Une amélioration de la santé des populations observée en Casamance, zone sud du Sénégal, grâce au renforcement des systèmes de santé
Dans ces régions du sud où une bonne partie de la population vit dans des zones difficilement accessibles, on retrouve des systèmes de santé renforcés par la forte contribution des acteurs de santé communautaire. Ce sont, entre autres, des relais communautaires, des matrones et des « Bajenu Gox » ou marraines de quartier qui, sous la supervision des agents de santé, fournissent des soins communautaires préventifs, promotionnels et curatifs.
Cette approche de la santé communautaire s’appuie sur la politique définie depuis 2013, par la cellule de santé communautaire du Ministère de la Santé et de l’Action Sociale du Sénégal, qui vise la réduction de la morbidité et de la mortalité, avec la pleine participation des communautés.
L’OMS accompagne le Ministère de la Santé et de l’Action Sociale du Sénégal avec les Fonds Français MUSKOKA afin d’améliorer les indicateurs de la santé et le bien-être des femmes, nouveau-nés, enfants et adolescent(es) dans le pays. Cet accompagnement passe par la formation des équipes cadres de district qui, à leur tour forment les acteurs de santé communautaires tels que les « Bajenu Gox ».
Femmes au service de leur communauté, les « Bajenu Gox » ont fait leur preuve dans la contribution à la réduction de la morbidité et de la mortalité surtout en ce qui concerne le couple mère-enfant.
En effet, dans le maillage social des sociétés Sénégalaises, la « bajene » est la sœur paternelle en langage wolof tandis que « Gox » signifie quartier. L’initiative des « Bajenu Gox » s’inspire, donc, sur ce statut particulier que lui confère la communauté afin de l’accompagner pour une meilleure prise en charge de la santé des populations.
Selon Dr Souleyman Sagna, Médecin Chef du district sanitaire de Kolda, les « Bajenu Gox » sont formées par les agents de santé, afin qu’elles puissent transmettre les bons messages et les conseils à la communauté. Suivant la norme au sein des districts, l’on peut estimer leur répartition à une (1) " Bajene " pour 1000 habitants pour une bonne couverture, poursuit Dr Sagna.
Elles sensibilisent donc les populations, surtout les plus reculées, sur l’importance de la prise en charge en milieu de soins, accompagnent les femmes enceintes dans le suivi de leurs consultations pré et post natales et même veillent au respect de l’allaitement maternel exclusif durant les 6 premiers mois du nouveau-né.
D’après Bajene Ndéye Fatou, la présidente des « Bajene » dans la région de Kolda, c’est grâce aux visites à domicile (VAD) et aux causeries effectuées au quotidien, qu’elles arrivent à capter leur audience. Pour elle, les visites à domicile sont l’occasion de rencontrer aussi bien les femmes, que les hommes, chefs de la famille, à qui généralement le dernier mot revient. De surcroit, lors de ses visites à domicile, les jeunes trouvés dans les ménages sont également sensibilisés et les messages transmis sont consignés dans un cahier.
« Les "Bajenu Gox" sont devenues des leaders socio-sanitaires écoutées par la communauté. Elles ont beaucoup contribué à la réduction de la mortalité maternelle et infantile, mais aussi à l’adoption de l’accouchement assisté par un personnel de santé qualifié » s’est réjoui Dr Sagna.
« Il est à noter que le ratio de mortalité maternelle au Sénégal est passé de 392 décès maternels à 236 décès maternels pour 100 000 naissance vivantes (EDS 2018). En 2019, la mortalité maternelle-néonatale a baissé de 23 à 21 pour 1000 naissances vivantes et infanto-juvénile de 59 à 37. L’OMS a considérablement contribué à ces résultats via le Fonds Français MUSKOKA », a souligné Dr Doucouré, Directeur de la santé mère-enfant au sein du ministère de la santé et de l’action du Sénégal.
Aujourd’hui, fort de ces résultats, l’offre de services des « Bajenu Gox » a été élargie avec leur implication dans la gestion des violences basées sur le genre, l’accompagnement de la population en vue de leur adhésion aux mutuelles de santé.