La nutrition au service de la lutte contre le choléra en République démocratique du Congo
Kinshasa – La République démocratique du Congo renforce la multisectorialité de la réponse au choléra en s’attaquant à la malnutrition. L'intégration d'une nutrition appropriée est cruciale pour une réponse efficace aux crises sanitaires du pays où 47,9 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique et 81,1 % des enfants de 6 à 23 mois ne reçoivent pas une alimentation adéquate.
En 2023, la RDC a fait face à une épidémie de choléra, une maladie diarrhéique aiguë provoquée par l'ingestion d'aliments ou d'eau contaminés. Plus de 52 000 cas et 470 décès ont été enregistrés dans 15 des 26 provinces du pays cette année-là, et plus de 22 000 cas supplémentaires, dont 281 décès, ont été recensés entre le 1er janvier et le 28 juillet 2024. Sans traitement, le choléra peut être fatal en quelques heures.
« Les personnes malnutries ont plus de difficulté à guérir du choléra et leur prise en charge est plus complexe car la maladie exacerbe leur malnutrition, créant un cercle vicieux qui complique leur rétablissement », explique Dr Bah Keita, Représentant par intérim de l’OMS en RDC.
En 2023, le Programme national de nutrition, l’Institut national de santé publique et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont publié le "Guide de soutien alimentaire et nutritionnel en contexte d’urgences sanitaires en RDC", appelant à une approche holistique dans la gestion des crises. En plus des mesures d’hygiène et d’accès à l’eau potable, le ministère de la Santé, avec l’appui des partenaires, a établi des Centres et unités de traitement du choléra (CTC) à proximité des populations touchées. Ces centres assurent également l’appui nutritionnel des patients dans toutes les provinces touchées du pays en vue de réduire le risque de propagation de la maladie du centre de traitement vers la communauté à la suite des échanges entre les patients atteints de choléra et leurs proches.
Le choléra entraîne une perte significative de nutriments essentiels tels que le sodium, le potassium, le zinc, le chlore, les protéines et les glucides. « Nous privilégions des aliments qui remplacent ces nutriments perdus pour renforcer les défenses immunitaires du patient et accélérer sa guérison », souligne le Dr Basile Ngoy, médecin chef de la zone de santé de Kisanga, dans la province du Haut-Katanga, où cinq centres de traitement du choléra ont été installés. « Il y a aussi des médicaments qui ne peuvent pas être pris sans une alimentation correcte », ajoute-t-il.
Grâce à l’intégration de l’appui nutritionnel dans les plans de traitement, le taux de guérison dans le pays s’est considérablement amélioré.
« Pendant les quatre jours d’hospitalisation de mon fils, on nous a fourni des repas. Le petit déjeuner, le déjeuner ainsi que le dîner », indique Annie, une commerçante dont l'enfant était gravement malade. « Dès le troisième jour, il a retrouvé ses forces, surtout que chez nous, nous n'avons pas une telle quantité de repas. »
« Nous mettons un point d’honneur au soutien nutritionnel des patients atteints du choléra en adaptant les repas à leurs besoins spécifiques », explique Rebecca Bupele, infirmière au CTC de Kisanga. « Nous servons des plats nutritifs adaptés aux adultes et aux enfants et conseillons les parents pour une meilleure prise en charge. L’amidon de riz est un élément clé de notre plan alimentaire thérapeutique. Il est particulièrement efficace pour réduire la diarrhée et prévenir la déshydratation, tout en étant facilement disponible et simple à préparer, même avec des ressources limitées. »
Le choléra touche particulièrement les populations n'ayant pas accès aux services d’assainissement de base, ou qui manquent de bonnes pratiques d’hygiène, comme le lavage des mains et la consommation d'eau potable et d'aliments sains. L’OMS appuie également les actions de traitement de l’eau par le chlore dans les zones de santé les plus touchées.
« Ici, les conditions sont extrêmement précaires. Sans le soutien nutritionnel apporté par l'OMS, nous serions confrontés à d'énormes difficultés dans la prise en charge des patients », affirme Rebecca Bupele. « Cette approche nous permet de déployer tous les moyens nécessaires pour sauver des vies. Chaque geste compte, et je le fais sans hésiter. »
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