En Mauritanie, des innovations numériques contribuent à la lutte contre le paludisme

En Mauritanie, des innovations numériques contribuent à la lutte contre le paludisme

Nouakchott – Fatimata, une mère de quatre enfants vivant dans la région de Kiffa, au sud de la Mauritanie, a longtemps souffert des effets dévastateurs du paludisme. « La fièvre, les frissons et les douleurs étaient insupportables. Je ne pouvais ni m'occuper de mes enfants ni aller travailler », se souvient-elle. Tout a changé lorsqu'elle a reçu ses premières moustiquaires.

« Les agents de santé sont venus dans notre village, ont enregistré les détails de notre ménage dans leurs téléphones et nous ont remis les moustiquaires. Depuis, nous dormons enfin en paix, sans les bourdonnements incessants et les piqûres de moustiques ont beaucoup diminué », raconte-t-elle.

En 2023, soutenue par l’Organisation mondiale de la Santé, la Mauritanie a distribué plus d’un million et demi de moustiquaires imprégnées d'insecticide à longue durée d'action (MILDA) dans 42 districts sanitaires des huit régions à forte incidence du paludisme, renforçant les efforts déployés en 2017 et en 2020. Ces moustiquaires, dont l'efficacité peut durer jusqu'à trois ans, avaient déjà permis de réduire significativement les cas de paludisme dans le pays. La campagne a aussi marqué un tournant dans l’utilisation d’outils numériques pour la collecte de données, la communication et le paiement électronique des travailleurs de la santé.

« Nous avons ciblé les huit districts les plus touchés en combinant des approches fixes et mobiles pour atteindre les communautés nomades », explique le Dr Amar Ely Salem, Coordinateur du programme national de lutte contre le paludisme. « Dans certaines régions ciblées, 40 à 50 % des cas suspects se révélaient positifs au paludisme, surtout pendant la saison des pluies. »

En Mauritanie, le paludisme demeure un fléau majeur, avec 212 000 cas recensés en 2022. Malgré les progrès, la maladie reste la deuxième cause de consultation, représentant 17 % des visites médicales dans le pays. Dans les huit régions endémiques, le paludisme constitue le premier motif de consultation en période de haute transmission saisonnière. L'utilisation des MILDA a sauvé des millions de vies, en particulier celles des enfants de moins de cinq ans, qui constituent 80 % des décès dus au paludisme dans la Région africaine.

La Mauritanie, dont le dernier recensement actualisé datait de 2013, a aussi bénéficié de l'introduction de technologies de suivi et d’évaluation. L'OMS a déployé 20 experts pour mettre en place des outils de collecte numérique et former les points focaux à leur utilisation.

Grâce au logiciel d'information sur la santé au niveau du district (DHIS2), une plateforme de collecte, de gestion et d'analyse des données, les agents ont pu saisir les informations en temps réel à l'aide de téléphones mobiles, de tablettes ou d'ordinateurs. Cette capacité a permis un suivi rapide et efficace des indicateurs de santé, tout en assurant une gestion centralisée et cohérente de la campagne.

« Grâce à ces nouveaux outils, nous avons pu dénombrer plus de 600 000 foyers et calculer un taux de couverture de 91 %, dépassant les estimations initiales », affirme le Dr Mohamed Soumaré Lassana, assistant technique régional de santé dans la région du Guidimakha.

« Ces données ont permis de détecter en temps réel les écarts et d’apporter rapidement des corrections.  »

Pour la première fois, des groupes de messagerie instantanée ont aussi été utilisés pour renforcer les capacités de près de 9 500 travailleurs de la santé, tandis que des réunions virtuelles quotidiennes ont assuré une coordination fluide des opérations de dénombrement et de distribution. Les prestataires ont été rémunérés via le paiement mobile, qui assure des transactions plus rapides et sécurisées que le paiement en espèces.

Avec cette campagne de distribution de MILDA, qui a permis de couvrir plus de 80% de la population des régions ciblées, il est attendu une réduction de 30% des cas de paludisme dans les huit Wilayas. D’où l’importance de la sensibilisation de la population à l’utilisation de ces moustiquaires.

« L'impact de cette campagne ne se limite pas à la réduction des cas de paludisme, elle marque également une avancée significative dans l'utilisation des outils numériques pour la santé publique, posant les bases pour des interventions plus efficaces à l'avenir », déclare la Dre Charlotte Faty Ndiaye, représentante de l’OMS en Mauritanie.

A Kiffa, les nuits de Fatimata sont paisibles. « Nous avons retrouvé la tranquillité d'esprit, sachant que nous sommes protégés. Dans mon village, les moustiquaires sont désormais un bien précieux », conclut Fatimata.

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