Augmentation des besoins en matière de santé suite au déplacement de millions de personnes en raison du conflit au Soudan
Brazzaville / Le Caire – Le conflit au Soudan, qui a contraint 3,4 millions de personnes à chercher refuge à l’intérieur du pays et au-delà de ses frontières, provoque une intensification rapide des menaces pour la santé. Parmi la population déplacée ayant trouvé refuge dans des zones difficiles d’accès et où les services de santé sont limités, des cas de maladies infectieuses et d’autres affections ont été signalés.
Près de 760 000 personnes déplacées ont trouvé refuge en Égypte, en Éthiopie, en République centrafricaine, au Soudan du Sud et au Tchad, des pays voisins où l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les partenaires déploient des efforts afin de soutenir les autorités nationales dans la fourniture d’une assistance sanitaire d’urgence.
Au Soudan même, la crise sanitaire a atteint des niveaux extrêmement préoccupants, avec plus de deux tiers des hôpitaux qui demeurent hors service, tandis que le nombre d’attaques contre les établissements de santé ne cesse d’augmenter. Pendant la période allant du 15 avril au 24 juillet 2023, l’OMS a confirmé 51 attaques ciblant des établissements de santé, faisant 10 décès et 24 blessés, et perturbant l’accès aux soins d’urgence indispensables.
« La gravité de la crise sanitaire est sans précédent. Nous œuvrons inlassablement au renforcement de nos interventions en fournissant notamment des équipements médicaux essentiels et d’autres fournitures sanitaires d’urgence », a souligné la Dre Nima Saeed Abid, Représentante de l’OMS au Soudan. « Malgré les attaques contre les établissements de santé et l’insécurité généralisée qui accentuent les défis, nous demeurons résolus à atteindre les personnes les plus vulnérables et nous appelons vivement à un soutien accru des donateurs pour garantir une réponse adéquate. »
De l’autre côté de la frontière, au Tchad, qui accueille quotidiennement une moyenne de 2500 personnes, ce qui représente la majorité des personnes forcées de fuir le Soudan, l’OMS et les organisations partenaires ont d’une part détecté et traité plus de 1400 cas de traumatismes et d’autre part réalisé plus de 60 interventions chirurgicales majeures. En effet, près de 70 % des cas de traumatismes sont dus à des blessures par balle. On signale en outre des cas de paludisme, de malnutrition et de choléra parmi les personnes déplacées.
Selon le Dr Jean-Bosco Ndihokubwayo, Représentant de l’OMS au Tchad, « le conflit au Soudan provoque une crise sanitaire qui affecte toute une région. Le Tchad, à lui seul, accueille actuellement plus de 250 000 personnes et un nombre égal de personnes devrait arriver dans le pays d’ici la fin de l’année, ce qui aura pour effet d’accroître considérablement les besoins en matière de santé et d’exercer une pression énorme sur les établissements de santé disponibles ».
Parmi les quelque 17 000 personnes qui ont trouvé refuge en République centrafricaine, des cas de paludisme ont été détectés chez des enfants âgés de moins de cinq ans ; des chiffres auxquels l’on ajoute des cas suspects de fièvre jaune. Pendant ce temps, dans certaines régions au nord de l’Éthiopie, qui accueille un grand nombre de personnes déplacées, une flambée présumée de choléra a été signalée.
L’arrivée massive de plus de 176 000 personnes au Soudan du Sud exerce une pression énorme sur les établissements de santé de la région de Renk, située au nord du pays, entraînant non seulement une recrudescence de la diarrhée aqueuse aiguë chez les enfants âgés de moins de cinq ans, mais aussi une hausse de la mortalité. À cela s’ajoute une montée significative de la malnutrition aiguë sévère et de la rougeole chez les enfants âgés de moins de cinq ans.
Dans le but de répondre de manière appropriée à cette crise, l’OMS a lancé en juin un appel d’urgence visant à obtenir un financement de 145 millions de dollars É.-U. Jusqu’à présent, elle n’a reçu qu’environ 10 % des fonds nécessaires et, étant donné les perspectives limitées de paix, la crise sanitaire risque de s’aggraver davantage.
L’OMS travaille en étroite collaboration avec les partenaires pour fournir un appui d’urgence au plus tôt. En plus de déployer une équipe médicale d’urgence au Tchad, l’Organisation a jusqu’ici acheminé plus de 36 tonnes de fournitures dans le pays. Aussi convient-il d’indiquer que l’OMS a expédié des fournitures médicales et non médicales d’urgence pour prodiguer des soins aux populations concernées en Éthiopie, en Égypte, en République centrafricaine et au Soudan du Sud. La surveillance des maladies est quant à elle renforcée afin d’orienter les mesures de prévention et de permettre la détection précoce des éventuelles flambées. L’Organisation mondiale de la Santé apporte par ailleurs un appui technique aux autorités nationales pour renforcer la riposte sanitaire d’urgence.
Les zones d’accueil des personnes fuyant la violence armée au Soudan sont caractérisées par la rareté, voire l’inexistence des établissements de santé qui, lorsqu’ils sont présents, se trouvent être surchargés. Face à cela, l’OMS et les partenaires collaborent avec les autorités sanitaires nationales en vue d’améliorer la prestation des services de santé de base. Parmi les interventions sanitaires prioritaires figurent l’amélioration des services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène, les campagnes de vaccination et le renforcement de la lutte anti-infectieuse.
Le Dr Abid et le Dr Ndihokubwayo ont pris la parole aujourd’hui lors d’un point de presse virtuel. Ils étaient accompagnés de la Dre Naeema Al Gasseer, Représentante de l’OMS en Égypte, de la Dre Dlamini Nonhlahla, Représentante de l’OMS en Éthiopie, et de la Dre Magdalene Armah, gestionnaire des incidents liés à la crise au Soudan auprès du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. Le Dr Patrick Otim, responsable des situations d’urgence sanitaire au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique et le Dr Charles Njuguna, Conseil Régional Renforcement de la Préparation des Pays étaient également présents pour répondre aux questions.