Protéger les communautés isolées de la République centrafricaine contre la poliomyélite

Protéger les communautés isolées de la République centrafricaine contre la poliomyélite

Bangui – Dans le cadre des efforts déployés pour éradiquer la poliomyélite, la République centrafricaine accorde une attention particulière à l’importance d’atteindre les populations vulnérables et marginalisées. Les communautés vivant dans les régions minières, comme Zoubala, une localité du district de Bossombélé située à environ deux heures de route de Bangui, la capitale, font face à des défis et à des risques uniques liés à la présence du poliovirus.

En 2023, la détection de trois cas de poliovirus circulant dérivé d’une souche vaccinale de type 2 dans le district de Bossembele, à environ 160 km au nord-ouest de Bangui, dont deux cas signalés sur le site minier de Gaga, a mis en exergue l’urgence d’intensifier la couverture vaccinale dans les zones minières. Cette situation a conduit à la mise en place d’activités de vaccination ciblées, notamment à Zoubala, l’un des 34 sites miniers du district.

 

Surmonter les défis

Une campagne de vaccination a été organisée à Zoubala le 10 au 13 octobre dans le but de combler les lacunes en matière d’immunité chez les enfants âgés de 0 à 59 mois. Brice Ngombe, Consultant pour le programme de l’OMS dédié à la lutte contre la poliomyélite, a pris part à une mission menée dans un contexte marqué par des défis logistiques et sécuritaires majeurs.

« Les sites miniers sont souvent situés dans des zones isolées et instables sur le plan sécuritaire. Les communautés qui y résident ont généralement un accès limité aux services de santé essentiels, y compris à la vaccination de routine, ce qui entraîne une hausse du nombre d’enfants dits « zéro dose », c’est-à-dire ceux qui n’ont jamais reçu une seule dose de vaccin », explique-t-il.

L’équipe chargée de la vaccination a dû faire face à de nombreux défis, notamment des routes en mauvais état et le risque constant de croiser des groupes armés dans la région. En outre, l’absence de réseau mobile a gravement perturbé le suivi en temps réel et rendu la coordination des opérations plus complexe.

Outre la menace immédiate que représente la propagation du poliovirus et des cas confirmés, il était crucial de concentrer les efforts sur des sites miniers tels que ceux de Zoubala, en raison de plusieurs facteurs déterminants. Ces mines attirent des travailleurs provenant de diverses régions, y compris des pays voisins où des variants du poliovirus ont été détectés. L’afflux de personnes issues de différentes zones augmente le risque d’importation et de transmission du virus. Par ailleurs, la République centrafricaine fait face à des défis majeurs dans sa surveillance épidémiologique, ce qui entrave sa capacité à détecter et à réagir rapidement aux épidémies.

Les lacunes identifiées dans le cadre de la surveillance, combinées à la détection récente de nouveaux cas de poliovirus circulant dérivé d’une souche vaccinale de type 2, ont conduit le pays à mettre en place un plan de riposte global visant à renforcer les efforts de vaccination et de surveillance.

Malgré ces difficultés, la campagne de vaccination a produit des résultats remarquables : Près d'un demi-million d'enfants ont été vaccinés, dont 57 enfants identifiés dans cette zone minière critique. Parmi eux, 17 enfants n’ayant jamais reçu de vaccin contre la polio, ce qui souligne l’importance d’atteindre ces groupes sous-vaccinés.

« La polio ne connaît pas de frontières, et nos efforts de vaccination ne devraient pas en avoir non plus. En République centrafricaine, il est crucial de cibler les sites miniers et les autres zones à haut risque afin de garantir que chaque enfant soit protégé contre cette maladie dévastatrice. Nous travaillons sans relâche avec nos partenaires pour faire parvenir les vaccins à ceux qui en ont le plus besoin, même dans les endroits les plus isolés », déclare le Dr  Ngoy Nsenga, Représentant de l’OMS en République centrafricaine.

Le succès de la campagne a été grandement facilité par un engagement communautaire fort, qui a permis à plus de 350 familles de recevoir des informations cruciales sur les avantages de la vaccination. En impliquant dès le début les membres et les leaders de la communauté, les équipes ont su instaurer la confiance et sensibiliser sur l’importance cruciale de la vaccination. Les parents ont compris de quelle façon le poliovirus peut entraîner la paralysie, voire le décès, en quelques jours, d’où la nécessité de la vaccination pour protéger les enfants.

La collaboration intersectorielle a également joué un rôle essentiel. Les partenariats avec des organisations non gouvernementales telles que Cap Anamur, une organisation humanitaire dont l'objectif est d'aider les réfugiés et les personnes déplacées dans le monde entier, ainsi qu’avec les autorités locales, ont été déterminants pour atteindre la population et garantir le bon déroulement de la campagne. 

De plus, les équipes ont su adapter leurs approches aux contextes spécifiques des communautés minières, ce qui leur a permis de surmonter les défis logistiques et de favoriser l’adoption des vaccins.

La République centrafricaine a intensifié ses efforts pour interrompre la transmission du poliovirus circulant dérivé d’une souche vaccinale de type 2, notamment en organisant deux campagnes de vaccination à l’échelle nationale en avril et mai 2024. D’autres campagnes sont prévues pour le quatrième trimestre, avec pour objectif de maintenir les progrès réalisés et de renforcer l’immunité des groupes vulnérables. 

La préparation du deuxième cycle de vaccination est en cours, et il ciblera plus d’un million d’enfants dans les quatre régions.

Par ailleurs, la République centrafricaine et le Tchad ont considérablement renforcé leurs efforts de coordination pour prévenir la propagation transfrontalière de la poliomyélite. Les deux pays se sont unis pour élaborer une planification conjointe, avec des équipes de coordination travaillant de concert pour harmoniser les stratégies de vaccination et partager les données de surveillance essentielles. Cette approche collaborative, accompagnée d’une communication fluide, permettrait de renforcer la préparation et d’assurer une riposte rapide et efficace face à toute menace sanitaire potentielle.

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Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Monge Marta Villa

Communications Officer
Polio Eradication Programme
WHO Regional Office for Africa
Email: mongem [at] who.int (mongem[at]who[dot]int)  
Tel: + 34 636 04 76 79

René Koundou IFONO

Chargé de communication

OMS - République Centrafricaine

Email : ifonor [at] who.int (ifonor[at]who[dot]int)