En Mauritanie, un premier déploiement réussi pour les équipes d’intervention en urgence
Nouakchott – Fin août 2022, il a fallu moins de 24 heures à trois équipes d’intervention d’urgence pour se rendre dans la vallée de Boutilimit, dans le sud de la Mauritanie. Les autorités sanitaires venaient tout juste de recevoir la notification de plusieurs cas de fausses-couches au sein de troupeaux de chameaux. « Ce genre d’évènements peut indiquer qu’il existe un risque potentiel d’épidémie de fièvre de la Vallée du Rift pour les humains », explique le Dr Abbad El Moctar Mohamed, médecin de santé publique et épidémiologiste au Ministère de la santé. « Il fallait agir vite pour éviter l’émergence d’épidémies dont les effets immédiats et les conséquences seront très graves pour la santé de nos populations. »
Auparavant, il fallait plus d’une semaine pour envoyer des équipes sur le terrain, ce qui compromettait la maîtrise des épidémies. Entre septembre et octobre 2020, la dernière épidémie de fièvre de la Vallée du Rift en Mauritanie avait ainsi entraîné 25 décès sur 78 cas confirmés. Deux mois après ce premier déploiement, l’épidémie semblait être sous contrôle : aucun cas de fièvre de la Vallée du Rift n’a été signalé depuis le 21 novembre 2022 et le nombre cumulé de cas confirmés a été limité à 52, pour 23 décès.
Cinquante experts formés par l’OMS
Ce déploiement en urgence était une première pour ces équipes tout juste formées dans le cadre du programme SURGE lancé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans les 47 pays de la Région africaine. Ce programme vise à renforcer les structures existantes dans les pays afin de contenir plus efficacement les crises, limiter l’interruption des services de santé essentiels, minimiser les effets économiques et sociaux et contribuer à élever le niveau de sécurité sanitaire, en particulier dans des situations de fragilité.
En juin dernier, cinquante experts des ministères de la santé, de l’élevage, de l’environnement et de la défense de Mauritanie avaient en effet été formés aux interventions sanitaires d’urgence. Des formations similaires ont également eu lieu au Botswana, au Niger, au Nigéria et au Togo.
« Les exercices de simulation se sont déroulés sur terrain au sein de trois formations sanitaires de façon à confronter les équipes à des environnements et contextes différents, en milieux urbain et semi-rural », expose le Dr Luigino Minikulu Mpia, coordinateur du projet SURGE en Mauritanie pour l’OMS. « Cela a été très utile car les rapports préliminaires de ce premier déploiement ont permis aux autorités de notifier à l’OMS le premier cas de l’actuelle épidémie de fièvre de la Vallée du Rift. Cela a aussi permis de prendre des décisions de santé publique complémentaires. »
Cette notification précoce a permis à l’OMS d’appuyer le déploiement d’autres équipes d’intervention d‘urgence et de coordonner les actions transfrontalières avec le Sénégal et le Mali voisins.
Composées d’un épidémiologiste de terrain, d’un urgentiste et d’un biologiste, les trois équipes déployées ont procédé, après la confirmation d’un cas de fièvre de la Vallée du Rift, à une enquête sur son entourage afin de retrouver d’éventuels cas suspects et d’effectuer des tests. Les équipes ont pu améliorer le système de détection, de notification et d’acheminement des échantillons sanguins. De plus, elles ont tenu les autorités sanitaires locales informées de la situation et ont impliqué le Wali (gouverneur de la région) dans la sensibilisation des populations à l’importance de la prévention et du contrôle des maladies.
Une meilleure prise en charge des patients
« L’équipe SURGE est arrivée le lendemain de la notification de cas suspects de fièvre hémorragiques virales », se souvient le Dr Mohamed Ahmed, directeur régional de la santé de Hodh Ech Chargui. « Durant le séjour de l’équipe, mes six collaborateurs ont été formés à la prise en charge médicale et aux mesures de prévention et de contrôle de l’infection en milieu hospitalier. Depuis lors, nous avons de meilleurs résultats en termes d’amélioration de la prise en charge et du remplissage du dossier des malades. »
En une semaine de déploiement, les équipes SURGE de Mauritanie ont par ailleurs recensé 532 cas de diarrhées, 477 cas de fièvres, six cas de paludisme et trois de COVID-19.
« La formation des équipes SURGE a été très utile car nous avons pu répondre aux questions et préoccupations des équipes régionales, du médecin-chef aux praticiens hospitaliers, en passant par les responsables de banques de sang et les pharmaciens. Nous avons aussi pu élaborer un plan de riposte pour les structures primaires et la Direction régionale de santé, ainsi qu’un plan de prise en charge des patients pour les hôpitaux », détaille le Dr Abbad El Moctar Mohamed.
Cette première mission a par ailleurs mis en lumière certaines lacunes, comme la pénurie de sang nécessaire aux transfusions, des capacités insuffisantes en services de réanimations dans les hôpitaux, l’absence de bases de données épidémiologiques et des pénuries d’oxygène médical.
Depuis ce premier déploiement, sept autres missions d’urgence ont eu lieu. Par la suite, les autorités sanitaires ont entrepris de revoir leur plan de riposte aux fièvres hémorragiques virales et des formations en soins intensifs et en réanimation sont organisées à travers le pays avec l’appui des experts de l’OMS Afrique et de la Société de réanimation de langue française (SRLF). Par ailleurs, la Mauritanie mène le plaidoyer auprès des partenaires pour la décentralisation des banques de sang et la construction de nouvelles unités de production d’oxygène.
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