Le Sénégal se tourne vers les réseaux sociaux pour encourager le don de sang
Dakar - Comme de nombreux pays, le Sénégal a connu un pic d'utilisation des réseaux sociaux pendant la pandémie de COVID-19. 82 % des Sénégalais possèdent un smartphone et 58 % sont des utilisateurs réguliers d'Internet.
Les plateformes sociales sont donc l’endroit idéal pour aborder un autre problème de santé : la diminution du don de sang pour les interventions vitales.
Une initiative lancée par le Centre national de transfusion sanguine (CNTS) du Sénégal et soutenue par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) vise à profiter de l'utilisation fulgurante des réseaux sociaux dans le pays pour encourager davantage de personnes à donner régulièrement leur sang.
« La COVID-19 a mis à rude épreuve notre infrastructure sanitaire, rendant plus difficile le maintien des banques de sang dont beaucoup de personnes dépendent », explique le directeur du CNTS, le professeur Saliou Diop. « Mais en même temps, l'augmentation de l'utilisation des réseaux sociaux pendant la pandémie a été perçue comme une opportunité d'attirer l'attention des gens sur une crise collatérale et qu'ils ont en fait le pouvoir de prévenir. »
Avec le soutien de l'OMS, le CNTS a établi un partenariat avec Facebook pour aider les banques de sang du pays à se connecter plus rapidement et plus facilement avec les donneurs. Grâce à une page Facebook dédiée, les utilisateurs peuvent s'informer sur le processus du don de sang en toute sécurité et identifier le site de prélèvement le plus proche. La page compte actuellement plus de 27 000 adeptes.
La campagne ne s'arrête pas là. Sur Twitter, le CNTS publie régulièrement des informations et des statistiques sur les donneurs, tout en répondant aux questions du public sur le processus du don de sang. Cette page a attiré plus de 6000 abonnés. Par ailleurs, 800 personnes suivent la campagne via le compte Instagram du CNTS.
Au début de la pandémie, les dons de sang au Sénégal ont chuté de 75 %. La campagne sur les réseaux sociaux du CNTS a permis de retrouver une augmentation annuelle de 10 %. Entre 2020 et 2021, les dons ont augmenté de 11 %.
En outre, le CNTS a sollicité le soutien de plusieurs influenceurs pour appeler leurs abonnées à contribuer aux banques de sang du Sénégal. Les résultats ont été impressionnants : une collecte de sang de trois jours en mars 2021 a permis de collecter 1500 dons, soit cinq fois plus que le taux habituel.
Les femmes et les jeunes ont été particulièrement visés par la campagne.
« Nous espérons encourager davantage de donneurs réguliers parmi ces groupes », indique le professeur Diop. « Le développement d'une filière de dons réguliers rendra le Sénégal plus autosuffisant et garantira le maintien d'un approvisionnement en sang suffisant pour les moments de forte demande. »
Les taux du don de sang varient considérablement d'un pays à l'autre. Selon les chiffres de l'OMS pour 2020, quelques 31,5 personnes sur 1000 dans les pays à revenu élevé donnent leur sang. En revanche, seules cinq personnes sur 1000 dans les pays à faible revenu sont des donneurs de sang.
Les conséquences des pénuries de sang peuvent être graves. Un approvisionnement adéquat et fiable en sang est indispensable aux interventions de soins critiques, tels que la transfusion pour prévenir les risques de mortalité maternelle due aux hémorragies post-partum, le traitement de l'anémie chez les enfants et la lutte contre les maladies non transmissibles comme le cancer et l'insuffisance rénale.
En plus de faciliter le partenariat avec Facebook, l'OMS a organisé des séminaires d'information, offert des conseils pour conserver les réserves de sang lors d'événements de santé publique tels que les pandémies, et lancé des campagnes de sensibilisation autour de la Journée mondiale du don de sang.
Pour le professeur Diop, cette augmentation du nombre de donneurs de sang et des dons incarne l'esprit de responsabilité civique des Sénégalais.
« Grâce à la générosité et à la sollicitude de nos concitoyens, nous pouvons contribuer de manière significative à la couverture sanitaire universelle et à un système de santé plus efficace et plus résilient pour notre pays », dit-il.
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