Le Sénégal renforce la gestion des urgences pour atténuer les effets des inondations

Matam – Les inondations massives qui ont frappé le Sénégal dans le courant du mois d’octobre ont causé d’importants dégâts. A Matam, l’une des régions durement touchées dans le nord du pays, des pluies torrentielles ont provoqué la montée des eaux du fleuve Sénégal, entraînant la destruction de centaines de maisons et le déplacement de plus de 5000 personnes. Des centres de santé de la région ont été impactés, rendant difficile l'accès aux services de santé essentiels pour les sinistrés. 

En réponse à cette situation d'urgence, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a soutenu le déploiement des équipes d'intervention d'urgence (SURGE) pour assurer la continuité des soins et assister les personnes sinistrées. Le Hub régional de l’OMS, basé à Dakar, a par ailleurs fourni plus de trois tonnes de médicaments et fournitures médicales pour renforcer le système de santé local.

Dans le pays, six à sept régions sont habituellement affectées par les inondations. En réponse à ce genre de situation et pour apporter une assistance sanitaire rapide aux sinistrés, le pays a prévu le déploiement d’une équipe de premier secours.
Aminata Sarr n’avait jamais connu de telles inondations dans sa région natale de Matam. « L’eau nous a submergés, elle nous arrivait jusqu’au cou. A cause de la situation d’hygiène précaire, nos enfants sont tombés malades », relate Aminata.
Avec les dernières inondations que le pays a connues, des intervenants de premières lignes ont volé au secours des sinistrés notamment dans la région de Matam.
« Nous avons reçu des soins médicaux gratuits et des moustiquaires. On nous a même creusé des latrines traditionnelles et la communauté a été sensibilisée aux bonnes pratiques sanitaires », ajoute cette mère de famille.
Dès les premières heures du déploiement de l’équipe SURGE, des efforts ont été faits pour améliorer la situation des sinistrés. En collaboration avec les services sanitaires régionaux, l’équipe d’intervention a mené une évaluation rapide des risques afin d’identifier les priorités. La prolifération des maladies à transmission vectorielle, les infections cutanées, les maladies diarrhéiques et respiratoires constituaient des menaces pour la santé publique.
Parallèlement à cette évaluation, des campagnes de sensibilisation ont été menées pour prévenir les risques sanitaires liés à la stagnation de l'eau.
A Diamel, une commune de Matam, où les pluies ont entraîné des inondations historiques, avec plus de 8 m de hauteur d'eau, le poste de santé a été submergé. Kolly Diallo, Badiènou Gox de la communauté, a accompagné l'équipe SURGE afin d’atteindre toutes les personnes ayant le plus besoin de soins.
« Ensemble, nous avons fait du porte-à-porte. En deux jours, l’équipe a traité plus de 80 personnes souffrant de diarrhées, des problèmes cutanés et de toux. Des médicaments et moustiquaires ont été distribués gratuitement », explique Badiène Kolly.
Les inondations ont entrainé des répercussions psychologiques considérables sur les sinistrés, aggravant le stress et l'anxiété. L'équipe SURGE a non seulement fourni des soins médicaux immédiats, mais a également apporté un soutien moral aux personnes touchées par cette catastrophe. « Nous avons immédiatement fourni des soins médicaux, tout en écoutant et réconfortant les sinistrés », explique le Dr Youssou Bamar Guèye, Chargé des opérations du centre des opérations d’urgence sanitaire. « L’impact psychologique des inondations est immense. »
Les inondations ont laissé derrière elles des traumatismes profonds. À travers des thérapies individuelles et des échanges collectifs, l’équipe a aidé les communautés à surmonter leurs peurs et à retrouver l’espoir. Thioukolel Ba, doyenne d’une famille touchée par les inondations, témoigne de l’importance de ces actions empreintes de solidarité. « J’ai eu l’impression que nous n’étions pas seuls dans cette épreuve. »
Une centaine de personnes, dont des jeunes filles en grande détresse, ont pu bénéficier d’un accompagnement psychologique. « Voir ces personnes transcender les pertes et leur souffrance, se relever, reprendre confiance et sourire malgré tout, c’est indescriptible », souligne Ababacar Sy Sow, le psychologue de l’équipe SURGE « Être là pour eux, dans un moment si difficile, a été une expérience gratifiante. »
En dix jours d’intervention, plus de 800 consultations médicales ont été réalisées. Des séances de vaccination ont également été organisées pour rattraper les enfants qui n’étaient à jour de leurs vaccins.
A Tiguéré, Diamél et Verma, 170 enfants ont été vaccinés contre diverses maladies, 53 enfants ont reçu de la vitamine A et 153 enfants âgés de 12 à 59 mois ont été déparasités. Ces interventions, combinées à des causeries éducatives, ont permis de rappeler aux mères l'importance des vaccins comme une mesure essentielle de prévention. « C'était un défi immense, mais voir ces mères quitter nos séances avec le sourire, sachant leurs enfants protégés, est une immense fierté. Nous avons prouvé notre utilité dans ce contexte d’urgence », se réjouit Gnima Dabo point focal vaccination de l’équipe.
L’arrivée de l’équipe SURGE a été un véritable soulagement pour les structures sanitaires locales qui se sont retrouvées débordées. « Chaque jour, des dizaines de patients étaient pris en charge pour des infections causées par les eaux stagnantes. L’appui de l’OMS à travers le don de médicaments et le déploiement de l’équipe SURGE, a été déterminant pour renforcer nos capacités et offrir des soins de qualité », souligne le Dr Moustapha Faye, Directeur régional de la santé de Matam. « Les sessions de soutien psychosocial organisées pour aider les familles à surmonter le traumatisme ont été très bénéfiques pour de nombreux sinistrés. »
Alors que la situation commence à se stabiliser, l’OMS continue de collaborer avec les autorités sanitaires locales pour assurer le suivi médical des personnes touchées et prévenir les épidémies. Ces efforts démontrent l’importance d’une réponse rapide et coordonnée face aux crises, soulignant ainsi la nécessité d’une préparation renforcée pour les défis futurs.
Les actions menées à Matam montrent combien une bonne coordination est essentielle pour protéger les populations vulnérables et rétablir une certaine stabilité dans des contextes d’urgence.
Pour l’OMS, cette intervention dans la région de Matam s’inscrit dans une vision plus large de renforcement des systèmes de santé et de résilience face aux catastrophes naturelles. « Ces inondations montrent combien il est crucial de renforcer le dispositif de gestion des urgences de santé et de préparer les communautés aux risques », a relevé le Dr Jean Marie Vianny Yameogo, Représentant de l’OMS au Sénégal. « L’OMS reste fermement engagée à soutenir le pays, non seulement pour la riposte sanitaire à cette crise, mais aussi pour bâtir un système de santé résilient et durable. »
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Aïssata SALL

Chargée de Communication
OMS Sénégal
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Kayi Lawson

Chargée de communication 
Bureau régional pour l'Afrique
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