes reconnaissants envers le Gouvernement et ses partenaires, comme l’OMS, pour leur intervention en fournissant gratuitement de la nourriture et des médicaments pour le traitement de nos enfants », indique-t-il.