L’abandon de la culture du tabac s’avère bénéfique pour les paysans au Malawi

L’abandon de la culture du tabac s’avère bénéfique pour les paysans au Malawi

Lilongwe – Shombe Banda, habitant du district de Kasungu, dans le centre du Malawi, a cultivé du tabac pendant 35 ans. Il s’est récemment tourné vers d’autres cultures telles que le soja, les arachides et le maïs. Shombe justifie sa décision d’abandonner la culture du tabac principalement par des raisons économiques.

« Avec le tabac, j’étais perdant », explique-t-il. « La culture du tabac nécessite beaucoup d’intrants comme les engrais, qui coûtent très cher aujourd’hui, de même qu’une importante main-d’œuvre. »

« Maintenant, j’utilise les fèves de soja et les résidus d’arachide pour produire du compost. J’applique ce compost dans mon champ de maïs, ce qui me permet d’utiliser moins d’engrais et de réduire les dépenses. Les produits que je cultive maintenant sont faciles à gérer et à vendre, car il y a des marchés locaux partout. Pour le maïs, j’en vends une partie et je garde le reste pour nourrir ma famille. Nous sommes une famille heureuse et autonome », affirme Shombe.

À la fin de 2023, le Malawi a franchi une étape importante en ratifiant la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour la lutte antitabac (CCLAT), un traité international capital conçu pour lutter contre les risques graves que la consommation de tabac et l’exposition à la fumée de tabac font peser sur la santé publique.

Un aspect essentiel de la mise en œuvre de la CCLAT consiste à travailler avec les cultivateurs de tabac sur l’abandon de sa culture et la diversification des cultures, qui présentent aussi des avantages économiques, agricoles et sanitaires à long terme. Au Malawi, la mise en œuvre de la CCLAT n’en est qu’à ses débuts mais des agriculteurs comme Shombe et Bazilio Luuwanga, un autre agriculteur du district de Kasungu, peuvent témoigner de son efficacité.

Bazilio explique que les difficultés liées à la culture du tabac vont bien au-delà de l’activité champêtre. Les cultivateurs de tabac doivent organiser leur transport et celui de leurs récoltes en ballots jusqu’aux salles de vente de tabac. Ces salles sont situées très loin de chez eux. Lorsque le tabac est vendu, les cultivateurs doivent ensuite se rendre dans des banques situées dans les chefs-lieux des districts ou dans les villes pour obtenir leurs paiements.

« Lorsque je cultivais du tabac et que je me rendais dans les salles de vente, il arrivait que les autres agriculteurs et moi-même n’ayons pas d’argent pour acheter de quoi manger », explique-t-il. « Il nous arrivait de passer des nuits dans des logements peu sûrs, mettant nos vies en danger. Dans tout cela, je pensais à ma femme et à mes enfants à la maison et je revenais avec des revenus moins importants que prévu à cause des prix contrôlés et de nombreuses déductions inexpliquées. »

Maintenant que Bazilio cultive des produits vivriers comme le maïs, il a plus de contrôle sur la situation. « La grande différence, c’est que je suis en contact direct avec les acheteurs, certains viennent même jusqu’à ma ferme. Ainsi, je suis en mesure de négocier le prix de vente avec l’acheteur, ici même, à la maison », indique-t-il.

L’OMS estime que les cultivateurs de tabac peuvent absorber une quantité de nicotine équivalant à 50 cigarettes par jour. Ce que confirme Bazilio. « Lors de la récolte, du classement de la qualité des feuilles et de la mise en ballots, je souffrais de douleurs thoraciques et je toussais beaucoup », reconnaît-il. « C’était très pénible, car je devais constamment me faire soigner. »

Bazilio affirme que la transition de la culture du tabac vers d’autres produits agricoles a amélioré sa qualité de vie et celle de sa famille. Cette saison, il a pu payer les frais de scolarité de sa fille. « Je suis heureux maintenant. Je reste avec ma famille. Nous planifions, nous cultivons, nous récoltons ensemble. Nous vendons une partie de notre récolte et nous en gardons une autre pour notre propre consommation. Nous sommes ensemble dans tout ce que nous entreprenons. Ensemble, nous voyons la prospérité dans l’avenir », se réjouit-il.

Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Ovixlexla Kamenyagwaza-Bunya

bunyao [at] who.int (bunyao[at]who[dot]int)

+265 999 930 280

Collins Boakye-Agyemang

Communications and marketing officer
Tel: + 242 06 520 65 65 (WhatsApp)
Email: boakyeagyemangc [at] who.int (boakyeagyemangc[at]who[dot]int)