Améliorer les services de soins pour les maladies chroniques aux Seychelles

Améliorer les services de soins pour les maladies chroniques aux Seychelles

Victoria – Après une journée de travail bien remplie, Brenda Mirabeau aime bien danser à la maison, en écoutant sa musique préférée. Mais, il y a six ans, ses orteils se sont enflés au point où elle rencontrait des difficultés à se déplacer dans la maison. Ce qui avait profondément inquiété sa famille. «J’avais tellement froid que je grelottais. C’est à ce moment-là qu’ils m’ont transportée d’urgence à l’hôpital», raconte-t-elle. Après des soins d’urgence, Brenda a été diagnostiquée avec un diabète, une affection héréditaire dans sa famille.

Tout a changé au cours des six années qui ont suivi cet incident. Brenda a été soutenue dans son long parcours, vers la guérison et la mobilité, par des professionnels de santé. Ces derniers ont été formés pour accompagner les efforts consentis par les Seychelles afin d’alléger le lourd fardeau que font peser les maladies non transmissibles sur le pays.

En 2022, les maladies non transmissibles ont provoqué plus de la moitié des décès enregistrés aux Seychelles, dont 52 % sont dus aux maladies du système de circulation sanguine, telles que les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux. Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de décès, représentant 58 % de tous les décès liés aux maladies non transmissibles.

«Nous sommes souvent confrontés aux pratiques et aux comportements de la population, qui contribuent à cette crise. Néanmoins, nous mettons tout en œuvre pour améliorer la détection précoce et le respect rigoureux des traitements », déclare Jourdanne Letourdie, infirmière à la clinique Anse Aux Pins, située à Victoria, la capitale des Seychelles.

En 2019, les Seychelles ont mis en place le « SEY-PEN », qui est une version adaptée de l’ensemble d’interventions essentielles recommandées par l’OMS pour lutter contre les maladies non transmissibles dans le cadre des soins de santé primaires (WHO PEN), et l’ont mis à l’essai dans les centres de santé Anse Aux Pins et Beau Vallon. La mise en œuvre de cette phase pilote a été interrompue à cause de la pandémie de COVID-19. Finalement, vers la fin de 2022, 165 professionnels de santé sélectionnés dans les trois principales îles du pays ont bénéficié d’une formation complète les préparant à la mise en œuvre efficace du programme SEY-PEN. L’implémentation complète du programme à l’échelle nationale dans les structures de santé publique a quant à elle été lancée en janvier 2023.

Au premier semestre 2023, 134 professionnels de la santé ont participé à une formation pratique supplémentaire visant à fournir des informations sur les facteurs de risque et à prodiguer des conseils afin de promouvoir des changements de mode de vie, le but étant de prévenir les complications. En plus, huit infirmières ont été formées aux procédures correctes pour la soumission mensuelle des données relatives aux maladies non transmissibles, un élément crucial pour la prise de décisions dans les programmes.

Actuellement, chacun des 15 centres de santé publics, que comptent le pays, a une infirmière dédiée, chargée de coordonner les questions liées aux maladies non transmissibles.

Pour Jourdanne, le passage des soins infirmiers généraux à la supervision des soins aux patients atteints de maladies chroniques a constitué un changement majeur. Cependant, elle a trouvé son rythme et apprécie travailler avec des patients comme Brenda. Elle organise deux séances d’information hebdomadaires pour les personnes souffrant de maladies chroniques. « Je leur fournis des renseignements sur leur pathologie, notamment sa prise en charge, les complications éventuelles et les traitements disponibles, tandis que la nutritionniste aborde les questions relatives au choix des aliments. Il y a tellement de choses que les patients peuvent faire pour améliorer leur santé, et j’essaie de leur transmettre le maximum d’informations possible », explique-t-elle.

Grâce à une intensification du dépistage, 75 nouveaux cas d’hypertension et 34 nouveaux cas de diabète ont été détectés au cours du premier trimestre 2024, contre 35 cas d’hypertension et 17 cas de diabète à la même période de 2023.

« Bien qu’il soit encore trop tôt pour constater des progrès significatifs, nous sommes encouragés par l’augmentation notable du nombre de patients soumis à des tests de dépistage de l’hypertension et du diabète », déclare la Dre Vivianne Camille, médecin-chef au Ministère de la santé des Seychelles et présidente du programme SEY-PEN. « En mettant l’accent sur l’éducation des patients cette année, nous espérons voir davantage de personnes prendre leur santé en main et réduire ainsi la prévalence et l’impact de ces maladies. »

Le programme SEY-PEN bénéficie d’un engagement de haut niveau de la part des autorités sanitaires, ce qui garantit une mise en œuvre efficace. En 2023, le Président Wavel Ramkalawan a lancé la campagne « Stop à l’obésité », pour lutter contre l’une des principales causes des maladies chroniques dans le pays. Avec la mise en œuvre complète du programme SEY-PEN, nous attendons avec impatience le jour où plus aucun patient ne sera diagnostiqué aussi tard que Brenda Mirabeau », indique la Dre Camille.

L’OMS a été un partenaire clé dans la mise en œuvre du programme SEY-PEN. L’Organisation a déployé un expert international pour, aider à l’adaptation des normes du programme WHO PEN au contexte local. Elle a appuyé, la formation des professionnels de la santé et fournit des lignes directrices, ainsi que des outils essentiels pour la détection et la prise en charge du diabète sucré et de l’hypertension. Ces interventions visent à garantir une mise en œuvre efficace du programme SEY-PEN dans le cadre des soins de santé primaires.

« Nous sommes fiers du travail accompli en collaboration avec le Gouvernement des Seychelles », s’est réjoui le DRex Mpazanje, Représentant de l’OMS aux Seychelles. « Chaque interaction avec un professionnel de la santé est une occasion précieuse d’effectuer un dépistage, de proposer une prise en charge et de prodiguer des conseils. C’est pourquoi la formation des équipes de soins est un élément fondamental de notre approche », précise-t-il.

Brenda a retrouvé sa joie de vivre. Elle surveille son alimentation, suit rigoureusement son traitement médicamenteux et danse pour rester active. « Je me rends à la clinique tous les quatre mois pour un bilan de santé », dit-elle. « Je suis reconnaissante aux professionnels de la santé pour m’avoir aidée à maîtriser ma maladie. »

 

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Natalie Ridgard

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