Au cœur de l'action menée par l'Afrique pour stimuler la fabrication de médicaments et de vaccins

Au cœur de l'action menée par l'Afrique pour stimuler la fabrication de médicaments et de vaccins

Addis-Abeba - Alors que l’approvisionnement en vaccins contre la COVID-19 de l’Afrique est quasiment à l’arrêt, le continent s’efforce de renforcer ses propres capacités de fabrication de vaccins, de médicaments et de technologies sanitaires essentielles. 

Mme Biruk Abate Halallo, Attachée Santé à la Mission permanente de l'Éthiopie auprès des Nations Unies à Genève, est à l'origine d'une résolution sur la fabrication locale de médicaments, de technologies médicales et de vaccins qui est présentée cette semaine à la Conférence mondiale sur la santé. 

A quoi sert cette résolution ?

L'Afrique souffre excessivement de maladies transmissibles et non transmissibles. Plus de 90 % des décès dus au paludisme dans le monde et 70 % de toutes les personnes vivant avec le VIH/sida se trouvent en Afrique. En améliorant l'accès à de bons médicaments, on pourrait réduire considérablement ce bilan humain dont on pourrait se passer. 

Environ 95 % de tous les médicaments utilisés en Afrique sont importés et le continent ne représente que 3 % de la production mondiale de médicaments. La pandémie de COVID-19 a encore mis en évidence les vulnérabilités de l'Afrique en matière d'accès aux médicaments, aux vaccins et aux technologies de santé vitales et de plus en plus de gouvernements africains considèrent la fourniture de médicaments et de vaccins sûrs, efficaces et abordables comme une question de sécurité nationale. 

La stimulation de la production locale permettra de sauver des vies, d'améliorer la santé publique et de renforcer les économies africaines, notamment en soutenant les emplois locaux. Elle devrait également déclencher le partage de technologies cruciales. 

La Résolution présentée à l’Assemblée mondiale de la Santé s'intitule « Renforcer la production locale de médicaments et d'autres technologies de santé pour en améliorer l'accès ».

Elle porte sur le renforcement de la production locale, la promotion des transferts de technologies et de l'innovation et l'examen de l'accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce et des droits de propriété intellectuelle sous l'angle du renforcement de la production locale. 

La résolution a été coparrainée par plus de 100 États Membres de l’OMS, dont 54 pays africains.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Les États Membres et l’OMS doivent faire passer les recommandations contenues dans la résolution. 

Les États Membres devraient aligner leurs politiques et stratégies nationales et régionales sur la production locale. Cela aidera les économies de toutes tailles à créer des synergies, à partager la charge de travail et à éviter les doubles emplois coûteux. 

L'intégration du marché africain et la facilitation du commerce sont cruciales et les pays africains doivent mieux utiliser les plateformes d'intégration économique régionale telles que la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, le Marché commun pour l'Afrique orientale et australe et le nouvel Accord de libre-échange continental africain offrent de grandes opportunités.

Une plus grande intégration contribuera à la fabrication de produits qui sont très demandés dans la région, élargira l'accès à plus de marchés et rendra la production locale durable.

Les pays doivent formuler des politiques d’éducation qui favorisent la recherche et le développement dans le secteur pharmaceutique et qui encouragent des milliers de personnes supplémentaires à acquérir des compétences pour prospérer dans cette industrie. Les pays doivent renforcer et harmoniser leurs systèmes de réglementation afin de garantir que tous les produits médicaux sont de la plus haute qualité et que les fabricants locaux respectent les normes internationales.

L’OMS devrait renforcer son rôle de chef de file et d’orientation dans la promotion de l’utilisation stratégique d’une production locale durable et de qualité de médicaments et d’autres technologies sanitaires. Elle doit maintenir son appui technique aux États Membres, développer des politiques et des capacités, et soutenir l’établissement de partenariats et la collaboration internationale. 

Pour mettre pleinement en œuvre cette résolution, nous avons besoin d'un engagement politique fort de la part des États Membres de l'OMS. Nous avons besoin de plus de partenariats publics et privés. L’appui de l’OMS et d’autres partenaires est essentiel et nous aurons peut-être besoin de ressources et d’investissements supplémentaires dans les infrastructures pour avancer.

Que fait l’Éthiopie pour stimuler la production nationale ?

Le pays compte 12 fabricants de médicaments et 38 fabricants de fournitures et de dispositifs médicaux qui sont agréés par la structure étatique en charge des aliments et des médicaments (Ethiopian Food and Drug Administration). 

En faisant de cela une priorité, nous avons, avec l'appui technique et financier de l'OMS,  élaboré une stratégie et un plan d'action nationaux pour le développement de la fabrication de produits pharmaceutiques. Cela a constitué la première adaptation au niveau des pays de la vision du Plan de fabrication de produits pharmaceutiques de l’Union africaine pour l’Afrique qui vise à accélérer la production pharmaceutique locale.

La mise en œuvre de cette stratégie réunit plusieurs ministères clés du gouvernement, les agences de réglementation et d’autres parties prenants et partenaires. Tout ceci est dirigé par un comité de pilotage coprésidé par le ministère de la Santé et le ministère du Commerce et de l’Industrie.

Dans le cadre de cette stratégie, nous renforçons notre capacité réglementaire en réformant l'Autorité nationale de réglementation et nous avons créé un nouvel institut pour soutenir l'industrie pharmaceutique.

Nous soutenons et encourageons également les investissements nationaux et internationaux en créant un environnement propice aux affaires. Il s’agit notamment des incitations pour encourager la fabrication locale et la création du parc industriel pharmaceutique de Kilinto. 

Nous travaillons également à améliorer la cohérence des politiques, la diversification des produits, le développement du capital humain et le renforcement des capacités dans le secteur pharmaceutique.

Comment stimulez-vous la demande pour soutenir la fabrication locale ?

Les principaux moteurs de la demande de produits pharmaceutiques en Éthiopie sont la croissance démographique, la croissance économique, l’augmentation de la couverture sanitaire et les efforts visant à traiter des maladies plus nombreuses et variées.

Avec plus de 112 millions d’habitants et un taux de croissance démographique annuel de 2,3 %, l’Éthiopie est le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique. Elle a la croissance économique la plus rapide de la région, avec une moyenne de 9,4 % par an de 2010 à 2020. L'augmentation du revenu disponible de la population s'accompagne d'une augmentation de la demande de services de santé de base, notamment de médicaments.

L’expansion du secteur des soins de santé primaires en Éthiopie au cours des 15 dernières années a été saluée comme un modèle en Afrique subsaharienne. Depuis 2003, nous nous sommes efforcés d’atteindre un plus grand nombre de communautés et le pourcentage de femmes recevant des soins prénataux par un personnel qualifié est passé de 27 % en 2000 à 74 % en 2019. Le taux de naissance dans les établissements de santé est passé de 5 % à 48 % au cours de cette période.

L’Éthiopie a aussi introduit un programme d’assurance maladie communautaire dans 75 % de nos districts. Ceci a contribué à s’assurer que les communautés collaborent avec les services de santé, ce qui en retour suscite la demande en approvisionnement de médicaments et de matériels médicaux.

En outre, l’Éthiopie connaît une transition épidémiologique, passant des maladies transmissibles aux maladies non transmissibles et aux traumatismes. Aussi, les efforts visant à s’attaquer à tous les types de problèmes de santé publique modifient la demande de médicaments et de technologies sanitaires.

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Alemtsehay Zergaw Gebremichael

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WHO Ethiopia
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Collins Boakye-Agyemang

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