L'Algérie renforce la lutte contre les addictions et avance vers les objectifs de développement durable
Alger – Brahim un élève de 14 ans, franchit les portes du centre de santé de proximité de Cherchell chaque semaine depuis un an pour participer à des séances de thérapie individuelle et d’orientation professionnelle. « Je suis venu chercher de l’aide pour ma dépendance au cannabis et au tabac », confie-t-il. « C’était très difficile au début, j’avais du mal à communiquer avec les autres. Mais semaine après semaine, le personnel du centre m'a donné confiance en moi. Il m’encourage à ne pas lâcher l’école et à ne pas perdre espoir. »
En Algérie, la dépendance aux produits psychotiques, surtout au sein de la population jeune et des adolescents, est préoccupante et constitue un réel problème de santé publique, selon les données de prise en charge disponibles. En 2023 en Algérie, plus de 34 000 personnes ont été prises en charge au niveau des structures de soins en addictologie, avec une prédominance des personnes âgées de 16 à 35 ans.
Face à cette réalité, l'Algérie intensifie ses efforts pour assurer la santé et le bien-être de sa population. Le Ministère de la santé, en étroite collaboration avec l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), a lancé une série d'initiatives de plaidoyer et de sensibilisation pour intégrer ces objectifs dans les programmes locaux de santé.
Trois rencontres régionales, couvrant 25 wilayas du centre, de l’est et de l’ouest du pays, ont permis de former plus de 500 professionnels et responsables du secteur de la santé, incluant des directeurs des établissements de santé, des responsables de programmes, ainsi que des représentants de la communauté scientifique et de la société civile. Chaque wilaya a identifié ses besoins, définit ses priorités et élaboré un plan d’action adapté pour améliorer la prise en charge de sa population, avec un suivi rigoureux des progrès vers les cibles de l'ODD 3 pour 2025 et 2030.
Dans la wilaya de Tipaza, un micro-projet axé sur la lutte contre les addictions a été lancé en 2023, avec le soutien de l'OMS. Ce projet se concentre sur la prévention des dépendances en milieu scolaire, ainsi que sur les soins et l'accompagnement à la réinsertion socioprofessionnelle.
Pour atteindre l’objectif de l’ODD 3, des systèmes de prévention et de gestion des risques sont mis en place pour réduire les dépendances aux stupéfiants, à l'alcool et au tabac. A Tipaza, le projet repose sur une approche intersectorielle, mobilisant l'éducation, la formation professionnelle, l'environnement et les collectivités locales pour aborder la santé de manière globale et intégrée.
« Nous avons conçu un programme qui réunit divers acteurs, dont des psychologues scolaires et des médecins épidémiologistes, pour cibler principalement les jeunes hommes, particulièrement vulnérables à la poly-consommation de résine de cannabis et de psychotropes », explique le Dr Djama Lamia, médecin addictologue à l’Établissement public de santé de proximité de Cherchell et l’un des professionnels de la santé formé.
« La formation que nous avons reçue grâce au projet ODD nous a permis de clarifier nos objectifs et d'optimiser notre approche dans la prise en charge des jeunes en situation de dépendance. »
Le Ministère de la santé poursuit ses efforts pour renforcer la prévention en s'appuyant sur des services de proximité et en développant des infrastructures spécialisées. Actuellement, 48 centres ambulatoires et 5 centres hospitaliers dédiés à la lutte contre les addictions prennent en charge les jeunes en milieu éducatif à travers le pays. Le dispositif mis en place est entièrement gratuit et repose sur le principe du volontariat.
« Des actions de sensibilisation sur les dangers des drogues, des programmes de promotion de modes de vie sains, ainsi que des groupes de parole avec les parents ont été déployés à grande échelle », précise le Pr Mohamed Chakali, Sous-directeur de la promotion de la santé mentale au Ministère de la santé.
Pour atteindre les cibles de l'ODD 3, le ministère met l'accent sur l'élargissement des formations, l'extension de micro-projets comme celui de Tipaza à d'autres wilayas, et le renforcement des systèmes de suivi et d’évaluation. Une plateforme de suivi des indicateurs pour chaque wilaya est en cours de finalisation, permettant d'évaluer l'impact des actions locales et de publier les résultats des progrès réalisés vers l’atteinte des cibles de l’ODD 3.
« La mesure des cibles de l'ODD 3 à l'échelle des 58 wilayas est cruciale pour suivre les progrès vers la couverture sanitaire universelle dans tout le pays et pour améliorer les indicateurs de l’ODD 3 d'ici à 2030 », affirme Ouali Amar, le directeur de la population et président de la cellule des ODDs au Ministère de la santé.
« Les progrès vers les objectifs de développement durable en Algérie dépendent largement de l'engagement des citoyens », souligne Amina Boudamous, l’administrateur chargée des programmes au bureau de l’OMS en Algérie. « Les interventions doivent être adaptées aux besoins locaux et renforcer la participation des bénéficiaires afin que des jeunes comme Brahim puissent devenir les acteurs de leur propre santé. »
« J’ai encore du chemin à faire, mais je sais que je peux y arriver », affirme avec confiance Brahim. « Plus qu’un centre de santé, c’est un refuge pour moi. Je peux me projeter dans l’avenir et qui sait un jour devenir conseiller pour aider d'autres jeunes comme moi. »
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