Mali : renforcer le système de santé pour mieux riposter à la crise sécuritaire
Bla – Habibata, originaire de Sofara, dans la région de Mopti, au centre du Mali, a vu sa vie basculer à la suite de la crise sécuritaire qui dévaste sa région. Elle a été contrainte de fuir son village laissant derrière elle tout ce qu’elle avait. « La première fois que des hommes armés ont fait irruption dans mon village, j’ai perdu trois membres de ma famille. Les attaques se sont multipliées, j’ai dû fuir comme les autres. Je suis partie sans rien pouvoir emporter et aujourd’hui je n’ai plus rien », relate Habibata, le visage triste.
L’histoire de Habibata n’est pas unique. Elle est similaire à celle de plus de 390 000 personnes déplacées internes qui ont dû quitter leur domicile à cause de la crise sécuritaire.
Depuis 2012, le Mali fait face à des défis sécuritaires et humanitaires, notamment dans le centre et le nord du pays, où des conflits communautaires et des attaques de groupes armés ont entrainé des déplacements massifs de populations mais aussi la destruction des infrastructures médicales, limitant l’accès aux soins indispensables aux populations.
Des centres de santé ferment en raison de l'insécurité. Dans les zones à défis sécuritaires, 1,4 % des formations sanitaires sont non fonctionnelles et 2 % partiellement fonctionnelles. Une autre conséquence de la crise sécuritaire sur la santé et le bien-être des populations est l’aggravation des maladies et épidémies du fait des déplacements massifs de populations, des conditions de vie insalubres et de la promiscuité.
Pour apporter les soins de qualité aux personnes déplacées et les sensibiliser afin de réduire les risques d’épidémie, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) avec l’appui du fonds CERF soutient l’initiative des cliniques mobiles. Il y a deux mois, Habibata a eu des problèmes de santé, avec sa situation précaire, elle ne pouvait pas se prendre en charge par ses propres moyens. Grâce à la clinique mobile elle a été soignée en toute quiétude. « Comme nous n’avons pas de moyens, avant nous nous soignons avec des produits traditionnels. Mais maintenant avec la clinique mobile, les consultations et les premiers soins sont gratuits », relate Habibata.
L’OMS, cheffe de file du groupe sectoriel en santé, joue un rôle essentiel dans la coordination des efforts pour appuyer les actions des autorités nationales dans la gestion des crises humanitaires, en permettant aux personnes déplacées d’avoir accès à des soins de santé de qualité. L’Organisation met à la disposition du Ministère de la santé des équipements médicaux et des médicaments pour la prise en charge gratuite des soins de santé. Elle mobilise aussi les ressources humaines nécessaires.
« L’OMS a déployé 22 médecins d’appui dans toutes les régions sanitaires du pays et a mis en place des cliniques mobiles et des postes médicaux avancés dans les régions les plus touchées par la crise sécuritaire. Le but étant de rapprocher les soins de santé des populations les plus vulnérables », a déclaré le Dr Cheick Oumar Koné, chargé des urgences au bureau de l’OMS au Mali. « La crise sécuritaire et ses conséquences sur la santé réduisent l'espérance de vie au sein des populations affectées et notre rôle est de faire de la santé pour tous une réalité en toute circonstance. »
Afin de prévenir les épidémies, l’OMS appuie la prévention et le contrôle des infections, la vaccination et la promotion de l’hygiène. Près de 20 000 personnes ont été sensibilisées dans le cadre de la prévention contre les maladies et plus de 4 000 enfants vaccinés entre 2023 et 2024 contre diverses maladies évitables par la vaccination parmi les populations déplacées. De même, des kits de choléra et traumatisme ont été prédisposés dans toutes les régions afin de mieux faire face à une éventuelle épidémie de choléra et aux afflux des blessés. Ces efforts visent à renforcer la résilience du système de santé du pays et à assurer une meilleure santé pour la population.
Par ailleurs, entre 2023 et 2024, près de 40 000 personnes ont bénéficié d’assistance médicale gratuite et plus de 3000 enfants souffrant de malnutrition ont été dépistés et pris en charge. Sur la même période, près de 25 000 consultations curatives ont été réalisées dans les régions de Kidal, Tombouctou et Ségou, qui sont les plus affectées par la crise sécuritaire. « L’appui de l’OMS en médicaments et la mise en place de structures sanitaires fonctionnelles permettent une bonne prise en charge gratuite des personnes déplacées », a souligné Dramane Coulibaly, Directeur régional du développement social et de l’économie solidaire à Ségou.
Depuis 3 ans, Mohamed, vit sur le site des déplacés à Sébougou avec ses huit enfants. Sa famille a toujours bénéficié de soins de santé gratuits, comme il le témoigne. « Nous avons dû fuir nos villages en raison des combats. Les équipes de santé nous assistent en permanence. Cela a été un soulagement pour nous », affirme Mohamed qui est le président du comité de gestion du site de Sébougou à Ségou. « J'ai toujours obtenu gratuitement des soins quand je suis malade. Il en est de même pour mes enfants et ces derniers ont été aussi vaccinés. »
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