La disponibilité du traitement antirétroviral renforce la lutte contre VIH/sida en Guinée Équatoriale
Malabo – En Guinée Équatoriale, où plus de 6 % de la population vit avec le VIH, l'accès aux traitements antirétroviraux (ARV) était, jusqu'en 2017, restreint à seulement deux centres situés dans les capitales provinciales de Malabo et de Bata. Cette limitation entraînait des difficultés de suivi pour les patients et une surcharge des services de santé.
« Quand on m'a annoncée que j'avais le VIH, c'était un choc terrible. J'avais l'impression que ma vie s'effondrait », se rappelle Jeanine, la quarantaine. « J’avais des difficultés à suivre le traitement qui n’était pas disponible à proximité. Je devais parcourir de longues distances pour récupérer mes médicaments à Malabo. »
Avec le soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), un projet d'intégration des services VIH/sida a été lancé en 2018, permettant d’élargir l'accès aux traitements antirétroviraux dans les 19 districts sanitaires du pays. En dix ans, le taux de couverture des traitements a triplé, atteignant 49 % en 2023, avec une augmentation de 3% entre 2022 et 2023. La prévalence de la maladie a quant à elle baissé de 1 % entre 2022 et 2023.
Pour améliorer la prise en charge des personnes vivant avec le VIH et combattre la stigmatisation, entre 2019 et 2024, l’OMS a appuyé la formation de plus de 1600 professionnels de santé aux protocoles thérapeutiques et à l'accompagnement psychologique. Le Dr Manuel Eyene, médecin et coordinateur régional pour la lutte contre les IST, le VIH/sida, la tuberculose et l'hépatite virale à l'hôpital de Bata, a bénéficié plusieurs fois de ces formations.
« A l'université, je n'ai pas appris le suivi ou la prise en charge intégrale d'un patient séropositif, mais après différents cours et formations que le programme a organisés, j’ai pu renforcer mes capacités dans ces domaines », affirme le Dr Eyene. « Beaucoup de choses se sont améliorées tant dans les relations avec les patients que dans le respect des différents protocoles thérapeutiques nationaux. »
Les services de diagnostic du VIH et de prévention de la transmission de la mère à l’enfant (PTME) se sont également considérablement développés dans le pays. Le Dr Eyene, qui travaille à l'hôpital de Bata depuis huit ans, intervient aussi dans le programme PTME. Avec la disponibilité des ARV dans tout le pays, la bonne prise en charge des femmes enceintes séropositives permet de réduire les infections chez les nouveau-nés. « Lorsqu'une mère séropositive sort de l'hôpital avec son enfant non infecté dans les bras, je me sens tellement motivé. La disponibilité et la bonne observance du traitement antirétroviral donnent d’excellents résultats », ajoute-t-il.
La formation à tous les niveaux du système de santé a été essentielle pour changer l’attitude du personnel de santé vis-à-vis de la stigmatisation et améliorer la qualité des soins. Les patients reçoivent maintenant des informations claires sur l'importance du traitement, ce qui aide à garantir une bonne observance.
Pour garantir une bonne adhésion au traitement et prévenir la résistance aux médicaments, les patients sont suivis de près. Ils viennent à un premier contrôle 14 jours après l'initiation du traitement, puis tous les trois mois pour récupérer leurs médicaments. Depuis 2018, tous les patients séropositifs peuvent aussi accéder au traitement, sans pour autant connaître leur charge virale).
Grâce à l'acquisition de nouveaux outils de diagnostic comme les machines GeneXpert dans tous les districts sanitaires, le taux de dépistage du VIH a augmenté de 34 % à 87 % entre 2020 et 2023.
Les efforts consentis par la Guinée Équatoriale vise à atteindre l’objectif du triple 95 à l’horizon 2030. Il s’agit de diagnostiquer 95 % de toutes les personnes séropositives, de fournir un traitement ARV à 95 % des personnes vivant avec le VIH et d’obtenir une charge virale indétectable pour 95 % des personnes sous traitement. « Nous devons poursuivre la décentralisation des services du VIH pour atteindre ces objectifs », souligne Joaquin Ipo Ebanga, responsable des services du programme VIH/sida au Ministère de la santé. « Le traitement antirétroviral est essentiel pour éviter de nouvelles infections, arrêter la transmission du virus et éradiquer le VIH dans notre pays. »
L’OMS est aux côtés du Ministère de la santé dans cette lutte, appuyant diverses stratégies notamment, l’intégration de prise en charge de la co-infection tuberculose/VIH, la décentralisation des centres de prise en charge et la disponibilité du traitement. « Les ARV jouent un rôle très important dans la lutte contre le VIH/sida. La Guinée Équatoriale fait des progrès encourageants qui font naître l’espoir chez les PVVIH », a déclaré le Dr George Ameh, représentant de l'OMS en Guinée Équatoriale.
Depuis deux ans, Jeanine suit correctement son traitement et est en bonne santé. « Aujourd'hui, nous avons la chance d'avoir des antirétroviraux gratuits et bien plus accessibles. Il est important de se faire tester et de suivre son traitement si on est dépisté positif », conseille la jeune dame. « Le VIH n'est plus une condamnation à mort. »
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