Niger : améliorer l’accès aux services pour réduire la mortalité maternelle
Niamey – Lorsque Aichatou, âgée de 19 ans et originaire de Birni dans la région de Dosso, a découvert qu'elle était enceinte de son premier enfant en 2023, son souhait était de vivre une grossesse et un accouchement sans complications. Mais elle hésitait à se rendre au centre de santé. « Mes sœurs me disaient que le personnel n’accordait pas suffisamment d’attention aux femmes lors des consultations prénatales, et que les soins étaient lents », raconte-t-elle.
Alors que le taux de mortalité maternelle reste encore élevé, estimé à 441 pour 100 000 naissances vivantes en 2020. Le taux de mortalité néonatale a quant à lui augmenté, passant de 24 à 43 décès pour 1000 naissances vivantes entre 2012 en 2021. En 2021, seulement 43 % des naissances ont été assistées par un personnel de santé qualifié, ce qui révèle l’urgence d’améliorer l’accès aux soins.
Selon le rapport 2023 sur la Surveillance des décès maternels périnatals et riposte (SDMPR), les principales causes directes de décès maternels au Niger sont notamment les hémorragies (34 %), les troubles de l’hypertention (28 %), les infections (24 %) et les accouchements difficiles (3 %). Bien que ces causes soient largement évitables, beaucoup de femmes accouchent encore à domicile, loin des structures de santé. Cette situation est accentuée par une faible couverture sanitaire de 55,45 % en 2023, indique le rapport 2023 du Système national de l'information sanitaire (SNIS).
Face à cette situation, le Ministère de la santé publique, de la population et des affaires sociales, en collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’appui du Fonds Muskoka, a lancé en 2023 le projet de promotion de soins intégrés obstétricaux et néonatals essentiels (SONNE). Il vise à améliorer la santé maternelle et néonatale et est exécuté par l'ONG Action pour le bien-être (APBE) dans les régions de Dosso et de Zinder.
Le projet SONNE est mis en œuvre dans quatre formations sanitaires par région notamment dans deux centres de santé intégrés, un hôpital de district et un centre de santé mère-enfant. Pour renforcer l'accès aux services, 22 professionnels en santé maternelle et néonatale et 100 relais communautaires ont été formés. Les relais communautaires, dont la mission est de sensibiliser les communautés sur la santé de la reproduction surtout les femmes en âge de procréer, jouent un rôle clé en incitant les femmes enceintes à se rendre en consultation prénatale. Ils font du porte-à-porte pour rendre visite aux femmes enceintes et les invitent à accoucher dans des centres de santé avec l’assistance d’un personnel qualifié.
« Avant le programme SONNE, beaucoup de femmes accouchaient à la maison, sans aide médicale. Aujourd'hui, je les encourage à consulter régulièrement dès le début de la grossesse et à accoucher au centre de santé. Grâce à la sensibilisation, les femmes prennent plus de responsabilités envers leur santé et celle de leurs enfants », explique Hadiza, qui fait partie des relais communautaires formés à Dosso.
Grâce aux efforts de sensibilisation menés dans les communautés, le nombre d’utilisatrices des services a augmenté de 40 % entre 2022 et 2023 dans les formations sanitaires de la zone d’intervention de la région de Dosso.
« Depuis la formation, nous avons amélioré la qualité des soins que nous offrons. Non seulement les mères viennent plus régulièrement consulter, mais elles sont aussi mieux informées sur l'importance de l'accouchement en milieu sécurisé. C'est un changement de mentalité qui porte ses fruits et nous voyons de plus en plus de bébés naître en bonne santé », affirme Boubacar Halima, responsable du Centre de santé intégré de Birni.
L’OMS et ses partenaires accompagnent le renforcement des services en faveur de la santé maternelle et néonatale. Grâce au projet SONNE, les centres de santé enrôlés ont été équipé en outils essentiels pour la prise en charge des nouveau-nés, tels que des tables chauffantes et des bandeaux kangourous, essentiels pour prévenir l’hypothermie chez les bébés prématurés ou de faible poids.
L’Organisation a soutenu la mise en place d’un système de surveillance des décès maternels et néonatals, qui permet de signaler rapidement les décès, de comprendre leurs causes et de prendre des mesures correctives pour rendre les soins meilleurs. « L’audit des décès maternels contribue à la réduction de la mortalité maternelle à travers des services qui sont constamment améliorés », explique la Dre Laouali Aissatou, responsable du programme santé maternelle et néonatale à l’OMS Niger. « Grâce à ce cadre de surveillance, l’OMS soutient le pays dans le renforcement de l’analyse des tendances de mortalité et l’ajustement des politiques de santé afin de réduire le taux de mortalité maternelle et néonatale. »
Le programme SONNE constitue une avancée majeure vers de meilleurs de soins de santé pour les mères et les nouveau-nés au Niger. Ce programme est un soutien essentiel qui, à long terme, peut véritablement changer la donne et offrir une chance de vie à des milliers de mères et de nouveau-nés. Grâce à des soins de qualité, une sensibilisation renforcée et un suivi constant, des vies sont sauvées.
Aujourd'hui, la situation a changé. Aichatou, qui a été accompagnée par Hadiza, a pu bénéficier de consultations prénatales, d’un suivi attentif, et d’un accouchement sécurisé. « Tout le monde était à l'écoute. Je suis allée aux consultations prénatales et c’est tout le contraire de ce qu’on m’avait dit. Les sage-femmes sont si gentilles et mon accouchement s’est bien passé », confie-t-elle. « Je conseille à toutes les femmes enceintes de ne plus accoucher à la maison. Avec une bonne assistance, on quitte le centre de santé en pleine forme avec un bébé en bonne santé, c'est ce qui compte vraiment. »
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