Donner aux communautés les moyens de lutter contre la désinformation sur le choléra au Malawi

Donner aux communautés les moyens de lutter contre la désinformation sur le choléra au Malawi

Lilongwe – Début 2023, Dyson Chamizi, un chef de village et son frère sont tombés malades et ont été conduits au centre de santé de Nathenje, un établissement proche de leur domicile, qui se situe à environ 40 kilomètres de Lilongwe, la capitale du Malawi. Ils étaient tous les deux atteints de choléra, une maladie extrêmement virulente mais facile à traiter.

Trois jours plus tôt, les deux hommes avaient assisté aux funérailles d’une personne décédée du choléra. L’inhumation aurait été faite sans tenir compte des mesures de prévention et de sécurité destinées à éviter la propagation de la maladie.

« Nous ne disposions pas d’informations suffisantes sur les risques liés à la manipulation du corps d’un patient atteint de choléra, ni à propos de l’organisation de grandes funérailles », souligne M. Chamizi, avant d’expliquer que certaines rumeurs laissaient entendre que les agents de santé récoltaient différentes parties du corps de patients décédés du choléra. C’est pourquoi ils ont récupéré le corps du défunt à l’hôpital et ont effectué l’enterrement comme le prescrit la coutume.

Les rumeurs et la désinformation se sont intensifiées à mesure que l’épidémie de choléra se propageait au Malawi, fin 2022 et début 2023. La rumeur selon laquelle les agents de santé prélevaient et vendaient des parties du corps des défunts était particulièrement récurrente, suscitant la peur et la colère dans les communautés au sujet des rituels d’inhumation.

L’épidémie qui a débuté en mars 2022, est la pire que le Malawi ait connue. Près de 57 600 cas et plus de 1700 décès ont été enregistrés. Toutefois, le renforcement des mesures de riposte a permis d’enrayer l’épidémie. Le pays enregistre en effet depuis février une diminution du nombre de cas de choléra et des décès dus à la maladie.

Les informations trompeuses sur le choléra constituent une réelle menace pour la lutte contre les épidémies. La méfiance à l’égard des professionnels de la santé, alimentée par la désinformation, a même conduit à des agressions physiques contre le personnel médical et infirmier dans les zones touchées par le choléra, compromettant ainsi les efforts de riposte.

Pour contrer ces rumeurs dangereuses, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) collabore avec le Ministère de la santé et d’autres partenaires pour faire face à la menace. En effet, l’Organisation a formé les agents de santé communautaires pour qu’ils puissent réfuter les rumeurs et donner aux communautés les moyens de prévenir le choléra. À la mi-mars, 820 assistants à la surveillance sanitaire avaient été formés à Lilongwe, l’un des principaux foyers du choléra au Malawi. Ils participent avec les bénévoles issus des communautés à une initiative qui a permis de fournir des informations sur le choléra à 658 018 ménages. Cela a été possible grâce aux 10 150 réunions organisées au niveau communautaire, aux 617 séances d’information réalisées en milieu scolaire et aux 985 rassemblements dans les marchés, qui avaient tous pour but de diffuser des messages précis.

« La désinformation peut être mortelle, car elle alimente la propagation de maladies évitables comme le choléra. Nous mobilisons les responsables et les influenceurs au niveau local, qui sont le point de contact avec les communautés », souligne Tiyamike Chitete, l’une des assistantes à la surveillance sanitaire formées par l’OMS.

« Il est essentiel de veiller à ce que les personnes reçoivent les informations correctes qui leur permettront de prendre des décisions éclairées. Le fait que la population ait une bonne compréhension du mode de transmission de la maladie peut aider à réduire le nombre d’infections et de décès dus au choléra dans les communautés » ajoute-t-elle.

Tiyamike Chitete salue l’intervention de l’OMS visant à élargir la participation communautaire grâce à diverses approches et concepts qui sont déployés au Malawi. « Désormais, notre approche se veut stratégique, afin de renforcer la résilience des communautés et de prévenir les flambées épidémiques », précise-t-elle.

Au début du mois de février, le Malawi a lancé la campagne End Cholera/Tithetse Kolera (« Éliminer le choléra »), une stratégie qui a pour but d’intensifier la riposte au niveau communautaire. Grâce à l’appui fourni par l’OMS et les partenaires, les agents de santé communautaires organisent des réunions avec les responsables locaux et les influenceurs communautaires afin d’aborder la désinformation sur le choléra et la méfiance à l’égard des autorités sanitaires.

L’objectif est d’éviter que la désinformation et la méfiance contribuent au refus des patients de se faire soigner en temps voulu, augmentant ainsi les risques de déshydratation sévère et soudaine, voire de décès. En l’absence de traitement, le choléra peut entraîner la mort en quelques heures.

« À partir des dialogues communautaires, nous évaluons la connaissance et la perception du choléra par le public, puis nous adaptons nos messages pour réfuter toute désinformation ou malentendu », explique Aminata Kobie, responsable technique de la communication sur les risques au sein de l’équipe de l’OMS chargée de la riposte à l’urgence sanitaire.

« Cette approche permet non seulement aux responsables locaux et aux influenceurs communautaires de comprendre les facteurs de risque du choléra dans leurs régions respectives, mais elle facilite aussi la diffusion de conseils d’experts en matière de santé », précise-t-elle.

À la suite de ces efforts, les responsables locaux tels que le chef de village Dyson Chamizi ont commencé à mobiliser leurs communautés afin que celles-ci soient proactives dans la lutte contre le choléra. « Nous disposons maintenant de règlements pour nous assurer que chacun a une attitude responsable et respecte les précautions recommandées pour enrayer la propagation du choléra et limiter les décès dans notre village », déclare le chef de village.

En plus de déployer des experts en matière de communication sur les risques et de participation communautaire dans les districts à forte charge de morbidité, l’OMS a soutenu les actions de plaidoyer, ainsi que les échanges avec plus de 1075 responsables locaux à Lilongwe, parmi lesquels les chefs traditionnels, les dignitaires religieux et les responsables politiques de diverses zones considérées comme sensibles. Au cours des sessions, l’ensemble des responsables échangent sur les solutions locales pouvant mettre fin au choléra dans leurs communautés, y compris sur un engagement à créer un environnement favorable à la riposte.

Le chef de village Dyson Chamizi se dit pleinement engagé à maintenir sa communauté en alerte. « Je ne veux pas que mes concitoyens meurent d’une maladie comme le choléra, qui peut être traitée et évitée. Le savoir est un pouvoir et je saisis chaque occasion qui se présente lors des rassemblements communautaires pour réfuter d’éventuelles désinformations et sensibiliser la population aux mesures de lutte contre le choléra. Je n’aurai de repos que lorsque nous aurons éradiqué le choléra », conclu-t-il.

Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Veronica Mukhuna

Communications Officer
WHO Malawi
email: mukhunav [at] who.int (mukhunav[at]who[dot]int)
Tel: +265 999 375 094

Meenakshi Dalal

Chargée de relations avec les média
Bureau Régional de l'OMS pour l'Afrique
Email: dalalm [at] who.int (dalalm[at]who[dot]int)
Tél : +254 703 254 761 (WhatsApp)