Congo : des outils innovants pour réduire la mortalité maternelle

Congo : des outils innovants pour réduire la mortalité maternelle

Brazzaville – Le Congo intensifie ses efforts visant à réduire la mortalité maternelle avec l’introduction d’outils innovants, au rang desquels le guide de surveillance du travail d'accouchement. Encore appelé partogramme, ce guide permet de faire le suivi du bien-être de la mère et du fœtus pendant la phase active d’accouchement. 

Utilisé depuis 1993 au Congo, le partogramme aide à la prise de décision en cas d’anomalies et contribue à la réduction des complications et décès évitables. En 2022, le pays a introduit dans 12 districts sanitaires un format simplifié qui rend l'outil plus accessible et facilite son utilisation par le personnel de santé dans les maternités.

A Brazzaville, l’hôpital Mère-Enfant Blanche Gomes utilise l’outil révisé depuis 2023. « Avant, le partogramme était un graphique complexe à remplir, ce qui entraînait un faible taux d’utilisation et des erreurs dans la surveillance du travail d’accouchement », explique la Dre Frédine Mahoungou, gynécologue-obstétricienne à Blanche Gomes. « Cela conduisait parfois à des accouchements précipités et à l’usage excessif de l'ocytocine, un produit qui renforce la fréquence l'intensité des contractions utérines. Les risques de déchirures et d’hémorragies étaient élevés, créant ainsi une situation de stress tant pour le personnel que pour la parturiente. »

Pour une meilleure appropriation et une utilisation efficace du nouvel outil, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), avec l’appui du gouvernement de la Suède, a soutenu la formation de 235 professionnels de santé, notamment des sage-femmes et des médecins gynécologues. Le partogramme révisé permet de suivre visuellement les principaux indicateurs, tels que la dilatation du col de l'utérus, la fréquence des contractions utérines, ainsi que les signes vitaux de la mère et du fœtus.

« Cette formation a apporté plus de sérénité et de clarté dans la surveillance de l’accouchement », témoigne Minerve Nsouka, sage-femme à l'hôpital Blanche Gomes. « Avec l’ancien partogramme, nous étions très stressées car ne maîtrisant pas bien son remplissage. Le nouveau est beaucoup plus simple à utiliser et nous permet de mieux suivre l'évolution du travail d’accouchement. »

A l’hôpital Blanche Gomes en 2023, le taux de remplissage du nouveau partogramme était de 99 %, contre 74 % en 2022 tandis que le taux de césarienne a diminué de 32 % à 21 %. De plus, le pourcentage de mortinaissance a également baissé, passant de 2 % à 1 %.

« Maintenant, si une anomalie est détectée, nous faisons rapidement appel au médecin », ajoute la sage-femme Nsouka. « Je peux mieux accompagner les femmes pendant le travail, en les aidant à gérer les contractions par des exercices de respiration et en les encourageant à s'hydrater. Nous sommes en mesure de mieux les soutenir, les encadrer et les rassurer. »

Une meilleure prise en charge des femmes pendant la grossesse, lors de l’accouchement et après contribue à la réduction de la mortalité maternelle. En 2023, selon les dernières estimations de l’OMS, le ratio de mortalité maternelle est estimé à 241 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes contre 710 en 2005. Bien que cette baisse soit significative, elle reste au-dessus du taux mondial de mortalité maternelle estimé à environ 211 décès pour 100 000 naissances vivantes et loin de l’objectif de 70 décès pour 100 000 naissances vivantes attendu en 2030.

Pour renforcer les efforts des autorités sanitaires en faveur de la santé maternelle, l'OMS a soutenu en 2022 une stratégie ciblée sur la promotion de la planification familiale et des soins obstétricaux d'urgence. Cette stratégie met également l'accent sur l'utilisation de nouveaux outils de suivi prénatal et de surveillance lors de l’accouchement afin d'améliorer la sécurité et la qualité des soins maternels.

En anticipant les risques et en réagissant rapidement aux complications, les professionnels de santé formés contribuent à améliorer la qualité des soins maternels ainsi que la prise en charge psychologique, offrant ainsi aux futures mères une expérience plus positive de l’accouchement.

« Quand j’avais accouché de mon premier enfant en 2016, c’était différent. Cette fois-ci, les sage-femmes me berçaient et on dansait même, et j’ai clairement ressenti la différence », explique Ghislaine, mère de trois enfants, qui vient de mettre au monde un petit garçon. « Je me suis sentie en sécurité et bien accompagnée tout au long du processus par les mamans. J'ai accouché sans grandes difficultés. »

Dans la Région africaine, le nouveau partogramme associé à d’autres initiatives et mesures participe à la réduction du taux de mortalité maternelle. La Région a connu une baisse de près de 40 % entre 2000 et 2023, passant de 727 décès pour 100 000 naissances vivantes à 442. 

Entre 2005 et 2023, le taux de mortalité maternelle a été réduit de plus de 50 % au Congo.  « L'OMS continue de soutenir les initiatives en faveur de la santé maternelle et néonatale pour garantir que chaque grossesse et chaque accouchement se déroulent dans des conditions de sécurité et de bien-être pour toutes les femmes au Congo », souligne le Dr Vincent Dossou Sodjinou, représentant par intérim de l’OMS au Congo. « Toutes les femmes doivent pouvoir accoucher avec l’assistance d’un personnel qualifié et qui sait utiliser cet outil »

Les autorités sanitaires congolaises fournissent davantage d’efforts pour améliorer la santé maternelle. « Grâce au nouveau partogramme, nous sommes désormais mieux équipés pour offrir des conditions optimales afin que l'accouchement soit un moment de satisfaction pour les mères et la communauté », conclut la Dre Mahoungou. « Il est essentiel pour nous que la femme quitte la maternité avec un sentiment de bien-être et sans préjudice. »

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Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Kayi Lawson

Chargée de communication 
Bureau régional pour l'Afrique
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Mohamed Diawara
Chargé de communication
OMS Congo
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