Améliorer la prise en charge des maladies chroniques chez les personnes vivant avec le VIH en Ouganda

Kampala ‒ En Ouganda, plus de 1,4 million de personnes vivent avec le VIH, dont 5,8 % avec le diabète. Le diabète est fréquent chez les personnes vivant avec le VIH et constitue l'une des principales causes de décès au sein de cette population. Dans l'ensemble, les maladies chroniques sont responsables de 36 % des décès qui surviennent chaque année dans le pays. 

Le diabète survient lorsque l'organisme ne produit pas suffisamment d'insuline, l'hormone qui régule la glycémie, ou lorsque l'organisme ne parvient pas à utiliser efficacement l'insuline qu'il produit.

Afin de lutter contre ce problème de santé, l'Ouganda met en œuvre un programme visant à intégrer la prise en charge des maladies non transmissibles dans les services de lutte contre le VIH. Lancé en 2019, le programme vise à améliorer la prévention, le diagnostic précoce et la prise en charge à long terme des maladies chroniques chez les personnes vivant avec le VIH.

À cet effet, plus de 6 millions de dollars ont pu être mobilisés pour intensifier la mise en œuvre du programme, grâce à une collaboration étroite entre le gouvernement ougandais, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Programme des Nations unies pour le développement. Ces efforts, ainsi que les interventions visant à améliorer l’accès au traitement du VIH, ont réduit le nombre de décès parmi les personnes vivant avec le VIH, qui est passé de 24 245 décès en 2017 à 16 450 décès en 2023.

Tous les trois mois, Didas Byaruhanga, 64 ans, séropositif et diabétique, se rend à son rendez-vous de routine pour un dépistage et une prise en charge du VIH à l'Institut des maladies infectieuses (IDI) de Kampala, la capitale de l'Ouganda. Diagnostiqué en 1998, il a bénéficié de services réguliers de prise en charge du VIH dans différents centres de santé du pays.

Quatorze ans plus tard, en 2012, Didas a découvert qu'il souffrait de diabète alors qu’il était soigné à l'institut après avoir été victime d'un accident vasculaire cérébral. Le diabète est un facteur de risque d’accident vasculaire cérébral.

« Lorsque j'ai eu un AVC il y a 11 ans, l'infirmière a découvert que mon taux de sucre était élevé. J'ai immédiatement été mis sous traitement et on m'a recommandé de rencontrer un spécialiste du diabète dans un autre hôpital », explique-t-il. « Cependant, il n'était pas facile de passer simultanément d'un médecin à l'autre, dans des établissements de santé différents. »
En vue de faciliter la prise en charge des comorbidités comme celle de Didas, l'Ouganda a mis en place en 2019 un programme visant à intégrer les soins pour les maladies non transmissibles dans les services de lutte contre le VIH. En d'autres termes, les personnes vivant avec le VIH peuvent désormais être prises en charge pour des maladies chroniques dans le même établissement que celui où elles reçoivent un traitement et une prise en charge du VIH.

« Nous observons, par le biais de notre initiative sur les maladies non transmissibles et le VIH, une réduction des complications liées au diabète chez les patients, car la maladie est détectée à un stade précoce, ce qui facilite leur prise en charge », explique le Dr Noella Owarwo, médecin et directrice adjointe de l'IDI.
Mable Azairwegy, une autre patiente de l'IDI, qui vit également avec le VIH et le diabète, se dit satisfaite des services qu'elle reçoit à l'institut.

« Je me sens mieux grâce aux échanges que j'ai avec le médecin quand il m'accompagne [à la salle de consultation]. Je me sens acceptée et respectée », dit-elle.

Une des particularités de la démarche de lutte contre les maladies non transmissibles et le VIH est la capacité à gérer les maladies non transmissibles qui sont plus fréquentes chez les personnes vivant avec le VIH. Chacun des 1800 centres VIH du pays est équipé d'outils et de capacités de dépistage et de prise en charge du cancer du col de l'utérus, du diabète et de l'hypertension.

« Des résultats remarquables ont été obtenus dans la prise en charge des maladies non transmissibles chez les personnes séropositives, à l'aide des lignes directrices et des outils de l'OMS », déclare le Dr Franck Mugabe, Responsable en charge des maladies non transmissibles au Ministère de la santé. « Depuis 2017, le pays a réduit de près d’un tiers le nombre de décès parmi les personnes vivant avec le VIH. »
À son arrivée au bureau du médecin, Didas fait l'objet d'un examen approfondi. À l'aide d'un marteau rotulien, qui teste les réflexes tendineux profonds, le Dr Owarwo vérifie le système nerveux du patient pour s'assurer qu'il ne souffre pas de perte de sensibilité, l'une des complications du diabète.

Une glycémie non contrôlée pendant une longue période endommage les nerfs et nuit à leur fonctionnement, ce qui entraîne des problèmes de santé allant d'un léger engourdissement à des douleurs qui empêchent d'effectuer des activités normales.

« Lors de mes consultations, le Dr Owarwo m'explique comment contrôler l'état de mes nerfs et me prescrit un régime que je suis pour rester en bonne santé », explique M. Byaruhanga.
Après sa consultation, Didas reçoit gratuitement ses médicaments qu'il utilisera pendant trois mois jusqu'à sa prochaine consultation.

« Depuis 2019, je reçois des médicaments contre le VIH et le diabète ensemble, sans interruption, et je n’ai jamais été hospitalisé », dit-il.

En bonne santé, Didas peut continuer à suivre sa passion : il travaille en qualité de pair éducateur dans un centre de santé voisin, où il encourage ses pairs à suivre leur traitement contre le VIH. Il a également monté une troupe de théâtre appelée « Karibobo » à l'institut, grâce à laquelle ses pairs se soutiennent mutuellement par la danse, la poésie et l'art dramatique.
Parmi les défis à relever dans la mise en œuvre du programme figurent la nécessité de garantir un accès continu aux médicaments et de fournir une éducation régulière sur les maladies chroniques pour encourager les personnes à respecter le traitement et éviter la stigmatisation.

« Les leçons tirées de la mise en œuvre de cette intervention devraient pouvoir être transposées à plus grande échelle pour intégrer tout le monde. L'OMS est prête à apporter son soutien à ce processus », déclare le Dr Hafisa Kasule, responsable technique de l'OMS pour les maladies non transmissibles.
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Elise Tcheutchoua Yonkeu

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WHO Uganda
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Meenakshi Dalal

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Bureau Régional de l'OMS pour l'Afrique
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