La Mauritanie en route vers zéro cas de lèpre
Nouakchott – Depuis 2010, la Mauritanie connait une réduction significative des cas de lèpre grâce aux efforts soutenus qui ont permis d’améliorer la prévention, la détection et la prise en charge des cas. Seuls 17 nouveaux cas ont été enregistrés en 2023, une baisse considérable par rapport au 42 nouveaux cas recensés en 2010.
La stratégie nationale de lutte contre la lèpre en Mauritanie repose sur des piliers comme la prévention, le dépistage actif, la prise en charge des complications et la lutte contre la stigmatisation.
La lèpre est une infection bactérienne, qui affecte principalement la peau, les nerfs et les muqueuses. Elle peut causer des handicaps graves si elle n’est pas dépistée précocement et traitée à temps.
Mariam*, 40 ans, réside à Arafat dans la capitale mauritanienne. Elle a été diagnostiquée de la maladie en 2022. Au départ, elle pensait à un simple problème dermatologique. « J’ai été surprise par le diagnostic de la lèpre, mais j’ai décidé de rester calme et de me concentrer sur le traitement. Le plus dur, c’était de faire face à la stigmatisation : les regards et les jugements des autres étaient parfois très lourds à supporter. »
Dans les communautés à risque, notamment celles où le niveau socio-économique est bas et l’accès aux soins de santé est limité, un système de dépistage actif permet de détecter les cas à un stade précoce, augmentant ainsi les chances de guérison sans séquelles et limitant la propagation de la maladie. « Pour être efficace, le traitement doit être suivi jusqu'à son terme, entre 6 et 12 mois, selon la gravité du cas. Un malade sous traitement n'est plus contagieux », explique le Dr Salma Yahya, dermatologue et responsable du diagnostic et du traitement des patients atteints de lèpre au Centre hospitalier national de Nouakchott.
Des arguments que le personnel de santé et les agents de santé communautaire utilisent pour sensibiliser la population contre la stigmatisation, afin de réduire les préjugés et encourager les malades à consulter rapidement sans peur ni honte. « Nous veillons à ce que toutes les personnes touchées par cette maladie, où qu’elles se trouvent, aient des chances égales d’être diagnostiquées et traitées », relève le Dr Elhadj Malick Kane, coordinateur du Programme national de lutte contre la tuberculose et la lèpre.
La Mauritanie a éliminé la lèpre en tant que problème de santé publique avant les années 2000. Ce succès du pays est le fruit de multiples efforts consentis par le Ministère de la santé et ses partenaires dont l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
L'OMS accompagne la Mauritanie dans la mise en œuvre de sa stratégie de lutte contre la lèpre. Ainsi, plus de 30 professionnels de santé ont été formés pour le diagnostic précoce et un traitement efficace. L’Organisation met gratuitement à disposition du pays, des médicaments pour la prise en charge des patients. Elle appuie aussi la recherche, l’examen et le traitement préventif des contacts au sein des familles et des communautés pour interrompre la transmission. Grâce à une approche holistique alliant traitement médical, éducation et suivi des patients, le taux d’achèvement du traitement était à plus de 90 % en 2023.
« La gratuité du traitement a permis de guérir des milliers de patients. Nous poursuivons nos efforts pour accompagner le pays vers l’interruption de la transmission et l’élimination complète de la lèpre, grâce à un dépistage précoce, un traitement efficace et une sensibilisation communautaire renforcée », a déclaré le Dr Babacar Dieye, chargé des maladies tropicales négligées (MTN) au bureau de l'OMS en Mauritanie. « Nos actions s’étendent à toutes les maladies tropicales négligées afin de renforcer le système de santé du pays et améliorer durablement la qualité de vie des populations. »
Le pays renforce les actions visant l’interruption de la transmission et zéro cas de lèpre sur son territoire, et la lutte contre la stigmatisation constitue un volet clé pour atteindre ces objectifs. « La lèpre est souvent perçue comme une maladie toujours invalidante, et beaucoup pensent à tort qu'elle a été éradiquée. Cette méconnaissance alimente la stigmatisation », souligne le Dr Yahya. « Avec les campagnes de sensibilisation, la population comprend mieux la maladie, et cela contribue à réduire la stigmatisation. »
La Mauritanie a également intégré le dépistage et le traitement de la lèpre dans son programme global de lutte contre les MTN. De plus, la surveillance post-traitement permet de limiter les récidives et de gérer les complications inflammatoires, minimisant le risque de réapparition de la maladie. « J’avais des rendez-vous mensuels pour surveiller ma santé et ajuster le traitement si nécessaire », témoigne Mariam. « Mon médecin répondait toujours à mes questions et me rassurait sur le traitement et le suivi. La qualité des soins que j'ai reçus était excellente. »
* Nom d’emprunt
Chargée de communication
Bureau régional pour l'Afrique
Email: lawsonagbluluf [at] who.int (lawsonagbluluf[at]who[dot]int)
Communication Officer
WHO Mauritania
Email: tandiak [at] who.int (tandiak[at]who[dot]int)