Paiement digital dans le secteur de la santé en Côte d’Ivoire : désormais, les acteurs payés dans les 24 à 48 h après la fin de leur service.
Du paiement main à main au paiement par mobile money, la Côte d’Ivoire poursuit sa marche vers la généralisation du paiement numérique de ses acteurs dans le secteur de la santé, à l’aide du nouveau système CommCare. Dans le District Adjamé-Plateaux-Attécoubé (APA), la phase pilote de ce nouveau système de paiement est un véritable succès. « J’ai été payé le même jour, juste après la fin de la récente campagne polio et je suis pleinement satisfait », nous dit M. Ouattara Wassobohon, agent de santé à l’hôpital Marie-Thérèse Houphouët-Boigny, au 220 logements Adjamé. À la suite de ce succès, le pays a ainsi entrepris une vaste campagne d’enrôlement à ce nouveau système, du 6 au 30 mai 2024, dans les 33 régions sanitaires du pays, avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers.
En 2018, la résolution adoptée à la 71ᵉ Assemblée mondiale de la Santé, invitait les États membres à un usage élargi des technologies numériques dans le secteur de la Santé, comme moyen de promotion de la Couverture sanitaire universelle et pour la progression vers les Objectifs de Développement durable.
Dans la région Afrique, le bureau régional de l’OMS (AFRO) s’est engagé à introduire l’utilisation des paiements numériques comme domaine spécifique de son appui opérationnel aux 47 pays de la région. Cet engagement s’est traduit par l’appui technique et financier apporté aux pays. En effet, en plus de mettre à disposition des experts pour accompagner les pays tout au long du processus de digitalisation des paiements dans le secteur santé, l’engagement d’AFRO a permis de mobiliser les fonds de la Fondation Bill et Milinda Gates, nécessaires à cet accompagnement.
La Côte d’Ivoire n'est pas le moindre des bénéficiaires de cet appui du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. Plus de 200 millions CFA et 20 formateurs pris en charge ont été mobilisés pour former plus de 3500 agents enrôleurs au nouveau système CommCare. On estime que les agents enrôleurs formés vont enrôler environ plus de 130 000 acteurs des opérations de santé publique dans tout le pays.
Dans sa longue marche vers CommCare, le pays est passé par les paiements mains à mains jusqu’en 2018. Ce type de transaction, comme nous pouvons aisément l’imaginer, comporte beaucoup de risques. Les risques de braquages et de vols, dus au transport de l’espèce sur de longues distances, les risques de détournements, le risque de contamination par contact, aussi faible soit-il, etc. étaient bien réels. En plus de ces risques, nous pouvons citer les retards dans la mise à disposition des fonds aux travailleurs de terrain, des coûts administratifs élevés liés aux frais d’acheminement de ces fonds sur le terrain, des processus de justification de l’utilisation des fonds fastidieux, et bien d’autres tares.
Ensuite, le pays est passé au paiement mobile qui a apporté une amélioration. Dans ce cadre, les équipes techniques et administratives de l’OMS travaillent depuis août 2018 avec le Ministère de la Santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture Maladie Universelle, à la conception et au déploiement d’un écosystème qui permette une transition réussie des paiements en espèces vers les paiements numériques afin d’améliorer la qualité globale des interventions de santé grâce à des paiements rapides, fluides et sécurisés et une meilleure traçabilité de l'utilisation des fonds.
Ce type de paiement mobile a donné des satisfactions telles que la création d’une base de données nationale recensant près de 120,000 acteurs des campagnes de vaccination contre la poliomyélite ; le paiement de plus de 130,000 travailleurs de ces campagnes ; la réduction significative des délais de paiement, une amélioration de la redevabilité, de la transparence et de la fiabilité, mais surtout, la satisfaction des acteurs tels que démontré par les résultats de l’étude d’impact indépendante réalisée en décembre 2020. En effet, cette étude révèle que 83 % des 382 vaccinateurs interrogés dans 113 districts du pays ont déclaré préférer le mode de paiement par mobile money.
Au vu des excellents résultats enregistrés, par le paiement mobile money, malgré quelques insuffisances, telles que les doublons, les retards des opérateurs à mettre à disposition des fonds, etc, il s’est avéré nécessaire de moderniser l’écosystème en place en Côte d’Ivoire depuis 2020. Cela permettra au pays de bénéficier des dernières évolutions technologiques et meilleures pratiques en termes de digitalisation des paiements des acteurs de la santé. Le paiement mobile money, qui ne prenait en compte que les paiements des agents des campagnes de vaccination contre la poliomyélite, a été un bon tremplin vers une solution plus générale.
Aujourd’hui, le pays passe à une phase de généralisation des paiements numériques des acteurs de la Santé Publique, au-delà des seuls acteurs des campagnes de vaccination contre la poliomyélite, avec le nouveau système CommCare, accessible par smartphone.
Ce nouveau système permettra de fluidifier les paiements et d’être beaucoup plus prompt à satisfaire les acteurs de terrain, afin d’être plus efficace. En effet, les retards de paiements mettent à mal les activités de santé publique à grande échelle, sur de longs termes. Il présente aussi de nombreux autres avantages : redevabilité des acteurs ; traçabilité ; la fiabilité des listes de paiements, etc.
« Il s’agit d’un programme pertinent en ce sens qu’il va améliorer de façon substantielle le paiement des acteurs jusqu’au dernier kilomètre », nous dira Dr Raux-Yao Serge, Directeur régional de la Santé de la Marahoué, à propos de ce nouveau système.
Rendre opérationnelle une application telle que CommCare, nécessite un minimum de formation. Pour en arriver là, « il y a eu d’abord la conception, l’appropriation de ce nouveau système par le Ministère de la Santé qui aboutit par la suite à la formation des formateurs nationaux », nous explique Dr Raux-Yao. En effet, ces formateurs nationaux, vont à leur tour former les agents enrôleurs du Ministère en charge de la Santé. Ce sont ces derniers qui vont procéder à des enrôlements de masse dans leurs zones d’activité.
Dr Raux-Yao précisera donc que nous sommes actuellement au stade du déploiement, par la formation d’environ 3 500 acteurs des activités de santé sur le terrain. Ceux-ci, après avoir été formés par les formateurs nationaux, vont enrôler environ 130 000 acteurs de terrain.
C’est le cas de Amian Yvette, Chargé du suivi et évaluation régionale (CSER), qui a enrôlé M. Dosso Christophe, Chargé du programme élargi de vaccination (CPEV) de région, à la suite de la formation sur CommCare à laquelle elle a pris part. « Mon enrôlement a pris moins de 20 minutes », nous dit M. Dosso Christophe, pour qui « ces enrôlements, vont nous apporter beaucoup, dans le déroulement de nos activités, avec la base de données que nous aurons acquise dans ce nouveau système ».
Le début du succès de cette généralisation se constate déjà dans le District sanitaire pilote d’Adjamé - Plateau – Attécoubé. Cette phase pilote, a déjà réalisé des paiements via le nouveau système CommCare, avec la satisfaction générale de tous les acteurs.
La Côte d’Ivoire, pose ainsi un jalon important, dans sa marche vers la Couverture sanitaire universelle et dans l’atteinte des ODD.
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