« Pour éviter d’autres résurgences d’Ebola, la recherche doit être mise en branle pour éliminer le virus dans les secrétions des guéris d’Ebola ». Ces propos sont de Abraham Condé, Maire de la Commune rurale de Gouéké, l’un des guéris de la récente épidémie de la maladie à virus Ebola, survenue en janvier 2021 dans la Sous-préfecture de Gouécké, dis-trict sanitaire de Nzérékoré, en Guinée forestière.

Cet homme (Abraham CONDE) qui a vécu la maladie était invité par l’OMS à participer à Kindia à la revue après action de la ré-ponse contre les épidémies de fièvre jaune, de la maladie à Virus Ebola et de la fièvre de Marbourg survenues entre janvier et août 2021 dans les districts sanitaires de Koundara, Nzérékoré et Gueckédou.

Témoignage de Abraham CONDE, Maire de la Commune rurale de Gouéké, guéri d’Ebola

Question : Monsieur Abraham Condé, comment avez-vous attrapé cette maladie à virus Ebola.

Abraham Condé : J’ai attrapé la maladie juste après le décès de mon épouse Lucie Haba que vous appelez cas index qui travaillait au Centre de santé de Gouécké, comme infirmière.

Quelques jours après son décès, j’ai moi-même commencé à avoir des malaises. J’ai décidé de me faire consulter au Centre de santé de Gouécké où j’ai suivi quelques traitements sans succès. On m’a transféré à l’hôpital régional de N’Zérékoré. A ce niveau, j’ai fait un certain nombre d’examen et de traitement avant que le médecin chef décide de m’envoyer à Conakry, sans rien me dire sur mon statut médical. A Conakry, j’ai été admis au Centre de traitement des maladies hémorragiques de Nongo. C’est là où j’ai appris que je suis infecté par la maladie à virus Ebola. J’ai été très bien pris en charge par les médecins et le Seigneur est intervenu pour me donner la santé.

Abraham CONDE, Maire de la Commune rurale de Gouécké, guéri de la maladie à virus Ebola :« Pour éviter d’autres résurgences d’Ebola, la recherche doit être mise en branle pour éliminer le virus dans les secrétions des guéris d’Ebola ».

Question : Aujourd’hui, quelle est votre préoccupation en tant que survivant de la maladie à virus Ebola et Maire de la Commune rurale de Gouécké ?

Abraham Condé : J’interpelle le Gouvernement guinéen, ses partenaires et les structures de recherche à focaliser leur attention sur les guéris d’Ebola au risque de connaitre de nouvelles résurgences, parce que les examens ont révélé la persistance du virus dans les secrétions des guéris, ce qui constitue un danger potentiel pour notre communauté. Nous avons été dotés de préservatifs pour que nous prenions des dispositions lors des rapports sexuels. Malheureusement, face à certaines situations, on peut ne pas utiliser le préservatif. D’ailleurs, tous les guéris ne peuvent pas respecter ce protocole dû aux facteurs sociaux et culturels. Donc, la recherche doit continuer pour trouver des molécules qui peuvent éliminer ces virus dans les secrétions. Cela est ma principale préoccupation en venant à cette revue après action. J’interpelle le Gouvernement, l’OMS et les autres partenaires à prendre en compte cet aspect au moment où nous faisons un atelier programmatique de préparation et de riposte à d’éventuelles aux épidémies.

Question : Aujourd’hui, vous prenez part à la revue après action des maladies Ebola, Marburg et Fièvre jaune, en tant que leader communautaire et guéri, votre commentaire ?

Abraham Condé : Je suis très content d’avoir eu l’occasion de dire ici ce qui me tenait à cœur depuis des mois. Par ailleurs, l’Etat et ses partenaires ont fait des efforts pour équiper les structures de santé, mais la fréquentation reste encore faible à Gouécké. Ce, à cause de l’état des routes et le manque de réseaux téléphoniques par endroit. Ce qui rend difficile la mission de sensibilisation que je me suis assignée depuis ma sortie du centre du traitement. Toutefois, je continue de faire ce que je peux en matière de sensibilisation dans certaines localités pour aider ma communauté.

Question : Quelle appréciation faites-vous de l’appui de l’OMS sur le terrain, au sein des communautés ?

Abraham Condé : Je dis merci à l’OMS pour tout ce que cette institution a posé comme acte dans ma communauté à Gouécké pour sauver des vies humaines. La communication, la vaccination, la prise en charge, la surveillance et tous les autres piliers de la riposte ont fonctionné. En dépit de quelques réticences au départ, la communauté a eu confiance à l’OMS et nous avons vite vaincu Ebola.