Le Bénin, le Burkina Faso, le Niger et le Togo partagent leurs expériences autour de la lutte contre la tuberculose et le VIH
Ouagadougou – Mamadou, 46 ans, est malade depuis six mois. Il se plaint de douleur au thorax, il tousse sans cesse. Avec la persistance de la toux, il s’est décidé à consulter un professionnel de santé dans une clinique dans la capitale burkinabè et de là il a été orienté vers le centre de dépistage de la tuberculose de Ouagadougou. Sur place, il est dépisté de la tuberculose et du VIH. Mamadou est séronégatif mais il souffre de la tuberculose, c’est ce qu’indiquent les résultats de laboratoire. Il est rapidement mis sous traitement, et se sent de mieux en mieux.
Au Burkina Faso, le dépistage et la prise en charge dans une seule unité de la tuberculose et du VIH/sida sont effectifs depuis plusieurs années. Cette expérience a fait l’objet d’un partage entre les pairs dans le cadre de l’initiative BBNT (Bénin, Burkina Faso, Niger, Togo).
En 2023, le Bureau régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), avec le soutien des équipes d’appui multi pays (MCAT), a mis en place l’initiative BBNT pour partager les expériences, mutualiser les expertises locales dans le cadre de la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose, les hépatites virales et le paludisme. BBNT vise à accélérer et à mieux coordonner les programmes afin d’optimiser les efforts déployés contre ces maladies.
« Nous avons analysé les données de performance dans le cadre de la lutte contre le VHI/sida, la tuberculose et le paludisme. Nous nous sommes rendu compte que ces quatre pays, bien qu’ayant des réalités similaires, présentaient des performances variées », explique le Dr Casimir Manzengo Mingiedi, chargé du Programme VIH/sida, Tuberculose et Hépatites au sein de l’équipe MCAT du Burkina Faso. Pour la tuberculose par exemple, les quatre pays présentent des couvertures thérapeutiques disparates. En effet, en 2023, le Togo avait une couverture thérapeutique de la tuberculose de 109% contre 75% au Burkina Faso, 71 % au Niger et 64 % au Bénin.
« En mettant en place l’initiative BBNT, les pays à travers le partage d’expériences peuvent s’entraider mutuellement tout en valorisant l’expertise locale », poursuit Dr Manzengo Mingiedi. Casimir. Pour Aichatou Dembélé, la responsable de l’unité prévention du Programme sectoriel santé de lutte contre le sida et les infections sexuellement transmissibles du Burkina Faso, l’expertise locale en matière de lutte contre ces maladies s’adapte mieux aux situations des pays contrairement à d’autres expertises internationales difficiles à contextualiser.
En termes d’expérience partagée, on note par exemple que le Togo est en phase d’élaboration de sa stratégie de la triple élimination du VIH, de la syphilis et de l’hépatite virale chez les femmes enceintes. Pour cela, le pays compte s’inspirer de l’expérience du Burkina Faso qui est dans la phase de mise en œuvre de son plan, confie Dre Sakilatou Adama, la responsable de l’unité de prise en charge du Programme national de lutte contre le Sida et les infections sexuellement transmissible du Togo. Le Togo est également intéressé par le dépistage de la tuberculose au profit des personnes privées de liberté et du personnel pénitentiaire au Burkina Faso ainsi que l’implémentation du guichet unique TB/VIH qui permettent à la fois de dépister et de prendre en charge les patients souffrant de tuberculose et les personnes vivant avec le VIH, souligne le Dr Adjima Combary, Coordonnateur du programme de lutte contre la tuberculose au Burkina Faso. « Ces deux pratiques permettront au Togo d’améliorer son système de dépistage et de traitement de la tuberculose, du VIH et des hépatites virales », soutient la Dre Sakilatou Adama.
Il en est de même pour le Burkina Faso qui souhaite s’inspirer de l’expérience du Niger relatif au dépistage systématique de la tuberculose chez l’enfant souffrant de malnutrition. Ceci fait partie du protocole de prise en charge de la malnutrition. Le modèle de prise en charge des patients tuberculeux à haut risque de décès implémenté au Bénin intéresse aussi le Burkina Faso.
Les expériences partagées autour de la tuberculose et du VIH/sida font partie de la trentaine mise en œuvre dans les quatre pays, dont 14 expériences retenues et qui feront l’objet d’une évaluation dans les prochains mois.