Éradication de la poliomyélite : le Burundi introduit un outil de surveillance de la paralysie flasque aiguë

Éradication de la poliomyélite : le Burundi introduit un outil de surveillance de la paralysie flasque aiguë

Gitega – « Cette formation arrive à point nommé. C’est une aubaine pour moi, car elle me permet de me remettre en cause et de combler mes lacunes en matière de surveillance active des cas de paralysie flasque aigue », argumente Gervais Niyibizi, point focal surveillance du district sanitaire de Butenzi, dans la province de Ruyigi.

Gervais est l’un des 165 points focaux du Programme Élargi de Vaccination (PEV) formés sur l’application e-Surv Companion du 14 au 18 octobre 2024 à Gitega. Il s’agit d’un outil de surveillance des cas de paralysie flasque aiguë (PFA) et autres maladies évitables par la vaccination. « Grâce à cette formation, j’ai pu comprendre les critères pour réaliser une bonne priorisation basée sur des évidences qui pourrait m’aider à faire une bonne surveillance active au niveau des sites prioritaires », précise-t-il. 

A travers cette formation, le Ministère de santé veut initier les acteurs de la vaccination au niveau périphérique à l’application e-Surv Companion. Introduite par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), cette application est une innovation cartographique de l’outil de surveillance électronique pour faciliter la surveillance de la polio. En 2023, le Burundi a fait face à une épidémie de polio. Le pays a été appuyé par les partenaires de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la polio (IMEP), à travers une campagne de vaccination de riposte structurée en trois tours et qui a couvert toute l’étendue du territoire national. 

Après l’organisation de ces trois passages de la campagne de vaccination, il y a eu deux évaluations, interne et externe, réalisées par une mission multidisciplinaire OBRA (Outbreak assessment). De ces évaluations, il ressort qu’il y a encore des améliorations à apporter en matière surveillance active et de régularité quant aux visites des sites prioritaires afin que le Burundi remplisse les conditions requises pour être déclaré exempt de poliovirus. 

  Les différentes évaluations ont montré précisément qu’il y a encore la persistance des districts qui sont silencieux, c’est-à-dire n’ont notifié aucun cas de PFA.  Selon le rapport de situation de la semaine 40 de l’année 2024, 9 districts sur les 49 que compte le pays restent silencieux. « La surveillance de la PFA nous aide à détecter rapidement les cas de poliovirus. 

C’est pour cela que nous voulons renforcer nos capacités de surveillance en initiant les acteurs impliqués au niveau périphérique à l’application e-Surv Companion », explique la Dre Bellejoie Iriwacu, Directrice adjointe technique du PEV. « Cette application va donc faciliter le suivi des districts sanitaires, non seulement au niveau central, mais aussi et surtout au niveau périphérique. Les sites à visiter ainsi que le rythme, la fréquence des visites étant déjà paramétrés, le niveau central sera immédiatement alerté au cas où les prévisions ne seraient pas respectées afin que des ajustements nécessaires soient apportés, ajoute-t-elle. »   

 « L’application e-Surv Companion va aider le Burundi à combler les insuffisances constatées par la mission multidisciplinaire OBRA », estime la Dre Bakoly Rabenarivo Andriamihantanirina, Coordinatrice de l'IMEP.  Cet outil été recommandé par cette mission pour renforcer la surveillance active à travers la priorisation et la visite des sites de surveillance. « L’application va beaucoup contribuer à la recherche active des cas de paralysie flasque aiguë, la recherche et l’identification précoce des cas de PFA au Burundi. Ce qui permettra de faire avancer le pays sur le chemin de l’éradication de la poliomyélite. »

Cette nouveauté dans la surveillance des PFA et des maladies évitables par la vaccination au Burundi est saluée par les acteurs de terrain. « Cette formation m’a ouvert les yeux par rapport aux indicateurs qu’il faut surveiller surtout pour bien en évaluer le suivi quant aux maladies évitables par la vaccination », se réjouit la Dre Félicité Iraharira, médecin cheffe du district de Bugarama. « La première des choses que je vais faire est de réorganiser le système de collecte et d’analyse des données dans le district par rapport à la vaccination et concevoir un canevas, un schéma que toutes les formations du district vont suivre pour qu’on ait des résultats uniformes escomptés par rapport aux indicateurs bien établis en lien avec les cas de PFA et de maladies évitables par la vaccination », confie-t-elle. Grâce à cette formation le nombre des points focaux a augmenté, passant de 1 à 3 par district. Ce qui facilitera désormais les visites de sites et les supervisions dans les formations sanitaires. Ainsi, la surveillance active des cas sera améliorée, les cas de PFA seront vite détectés et le nombre de districts silencieux sera considérablement réduit. « Nous pourrons désormais mieux transmettre les informations fiables sur les activités de supervision et communiquer directement au niveau central les cas de paralysie flasque aiguë pour la prise des dispositions qui conviennent », conclut Marie-Louise Rungarunga, point focal du PEV au district nord de Bujumbura, partageant le point de vue de tous ses collègues.

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Abd Razzack SAIZONOU
Communication Officer 
OMS Burundi
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