Le Burundi avance progressivement vers l’éradication de la tuberculose

Le Burundi avance progressivement vers l’éradication de la tuberculose

Bujumbura – « Je ressentais des malaises, des douleurs dans tout le corps, avec une toux intense. J’avais du mal à vaquer à mes activités quotidiennes », confie Jean Paul, 28 ans, sur les symptômes qui l’ont amené à consulter un médecin.

Après des examens appropriés, il est révélé que Jean Paul souffrait de la tuberculose, une maladie qui a touché plus de 2,4 millions de personnes en 2022 dans la Région africaine. La tuberculose est un problème de santé publique au Burundi. En 2023, le Burundi a notifié 7 940 cas de tuberculose toute forme confondue, d’après les données programmatiques publiées le 26 février 2024 et tirées du DIHS2 (District Health Information Software 2).

« La persistance de la tuberculose comme un problème de santé publique dans le pays s’explique par la prédominance d’un certain nombre de facteurs favorisants notamment la pauvreté, le tabac, l’alcool, le diabète, l’infection par le VIH, la malnutrition, etc. », relève le Dr Osias Ntahombaye, Directeur du Centre antituberculeux de Bujumbura. « Autant de maux qui rendent la population vulnérable à la tuberculose. » 

Pour renforcer la lutte contre cette maladie le Ministère de la santé publique et de la lutte contre le sida a opté pour la décentralisation des centres dédiés soit une unité de traitement pour environ 57 000 habitants. Ainsi le pays dispose sur toute l’étendue du territoire national de 222 centres antituberculeux dont le Centre antituberculeux de Bujumbura, une structure de référence, qui accueille près du tiers des patients touchés par cette maladie pulmonaire au Burundi.

Dans chaque centre antituberculeux, la prise en charge se fait conformément au standard international requis par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). « Nous suivons le protocole en vigueur depuis l’accueil du malade jusqu’à sa guérison. Nous exigeons que ceux-ci soient mis sous TDO, le traitement directement observé », indique le Dr Ntahombaye. « Nous n’enregistrons aucun cas d’abandon et au moins 95 % des patients recouvrent la santé. » Les résultats du centre de Bujumbura reflètent ceux des autres centres antituberculeux.

Dans son élan vers l’éradication de la tuberculose conformément à la stratégie mondiale « Mettre fin à la tuberculose d’ici à 2030 », le Burundi fait face à certains défis. Il s’agit notamment de la sous notification des cas de tuberculose, particulièrement en ce qui concerne la tuberculose chez les enfants et de la tuberculose multirésistante, la faiblesse dans la recherche des sujets contacts autour des cas index et la faible utilisation systématique de l’appareil GeneXpert dans le diagnostic.

Pour relever ces défis, l’OMS a entre autres soutenu la formation des travailleurs de la santé sur les différentes étapes de la prise en charge et aussi sur l’utilisation des appareils GeneXpert recommandés pour le dépistage précoce.

L’OMS accompagne aussi le pays pour les évaluations/revues externes du programme de lutte contre la tuberculose qui permettent au pays de disposer de données et informations pour orienter la planification stratégique.

Avec la mutualisation des efforts, en 2023 le Burundi a été classé parmi les pays ayant fait un énorme progrès dans la prise en charge de la tuberculose. D’après la revue externe du Programme tuberculose, réalisée avec l’appui de l’OMS et d’autres partenaires dont le Fonds Mondial et l’ONG Action Damien, le pays a enregistré 95 % de succès thérapeutique. 99.6 % des patients tuberculeux ont été dépistés au VIH et 100 % les patients coinfectés TB/VIH sont mis sous traitement anti rétroviral. Durant la même année, le Burundi a réduit de 16 % les décès liés à la tuberculose et de 45 % l’incidence de la tuberculose.

Selon la Dre Joselyne Nsanzerugeze, Directrice du Programme national intégré de lutte contre la tuberculose (PNILT), cette performance est le fruit de plusieurs actions. « La décentralisation du traitement au niveau des formations sanitaires, la disponibilité des médicaments à tous les niveaux de la pyramide sanitaire, la disponibilité d’un réseau flotte permettant de gérer les questionnements des prestataires liés à la prise en charge des malades, ce qui permet de réduire les perdus de vue, les séances de counseling des patients en début du traitement pour les sensibiliser entre autres sur le respect de la prise quotidienne des antituberculeux, l’implication de la communauté dans le suivi des malades sous traitement à domicile », détaille la Dre Joselyne Nsanzerugeze. Elle a également souligné le renforcement continu de capacités des prestataires de soins sur la prise en charge de cette pathologie et la disponibilité des données de qualité pour orienter les mesures à prendre. 

« Le Burundi dispose d’énormes atouts pour éradiquer la tuberculose », assure la Dre Denise Nkezimana, Responsable du programme TB/VIH/Hépatites au Bureau de l’OMS au Burundi.  « L’engagement du Gouvernement, la volonté des partenaires à appuyer la lutte contre la tuberculose, la décentralisation et l’intégration des services tuberculose dans les soins de santé primaires, la bonne couverture en termes de l’offre de service, l’approvisionnement régulier et ininterrompu en intrants pour le diagnostic, l’existence d’un réseau de microscopie fonctionnel, intégrant un niveau intermédiaire avec un système de transport des échantillons qui permet de faire participer presque toutes les formations sanitaires du pays au diagnostic de la tuberculose, la disponibilité de GenXpert, l’implication communautaire de plus en plus grandissante  constituent le socle  de la lutte contre la tuberculose au Burundi », précise la Dre Nkezimana.

Pour être plus efficaces, Jean Paul estime que les mesures de riposte devraient être accompagnées d’une bonne politique de prévention. « Si vous sentez les symptômes de la tuberculose, de grâce, ne perdez pas le temps. Rendez-vous immédiatement dans un centre de santé pour en savoir davantage sur votre état de santé. Et s’il s’avère que vous souffrez de la tuberculose, mettez-vous au traitement et suivez scrupuleusement les conseils des agents de santé », conseille Jean Paul, qui se remet progressivement. « La tuberculose a beau être une maladie grave, mais elle se guérit. En plus le traitement est gratuit. Heureusement, je suis bien mon traitement et je ne peux plus contaminer quiconque. »

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Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Abd Razzack SAIZONOU
Communication Officer 
OMS Burundi
Email: saizonoua [at] who.int 
 
Kayi Lawson

Chargée de communication 
Bureau régional pour l'Afrique
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