BATANGA, un village du Sud-Ubangi (nord-ouest de la RDC) épargné par le vibrion

BATANGA, un village du Sud-Ubangi (nord-ouest de la RDC) épargné par le vibrion

Le mardi 04 octobre 2016 est un jour ordinaire dans le village de Batanga, situé à 12 km de Libenge, dans la province du Sud-Ubangi, plus au nord-ouest de la RDC. A l’entrée du village, une maisonnette construite en matériaux durables. Son aspect extérieur un peu rafraîchi contraste avec une citerne d’une capacité de 3000 litres d’eau, déposée sur une fondation en béton, non loin des deux latrines auréolées des emblèmes du HCR, l’agence onusienne pour les réfugiés, bien connue dans les régions en détresse humanitaire. 

Les experts de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de la Division provinciale de la santé (DPS) y sont passés début octobre pour évaluer la situation sanitaire dans la zone et sensibiliser la population locale face à la menace de l’épidémie du choléra qui sévit en République Centrafricaine (RCA) depuis le 10 août 2016. Le Sud-Ubangi, à l’instar d’autres provinces touchées par le choléra le long du fleuve Congo, a reçu une allocation de l’OMS de plus 72 mille dollars américains consacrés aux activités de préparation et de réponse à l’épidémie en cours. 

Au site de Batanga fonctionne un Centre de santé qui permet de délivrer des soins de santé primaire aux plus vulnérables, plus particulièrement aux réfugiés venus de la RCA et aux communautés d’accueil. On y accède par une cour  large comme un terrain de tennis. A l’intérieur, quatre pièces : un cabinet  de consultation, une salle avec un lit couvert d’une natte pour l’observation des malades, une salle avec une table d’accouchement dégarnie et une autre salle fourre-tout, mais l’ensemble est presque dépourvu d’équipements élémentaires. 

L’infirmier titulaire, Jean-Pierre Kuzulipa, ne se laisse pas impressionner par la question trop précise de l’épidémiologiste de l’OMS sur le choléra. ‘‘On reçoit beaucoup de malades qui font la diarrhée simple. On prélève des selles que j’analyse au microscope. Quand ça dure, on donne des calmants. Si ça continue, on les réfère à Libenge-Ville où il y a un hôpital général de référence.’’

Sur un mur se trouve placardé un message pour la prévention contre le choléra signé par le médecin chef de zone de santé, Dr Peter Ngoy Imani Twite,  quand l’épidémie de choléra a été déclarée le 10 août 2016 en RCA. 

Le Centre de santé de Batanga est situé à moins d’un kilomètre d’un vieux port désaffecté et transformé en  campement de transit des refugiés centrafricains en partance pour le site de regroupement de Boyabu. Ce campement  est situé juste en face du village centrafricain de Zinga. La dernière traversée des réfugiés a eu lieu le 19 août 2016.

Sur le quai,  une jeune femme lessive des habits. A ses côtés, ses deux enfants barbotent dans l’eau boueuse de l’Ubangi. Un long hangar, sans fenêtres ni portes, offre le spectacle d’un endroit presque abandonné après une dense présence humaine.  

Au large, ni pirogue ni pêcheurs. ‘‘Ce site est fermé aux visiteurs. On évite la contamination de choléra. On laisse passer quelques centrafricains qui font des va-et-vient entre les camps des réfugiés installés dans le Sud-Ubangi et leur pays’’, expliquent, l’un après l’autre, le policier en faction pour assurer la sécurité à l’entrée du site et le gardien du campement. Ces deux hommes se sentent non concernés par cette épidémie, parce que, d’après eux, ‘‘ceux qui ont amené la maladie sont partis avec leurs microbes’’. Ils n’ont pas été vaccinés mais ils ont été sensibilisés par les mobilisateurs sociaux sur les facteurs de risque liés à la contamination du choléra. 

Selon l’animateur communautaire, M. Boniface Ndandunga de la zone de santé de Libenge dont dépend le village de Batanga, ‘‘tous les réfugiés centrafricains, et avec eux les habitants des environs du campement ont été sensibilisés sur le choléra.’’  

A l’aller comme au retour, tout au long de la route, des oranges, des mangues, des bananes, des ananas,  des papayes, des noix de cocotier, des poissons et de la viande boucanée, des chenilles fraîches se vendent, à la criée ou exposés sur des étables, à des prix à la limite cassés. Et pourtant, la malnutrition sévère sévit chez les enfants. ‘‘Ce sont des vivres que l’on préfère vendre que de les manger’’, soutient l’infirmier Kuzulipa. 

Le Centre de santé de Batanga n’a qu’un seul infirmier titulaire pour une population évaluée à 7.435 habitants répartis sur 15 villages dont quatre  dans les îles situées au milieu de la rivière Ubangi. Les riverains sont approvisionnés en eau de boisson par deux sources et deux puits. Mais les insulaires n’ont que la rivière pour satisfaire leurs besoins domestiques. Les îles sont accessibles par les seules pirogues. Le hors-bord offert par l’OMS à la zone de santé pour la surveillance des maladies à potentiel épidémique est toujours présent, mais nécessite un appui logistique pour sa maintenance.

Presque épargnée par l’épidémie en cours, la Province du Sud-Ubangi n’a enregistré à ce jour que 8 cas suspects de choléra au cours de la période allant du 12 au 25 septembre 2016 (semaines épidémiologiques 38 et 39).

Il y a lieu de rappeler par ailleurs que depuis le début de l’année 2016 jusqu’à la date du 27 octobre, la République Démocratique du Congo a déjà notifié au niveau national un total cumulé de 24.196 cas suspects de choléra incluant 739 décès (taux de létalité : 3,1%). Dans les zones en épidémie, particulièrement celles situées le long du fleuve Congo, environ 10.329 cas suspects de choléra dont 564 décès (létalité : 5,5 %) ont été notifiés entre le 1er janvier et le 16 octobre 2016.

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Contacts médias :

Jean-Marie Mususa Kitenge, Consultant en communication pour le choléra, OMS, mususakitenge [at] yahoo.fr 
Eugene Kabambi, Chargé de communication, OMS RDC, kabambie [at] who.int 

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Photos :

Photo 1 - Centre de transit de Batanga à 12 km de Libenge (OMS/Eugene Kabambi)

Photo 2 - Sur le quai de Batanga, au large de la rivière Ubangi (OMS/Eugene Kabambi)

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