Astride Kimatil, première femme chauffeur au Bureau OMS Cameroun

Astride Kimatil, première femme chauffeur au Bureau OMS Cameroun

Yaoundé - « Pourquoi pas une femme chauffeur au bureau du Cameroun de l’OMS ? Je vous mets au défi ». C’est une boutade du Représentant, Docteur Phanuel Habimana, lancée lors d’une réunion générale du personnel qui enclenche la machine de l’entrée de Astride Gwladys   Kimatil Ngnamba comme chauffeur au bureau de pays.  

En signant son contrat le 14 mars 2023, elle devient la première femme chauffeur de l’histoire de l’OMS au Cameroun, au moment où se célèbre le 75ème anniversaire de l’OMS, et le 60ème anniversaire de la coopération OMS/Cameroun.

 Astride y voit un signe du destin, et, fervente chrétienne, la main de Dieu. Elle nous confie : « J’ai 26 ans, je suis chauffeur professionnel depuis 4 ans. Entrée au PAM (Programme Alimentaire Mondial) à 23 ans avec 2 permis : véhicule et engins lourds, j’ai exercé 3 ans sans accident. Dès  que j’ai vu l’offre de l’OMS, je me suis présentée. Lors des tests nous étions 7 personnes, 5 hommes et 2 femmes. Tout s’est bien déroulé, avec une issue heureuse.

Je conduis en ville comme sur les pistes, et j’ai déjà effectué 4 missions dont la plus longue à Garoua, à 1108km de Yaoundé qui abrite le siège du bureau de pays. L’OMS est une organisation merveilleuse. L’ambiance de travail est excellente. Les politiques y sont rigoureuses, respectueuses des personnalités, des cultures, des races et de toutes les diversités. Les règles et procédures sont écrites, des formations sont offertes gratuitement. Le travail est valorisé, avec des espaces de détente et de congés. Tous, nous sommes traités avec équité. Monsieur le Représentant notre chef nous appelle « chers collègues » ! 

Je pense que j’ai de la chance d’être à l’OMS. Au début, quand je devais sortir avec des collègues qui n’avaient pas l’information (par exemple absents lors de ma prise de service) ils cherchaient le chauffeur. Leurs yeux ronds en entendant - c’est moi - me faisaient pouffer de rire » ! 

En disant cela, un sourire espiègle éclaire son visage, deux fossettes creusent ses joues, la rajeunissant encore. Puis, redevenue sérieuse, elle poursuit : « mais depuis, c’est devenu normal. De mon côté je m’applique dans mon travail. Je ferai tout pour être un exemple pour la gent féminine. Je voudrais être un excellent chauffeur, aidée par ceux qui sont plus anciens. Et mettre mes connaissances et mon expérience au service de l’Organisation. J’ai une licence en communication, j’ai fait une formation en genre, une autre en sécurité. Ces formations m’ont montré qu’une femme, si elle fait bien son travail, gagne la confiance et peut progresser. »

Madame Georgette Ndongmo, Responsable des ressources humaines l’apprécie grandement : « Lors des sélections j’ai tout de suite remarqué son calme et son assurance. Et les tests pratiques ont montré sa sûreté au volant ».

Docteur Phanuel Habimana, le Représentant y a pensé dès son arrivée à la tête du bureau : « l’Agenda de Transformation de la Directrice Régionale nous y invite ! Nous avons accueilli en 2021 une Volontaire des Nations Unies sélectionnée par le Bureau Régional, qui encourage les candidatures féminines ; les femmes peuvent investir tous les secteurs ; donc à compétence égale, si une candidature féminine sort du lot, pourquoi pas ? Dans tout le système des Nations Unies au Cameroun il y a  3 femmes chauffeurs pour 22 agences. 

Donc ma boutade n’en était pas vraiment une. J’étais persuadé que le Cameroun a assez de ressources humaines féminines pour qu’une femme soit recrutée comme chauffeur dans l’Organisation. Je suis heureux de n’avoir pas eu tort ».

Astride n’a pas toujours la vie facile. « Eh oui ! Dans la circulation les hommes ne cèdent pas facilement le passage, parmi mes camarades d’université certains disent qu’il ne fallait pas faire une licence en COM pour s’asseoir derrière un volant, quelques proches disent qu’une femme chauffeur ne trouvera pas de mari. Mais à contrario, d’autres copines me félicitent, veulent prendre des photos avec moi. Un jour où j’attendais un collègue qui achetait des fruits, la vendeuse est venue me féliciter et m’a offert des oranges ! Et un oncle m’a dit : j’ai toujours su que tu irais loin, et ça va t’ouvrir d’autres portes ! Ça, ça m’a fait plaisir ».  

Bon vent Astride. Grâce à toi, des petites filles diront à leurs parents : moi aussi, je veux faire comme elle.
 

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Barbara Etoa

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