Le Ghana à l’offensive pour rattraper les enfants non vaccinés
Accra ‒ Á cause des perturbations liées à la pandémie de COVID-19, Beauty Setornyo craignait d’emmener son fils Dufe Dodzi de leur île de Dadato, dans la région de l’Oti (Ghana), au centre de santé sur le continent où il devait se faire vacciner contre les maladies infantiles courantes. Cette situation a rendu Dufe vulnérable à des maladies telles que la rougeole, la poliomyélite et la fièvre jaune.
Dufe faisait partie des quelque 4200 enfants « zéro dose » dans cette zone difficile d’accès qui ont été ciblés lors d’une campagne intensive de trois jours destinée à remédier au recul de la vaccination qui touchent des dizaines de milliers d’enfants au Ghana.
« J’ai l’esprit tranquille, maintenant que [mon fils] a reçu tous les vaccins qu’il avait ratés. » Beauty Setornyo, région de l’Oti, Ghana
Entre 2019 et 2020, la couverture pour la troisième dose du vaccin DTCoq, qui protège contre les infections potentiellement mortelles pendant la petite enfance telles que la diphtérie, le tétanos et la coqueluche, a diminué de 99 % à 97 %, laissant plus de 32 000 enfants sans protection dans tout le pays.
En collaboration avec l’OMS et Gavi, l’Alliance du vaccin, le Ministère de la santé du Ghana a acheté un bateau à usage médical dédié au transport des agents vaccinateurs vers la communauté de l’île de Dadato. Avec cinq des neuf districts de la région encerclés par des fleuves, et les quatre autres par des montagnes et des vallées, les 320 communautés insulaires ou riveraines n’étaient jusqu’alors accessibles que par un seul bateau à peine utilisable.
L’OMS a également soutenu la formation de 90 travailleurs de la santé et volontaires communautaires à la mise en œuvre des stratégies de rattrapage afin d’identifier et de vacciner tous les enfants qui avaient jusque-là échappé à la vaccination. Ces travailleurs de la santé et volontaires communautaires ont joué un rôle essentiel dans la sensibilisation des parents et tuteurs, ainsi qu’en faveur d’une demande de vaccination.
« L’intervention rapide de l’OMS a permis de louer des bateaux et de fournir un appui logistique et technique, essentiel pour rétablir les services de vaccination dans cette région. » Dr Osei Kuffour Afreh, Directeur régional des services de santé de l’Oti
« Pendant la pandémie, notre couverture vaccinale hebdomadaire a été réduite de près de 200 à quelque 50 enfants », explique Etornam Tsakesuh, infirmière principale des services de planification et de santé communautaire de Dadoto.
« Grâce au soutien logistique et à la formation reçus sur le rattrapage, nous avons pu faire parvenir les services jusqu’aux ménages. Cette démarche nous a permis d’atteindre environ 300 enfants par semaine. »
L’OMS supervise la construction de trois bateaux médicaux dédiés afin d’assurer un accès continu des communautés insulaires et riveraines aux soins de santé, y compris aux services de vaccination.
Au total, 322 communautés ont été touchées au cours de la campagne de rattrapage menée entre le 12 et le 15 juillet 2022, et plus de 4100 doses de vaccins ont été administrées.
L’effort national du Ghana pour rétablir la vaccination de routine a par ailleurs permis au pays d’enregistrer une augmentation de 7 % du nombre de districts avec une couverture supérieure à 90 % pour la troisième dose du vaccin DTCoq entre 2020 et 2022. De plus, des progrès importants ont été réalisés vers l’équité vaccinale, avec une augmentation de 10 % du nombre de districts affichant une couverture de plus de 80 % pour les 3 doses du vaccin DTCoq sur la même période.
« L’intervention rapide de l’OMS a permis de louer des bateaux et de fournir un appui logistique et technique, essentiel pour rétablir les services de vaccination dans cette région. Ceci était particulièrement le cas des communautés insulaires, qui représentent environ 30 % de la population », souligne le Dr Osei Kuffour Afreh, Directeur régional des services de santé de l’Oti.
Beauty, quant à elle, est soulagée d’avoir rattrapé les vaccinations essentielles de son fils. « J’ai l’esprit tranquille, maintenant qu’il a reçu tous les vaccins qu’il avait ratés », dit-elle. « C’est une joie que les travailleurs de la santé viennent vers nous. »
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