Réduire la mortalité maternelle
Maputo – Depuis 2018, Maulete Joaquim a vécu deux accouchements sans complication à l’hôpital rural de Songo, dans la province de Tete, à l’ouest du Mozambique, où elle a donné naissance à sa plus jeune fille en 2023. « L’hôpital prend vraiment bien soin de ses patients », dit-elle. « Tout s’est bien passé et nous nous portons bien tous les trois. »
Pendant plusieurs années, la situation était bien différente pour les femmes au Mozambique. Une guerre civile prolongée avait gravement affecté les services de santé publique et les infrastructures. Ce lourd héritage a conduit le Mozambique, en l’an 2000, à enregistrer l’un des taux de mortalité maternelle les plus élevés au monde, avec environ une femme sur 160 décédant des suites de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement.
Cependant, le pays a depuis réalisé des avancées remarquables pour inverser cette tendance, faisant de la santé maternelle une priorité à l’échelle nationale et sauvant ainsi la vie de milliers de femmes comme Maulete. En 2023, le taux de mortalité maternelle au Mozambique s’élevait à 223 décès pour 100 000 naissances vivantes, soit une réduction de plus de 50 % par rapport à l’an 2000.
Plusieurs interventions essentielles ont contribué à cette transformation radicale. Les autorités sanitaires ont déployé des efforts concertés pour développer les infrastructures et renforcer les effectifs du secteur de la santé. Entre 2017 et 2021, 106 nouveaux centres de santé ont été ouverts à travers le pays, ce qui a amélioré l’accès aux soins de santé. Au cours de cette même période, les effectifs du secteur de la santé ont augmenté d’environ 15 %, suivis d’une hausse similaire du nombre de techniciens de santé.
« L’hôpital prend vraiment bien soin de ses patients. Tout s’est bien passé et nous nous portons bien tous les trois. » Maulete Joaquim, mère.
« L’une des initiatives ayant eu le plus d’impact a été la formation des infirmières spécialisées en santé maternelle et infantile. Elles jouent un rôle très important », affirme le Dr Caetano Pereira, président du comité national sur les décès maternels, néonatals et périnatals au Ministère de la santé. « Aujourd’hui, nous essayons d’étendre cette formation afin de couvrir un plus grand nombre de zones de santé, en particulier en milieu rural, où les besoins des femmes sont les plus urgents. »
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a joué un rôle clé en soutenant le Mozambique dans ses efforts pour atteindre l’objectif ambitieux de développement durable des Nations Unies relatif à la mortalité maternelle, qui vise à réduire ce taux à moins de 70 décès pour 100 000 naissances vivantes d’ici à 2030.
L’OMS a soutenu la mise en place au niveau national d’un système de surveillance et d’intervention en cas de décès maternel, qui comprend l’identification, la notification, la discussion et l’action pour chaque décès. Ce système est essentiel pour réduire le taux de mortalité maternelle car il permet d’identifier les mesures nécessaires afin d’éviter la répétition de tragédies.
« L’objectif demeure d’augmenter le nombre d’accouchements ayant lieu dans les centres de santé. » Dosmin Quintino, Directeur, Centre de santé Maroeira, Songo.
En 2019, l’OMS a apporté un soutien technique et financier au Ministère de la santé pour actualiser le kit de formation sur les soins obstétricaux et néonatals d’urgence, suivi de la formation de 40 formateurs nationaux répartis dans les 11 provinces du Mozambique.
En 2021, l’OMS a également collaboré avec les autorités sanitaires pour élaborer une stratégie globale de santé communautaire. Le Ministère de la santé a commencé à mettre en œuvre cette stratégie en 2022, initialement dans six provinces, et l’a ensuite étendue à l’ensemble des dix provinces, en mettant particulièrement l’accent sur le renforcement des capacités des agents de santé communautaires pour l’identification précoce des risques chez les femmes enceintes et leur orientation rapide vers les centres de santé.
Jorge Camilo Guemo, agent de santé communautaire à Songo, est l’un des 167 bénéficiaires de cette formation axée sur les compétences, dispensée par le Ministère de la santé avec le soutien de l’OMS. Grâce à cette formation, il a acquis des compétences essentielles en matière d’identification des maladies, d’administration des premiers soins, de suivi des populations et de mobilisation communautaire.
À ce sujet, Jorge souligne que cette formation a permis aux agents de santé communautaires d’encourager un plus grand nombre de femmes à se rendre dans les centres de santé pour le suivi de leur grossesse, et ainsi, d’accoucher en toute sécurité.
« Nous informons les femmes enceintes de l’importance de se rendre au centre de santé le plus proche dès le troisième mois de grossesse pour déclarer leur état. Dès lors, la santé de la mère et du bébé sera suivie régulièrement jusqu’à la naissance », explique-t-il. « Autrefois, de nombreuses femmes ne bénéficiaient d’aucun suivi et accouchaient à domicile, ce qui contribuait à la mortalité maternelle, car les soins à domicile ne sont pas comparables à ceux dispensés dans un centre de santé. Mais aujourd’hui, la situation s’est nettement améliorée. »
Une étude récente du programme d’Enquêtes démographiques et sanitaires démontre que l’expérience de Jorge à Songo illustre les changements similaires observés dans l’ensemble du pays. Selon cette étude, en 2023, 65 % des naissances vivantes au Mozambique ont eu lieu dans des centres de santé, contre 50 % en 2003. L’importance de cette augmentation est soulignée par le fait que, dans le pays, le taux de mortalité maternelle est deux fois plus élevé pour les naissances qui se déroulent en dehors des centres de santé.
« L’objectif demeure d’augmenter le nombre d’accouchements ayant lieu dans les centres de santé », déclare Dosmin Quintino, Directeur du centre de santé Maroeira à Songo. « Chaque jour, nous faisons passer ce message au sein de la communauté et, avec leur collaboration, nous observons des progrès significatifs. »
« Le Mozambique a déployé des efforts louables pour réduire la mortalité maternelle », souligne le Dr Severin Ritter Von Xylander, Représentant de l’OMS au Mozambique. « Si le pays parvient à maintenir le rythme de réduction annuel observé au cours des cinq dernières années, il pourrait atteindre l’objectif de développement durable relatif à la mortalité maternelle d’ici à 2030, et ainsi sauver de nombreuses vies. »