Les équipes d'urgence s'entraînent à prévenir et à lutter contre l'exploitation, les abus et le harcèlement sexuels

Les équipes d'urgence s'entraînent à prévenir et à lutter contre l'exploitation, les abus et le harcèlement sexuels

Niamey - Étant l'une des toutes premières femmes chirurgiennes urologues en Afrique sub-saharienne, la Dre Médina NDoye est régulièrement confrontée à l'étonnement des étudiants quant à son choix d'embrasser une "spécialité masculine".

« Malheureusement, il s'agit d'un stéréotype bien ancré dans la mentalité des gens et étonnamment assez répandu dans la communauté médicale également », explique la Dre Ndoye. « En tant que femme urologue, plonger chaque jour dans ce monde dominé par les hommes me donne l'impression d'apporter une réponse concrète pour combattre ce préjugé sexiste. »

Pour aider à lutter contre d'autres problèmes liés au genre, la chirurgienne urologue Sénégalaise a récemment coanimé une formation sur la violence sexiste que l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a organisée à Niamey, au Niger.

Conformément à la « politique de tolérance zéro » de l'OMS à l'égard de l'exploitation, des abus et du harcèlement sexuels, à son mandat sur la violence à l'égard des femmes et des filles dans le cadre de son plan d'action mondial et à son engagement minimal de fournir des services aux survivants de la violence sexiste par l'intermédiaire du groupe sectoriel Santé, la formation intégrée sur la violence basée sur le genre et la prévention et la lutte contre l'exploitation, les abus et le harcèlement sexuels fait partie du projet de l'OMS. Ce projet vise à améliorer la capacité de tous les États membres de la Région africaine à mieux se préparer, détecter et répondre aux urgences de santé publique.

Pendant dix jours, 150 membres des équipes de crise du Niger, de la Mauritanie et du Togo, comprenant des épidémiologistes, spécialistes de la santé, vétérinaires, pompiers, policiers et autres fonctionnaires de divers ministères, ont été formés à la violence basée sur le genre et à la manière de prévenir et de signaler l'exploitation, les abus et le harcèlement sexuels par les coordonnateurs régionaux contre la violence basée sur le genre et la prévention et la réponse à l'exploitation, aux abus et au harcèlement sexuels.

L'exploitation sexuelle désigne tout abus, réel ou tenté, d'une position de vulnérabilité, d'une différence de pouvoir ou de confiance à des fins sexuelles. L'abus sexuel désigne l'intrusion physique réelle ou menacée de nature sexuelle, que ce soit par la force ou dans des conditions inégales ou coercitives.

Francesca Paola Crabu, Coordinatrice régionale de l'OMS pour l'Afrique chargée de la prévention et de la lutte contre l'exploitation, les abus et le harcèlement sexuels, note que la collaboration étroite avec les communautés est un élément clé des interventions des équipes d'urgence, qui reposent sur la confiance entre les experts de la santé et les communautés. Si cette relation de confiance est rompue par l'abus et l'exploitation sexuels, cela cause un préjudice supplémentaire aux populations déjà vulnérables et crée des obstacles. En fin de compte, cela entrave la capacité d'aide des équipes d'urgence.

Lors des récentes flambées épidémiques dans la Région, l'OMS a commencé à mettre en place des mécanismes de prévention et de lutte contre l'exploitation et les abus sexuels, notamment une sensibilisation massive au sein des communautés et des événements d'apprentissage continu par la désignation de points focaux communautaires. Ces points focaux sont essentiels en tant que " pont " sûr et culturellement accepté entre les communautés et l'OMS et le système humanitaire. Des organisations dirigées par des femmes, des chefs religieux et divers responsables d'écoles et d'universités ont été formés pour aider l'OMS à sensibiliser les communautés aux six principes du Comité permanent inter-organisations sur la prévention et la lutte contre l'exploitation, les abus et le harcèlement sexuels.

En outre, chaque membre du personnel de l'OMS qui doit être déployé pour une mission d'urgence ou de travail général doit désormais participer à une session de formation sur la prévention et la lutte contre l'exploitation, les abus et le harcèlement sexuels.

« Bien que j'occupe un poste de haut niveau au ministère de la Santé depuis 10 ans, c'est la première fois que j'entends parler de la violence basée sur le genre et de la prévention et la lutte contre l'exploitation, les abus et le harcèlement sexuels », déclare le Dr Aboubacar Gandou Issiakou, coordonnateur des opérations d'urgence du Centre de santé publique au Ministère de la Santé du Niger et récent participant à la formation. « Après cette formation, je vais plaider au sein de mon ministère pour établir des procédures opérationnelles standard, former tout le personnel et inclure un module sur la violence basée sur le genre et le PRSEAH dans le programme d'études au niveau universitaire. »

Les femmes leaders dans les interventions d'urgence font la différence

Il reste un long chemin à parcourir pour que les équipes d'urgence de l'OMS soient paritaires. Il est essentiel que des femmes occupent des postes de direction dans les interventions d'urgence pour lutter contre les stéréotypes et prévenir les comportements sexuels répréhensibles, explique Mme Crabu.

Au Niger, le médecin et lieutenant-colonel Habibatou Ide Amadou a été désignée pour diriger l'équipe nationale d'urgence. Forte de plus de 25 ans d'expérience, notamment au sein d'opérations de maintien de la paix des Nations Unies, associée à sa formation de pédiatre et d'épidémiologiste, elle s'engage à faire en sorte que la prévention et la réponse à la violence basée sur le genre et au PRSEAH soient une priorité absolue pour chaque personne travaillant dans une situation d'urgence. « Lorsqu'il y a des femmes de haut rang dans les situations d'urgence, les hommes ont un comportement moins dégradant envers les femmes et les filles. Les membres de la communauté se sentent plus à l'aise pour partager leurs préoccupations », dit-elle. « Cette formation arrive à point nommé. Depuis que nous l'avons commencée, les hommes sont de plus en plus à l'aise pour parler avec les femmes et reconnaître leurs compétences. »

À la fin du mois d'août, la formation sur le programme SURGE au Botswana clôturera le premier lot des pays pilotes. La prochaine étape consistera à déployer la formation SURGE dans toute la Région et à augmenter le nombre d'experts en violence basée sur le genre et en PRSEAH qui seront déployés au sein des équipes d'urgence sanitaire. L'impact de la formation sera visible tout au long des opérations, avec l'intégration de la violence basée sur le genre et du PRSEAH dans les plans d'action.

Lors des formations au Niger, en Mauritanie et au Togo, les participants à la formation SURGE ont rédigé un plan de travail pour chaque pays représenté et en ont discuté ensemble de manière constructive. À l'avenir, tous les membres de l'équipe SURGE ont signé un code de conduite visant à prévenir l'exploitation, les abus et le harcèlement sexuels. Les efforts visant à introduire la violence basée sur le genre et le PRSEAH au niveau gouvernemental sont également en cours.
 

Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Meenakshi Dalal

Chargée de relations avec les média
Bureau Régional de l'OMS pour l'Afrique
Email: dalalm [at] who.int (dalalm[at]who[dot]int)
Tél : +254 703 254 761 (WhatsApp)

Vincent Defait

Communication Officer
Regional Office for Africa
Email: defaitv [at] who.int (defaitv[at]who[dot]int)