Diourbel – Le Sénégal a célébré ce samedi 06 mai 2023 la seizième journée mondiale de lutte contre le paludisme (JMP) dans le district de Diourbel, à 160 km de Dakar, sous le thème, « Il est temps de parvenir à zéro cas de paludisme : investir, innover et mettre en œuvre ».

La célébration de cette journée a été l’occasion pour le gouvernement du Sénégal d’annoncer sa décision de mobiliser désormais les ressources étatiques pour l’achat des intrants pour le diagnostic et la prise en charge du paludisme. Désormais le pays va assurer le payement intégral des médicaments antipaludiques, une initiative saluée à sa juste valeur par l’assistance et les partenaires, a fait savoir le coordonnateur du programme national de lutte contre le paludisme. Une décision qui s’inscrit dans les efforts du pays visant l’éradication du paludisme.

Le Gouverneur de la région de Diourbel, M. Abdoulaye Ndiaye, au nom du Ministre de la santé et de l’action sociale a réaffirmé que l’objectif du Sénégal reste l’élimination du paludisme d’ici à 2030. Pour ce faire, le pays adopte des stratégies à efficacité prouvée recommandées par l’OMS. « Le traitement préventif intermittent chez la femme enceinte, la distribution et l’utilisation des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (MILDA), les campagnes annuelles de chimio prévention du paludisme saisonnier dans les zones cibles et enfin la prise en charge des cas de paludisme à Domicile (PECADOM) ont contribué de façon décisive au contrôle du paludisme et à sa pré élimination dans plusieurs districts sanitaires du pays », a-t-il souligné.

Les efforts du Gouvernement du Sénégal et de ses partenaires dans la lutte contre le paludisme donnent des résultats encourageants avec une évolution satisfaisante des indicateurs de morbidité et de mortalité entre 2016 et 2019. Ainsi, l’incidence du paludisme a baissé de 8 % entre 2018 et 2021 et le nombre de décès dus au paludisme a baissé de 28 % dans la population générale. Les taux de réalisation des tests ont atteint des performances supérieures à 99 % et la dispensation des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (ACT) est à 97 % au niveau des structures sanitaires et au niveau communautaire. Toutefois, malgré les progrès sus mentionnés, le pays ne figure pas encore sur la liste des pays qui sont sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de la stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016 – 2030. C’est pourquoi, l’OMS et les partenaires plaident pour l’accélération des efforts vers l’élimination du paludisme au Sénégal.

« Malgré la baisse importante du nombre de cas à l’échelle nationale, des régions comme Kolda, Tambacounda et Kédougou continuent de porter le fardeau du paludisme et méritent une attention particulière. Devant cette situation, il sied de renforcer les interventions dans ces localités en ciblant les groupes à risques et à travers des approches de micro-stratification et d’analyse ciblée », a déclaré Dr Vincent Sodjinou, chargé du Bureau de l’OMS au Sénégal. Il a aussi insisté sur l’amélioration de la mobilisation des ressources notamment domestiques pour renforcer la lutte contre le paludisme. Il a, par ailleurs, renouvelé la disponibilité de l’OMS et des partenaires techniques et financiers à poursuivre leurs appuis au gouvernement du Sénégal pour l’élimination du paludisme d’ici à 2030.  

La journée de lutte contre le paludisme est une occasion pour rappeler l’ampleur et la gravité du paludisme ainsi que ses répercussions tant sur la vie des communautés que sur le développement économique des pays. En effet, la Région africaine de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a enregistré, à elle seule, 234 millions de cas de paludisme et 593 000 décès en 2021. Cela signifie que notre Région supporte la plus lourde charge de morbidité et de mortalité palustres, avec plus de 95 % des cas et 96 % des décès notifiés dans le monde. « Le paludisme est une maladie tenace et meurtrière qui a arraché, à chacun de nous ici présents, un proche parent, un ami ou un être cher dans les dernières années », a indiqué le président du Conseil départemental de Diourbel, M. Khadim Gueye. Pour lui, « le paludisme est toujours là. La lutte doit être nationale, la sensibilisation et le respect des protocoles sont les devoirs de tous. C’est ce qui justifie l’implication par le Ministère de la santé de tous les acteurs pour créer l’harmonie et les conditions nécessaires pour l’élimination de cette maladie. »

Les acteurs communautaires constituent un maillon fort de la lutte contre le paludisme au Sénégal. Massivement représentés à cette manifestation, certains d’entre eux ont été décorés pour leur contribution au quotidien dans la mise en œuvre des stratégies nationales visant l’élimination du paludisme. Fiers de cette reconnaissance, ils se sont engagés à redoubler d’efforts pour l’élimination du paludisme au Sénégal. 

En reconnaissance de leur apport technique et financier, plusieurs partenaires et donateurs du programme national de lutte contre le paludisme ont également reçu des distinctions honorifiques lors de la manifestation.