Ségou – La malnutrition chez les enfants est l'un des principaux problèmes de santé auxquels les populations sinistrées de Ségou ont dû faire face après les graves inondations qui ont frappé le Mali entre juillet et octobre 2024. Ayant tout perdu, y compris leurs réserves alimentaires et leurs moyens de subsistance, les sinistrés se retrouvent dans une situation de grande précarité. Parmi les plus de 370 000 personnes affectées par ces inondations, les enfants, qui représentent 45 % de la population touchée, sont particulièrement vulnérables.

Pour permettre aux sinistrés d’avoir accès aux soins de santé, le bureau de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au Mali, grâce aux Fonds CERF, a soutenu le déploiement des cliniques mobiles sur les sites de relocation. Dans la région de Ségou, trois sites ont été installés et pourvus de tentes médicales. Le personnel médical s’y rend cinq fois par mois.

« Mon enfant ne se sentait pas très bien. Je ne sais pas vraiment de quoi il souffre, alors je l’ai emmené à la clinique pour une consultation », raconte Séïdatou, 30 ans, tenant dans ses bras son nourrisson de 18 mois. A la sortie de la consultation, cette mère de cinq enfants sait désormais ce qui affecte son petit Mohamed. Le diagnostic de paludisme a été posé mais ce que Séïdatou ignorait, c’est que son dernier-né souffre également de malnutrition.

En effet, tous les enfants reçus en consultation sont systématiquement dépistés pour la malnutrition afin de prévenir les complications qu’elle peut entraîner. « Au niveau de la clinique mobile, nous procédons au dépistage pour déterminer si un enfant souffre de malnutrition ou non », explique Safiatou Saré, infirmière d’État à la clinique mobile de Sédougou à Ségou. « Dès que le dépistage est positif, nous orientons l’enfant et ses parents vers le centre de santé communautaire ou le centre de santé de référence pour la prise en charge. Car, à la clinique mobile nous ne pouvons pas assurer le traitement de la malnutrition. »

Cette procédure garantit une prise en charge adéquate des enfants en leur apportant des soins essentiels qui sauvent la vie. Elle permet également au district de répondre de manière efficace aux besoins de santé de la population. « Cette initiative de clinique mobile est un véritable soutien pour nous à Ségou. Elle nous a permis de rapprocher les soins des populations sinistrées, qui n’ont pas les moyens de se soigner », souligne Kadiatou Barry, la coordinatrice des équipes mobiles à Ségou. « Pour les enfants souffrant de malnutrition, ils sont soignés gratuitement dans notre centre de santé. »

Entre juillet et octobre 2024, près de 700 enfants souffrant de malnutrition ont été recensés dans les trois districts sanitaires de la région de Ségou. « La malnutrition affaiblit le système immunitaire des enfants, les rendant vulnérables aux maladies infectieuses. Afin d’éviter toute complication pour la santé de l’enfant, le dépistage rapide est essentiel », a affirmé le Dr Makan Kouma, coordonnateur régional de l’OMS dans la région de Ségou. « Le dépistage est également nécessaire pour prévenir le retard de croissance chez l’enfant. Les enfants souffrant de malnutrition aigüe sévère sont plus vulnérables aux maladies infectieuses courantes, telles que la diarrhée, le paludisme ou la rougeole, et présentent un risque élevé de décès. »

Après le dépistage, Mohamed a été référé au centre de santé communautaire, d’où il est sorti après 4 semaines de prise en charge. Un mécanisme de suivi est mis en place par le personnel de santé afin de prévenir les rechutes. « Après le traitement qui se fait avec des aliments thérapeutiques qui apportent rapidement des nutriments vitaux à l’enfant, nous assurons un suivi avec la maman sur le site d’habitation afin qu’elle suive scrupuleusement les conseils nutritionnels », explique Berthé Aïssata Traoré, coordonnatrice pour l’ONG Terre des hommes, partenaire d’exécution de l’OMS.

Des conseils que Séïdatou suit à la lettre. « Je lave bien mon enfant avec de l’eau propre et du savon. Je m'assure que ses vêtements sont propres et qu'il ne traîne pas dans des endroits sales », explique cette mère heureuse de constater l’amélioration de l’état de santé de son enfant. « Je rends grâce à Dieu. Au centre de santé communautaire, mon enfant a été bien traité et gratuitement. Les infirmières de la clinique mobile lui ont sauvé la vie. Il est en bonne santé maintenant », conclut-elle avec le sourire.