Des campagnes de vaccination intensives pour lutter contre une épidémie de rougeole au Zimbabwe

Des campagnes de vaccination intensives pour lutter contre une épidémie de rougeole au Zimbabwe

Harare – Lorsque Baba Ruvheni a entendu des travailleurs de la santé de son village parler d’une épidémie de rougeole dans le pays, il a mûrement réfléchi avant d’aller faire vacciner sa petite-fille. « Selon les rumeurs dans notre communauté, ces vaccins devaient être utilisés contre la COVID-19, ce qui prêtait à confusion. Mais les agents de santé du village nous ont expliqué à quel point la rougeole peut être dangereuse, soulignant que le vaccin offre la meilleure protection contre cette maladie », déclare ce fermier originaire du district de Seke, situé juste au sud de Harare, la capitale du Zimbabwe. « Dès que j’ai entendu parler de la campagne de vaccination contre la rougeole, j’ai tenu à faire vacciner ma petite-fille rapidement » ajoute-t-il.

La petite-fille de Ruvheni fait désormais partie des quelque deux millions d’enfants à avoir reçu le vaccin contre la rougeole au Zimbabwe au cours de la première phase d’une campagne de vaccination de masse qui a débuté en août 2022 et qui visait à atteindre à peu près 2,3 millions d’enfants âgés de six mois à neuf ans avant le 9 septembre 2022.

Lancée en avril 2022 par le Ministère de la santé et de la protection de l’enfance du Zimbabwe après la déclaration d’une épidémie de rougeole dans la Province du Manicaland à la frontière du Mozambique à l’est du pays, la campagne de vaccination s’est avérée décisive pour contenir cette épidémie. Au 30 septembre 2022, au total 7701 cas et 747 décès avaient été recensés sur toute l’étendue du territoire zimbabwéen, ce qui en fait la pire épidémie de rougeole jamais enregistrée dans le pays. Le nombre de nouveaux cas a considérablement diminué vers la fin de l’année 2022 du fait de la riposte globale à l’épidémie dans le pays. Une riposte dans laquelle la vaccination a joué un rôle capital.

Lorsque les vaccins ont été introduits pour la première fois, les autorités sanitaires ont dû faire face à la méfiance à l’égard des vaccins. « Pour régler ce problème, nous avons mobilisé tous les agents de santé communautaires et les avons sensibilisés pour qu’ils informent au niveau local et qu’ils encouragent la vaccination et la recherche rapide de traitements », souligne Norman Dzirambi, Responsable de la promotion de la santé au Ministère de la santé. « En plus de réfuter les idées fausses et autres rumeurs qui circulent sur les médias et les réseaux sociaux, cette approche de sensibilisation des communautés à la base nous a aidé à atteindre une couverture vaccinale de 94 % dans le district de Mutasa, où l’épidémie a débuté. »

Dans un premier temps, les rumeurs et autres fausses informations sur les vaccins contre la COVID-19 avaient alimenté la réticence face à la vaccination dans la région et retardé le contrôle de l’épidémie. La méfiance à l’égard des vaccins a commencé à diminuer lorsque les agents de santé communautaires, les dignitaires religieux et les chefs traditionnels locaux se sont activement mobilisés pour faire participer leurs communautés à la campagne de vaccination contre la rougeole. « Nous avons profité des réunions sur la santé communautaire que nous organisions déjà chaque mois », déclare Anali Sigauke, Agent de santé de village dans le district de Chipinge, Province du Manicaland. « Nous avons travaillé avec notre chef de village pour organiser des réunions d’urgence auxquelles tous les villageois ont participé. Nous avons parlé de la campagne et de l’importance de faire vacciner les enfants. Ces réunions ont permis aux populations de poser des questions et nous leur avons donné les bonnes informations ».

Les travailleurs de la santé ont aussi fait du porte-à-porte pour encourager les populations à faire vacciner leurs enfants, et les établissements de santé ont adopté des heures d’ouverture flexibles pour accueillir les familles qui préféraient le faire en toute confidentialité.

La réticence face à la vaccination n’est pas le seul défi auquel les travailleurs de la santé ont été confrontés dans leurs efforts de mobilisation. « La plupart des membres de notre communauté sont des travailleurs indépendants qui ne souhaitaient pas manquer leurs activités économiques parce qu’ils devaient attendre de recevoir des services au dispensaire », confie Violet Gutsa, un professionnel de la santé du district de Seke.

En fixant des dates et des horaires spécifiques pour les différents villages, Violet et ses collègues pouvaient orienter les populations vers l’établissement de santé le plus proche, ce qui a été utile pour accroître l’adoption des vaccins. Des agents de santé ont également été recrutés pour la campagne au sein des groupes de personnes réticentes à la vaccination. « L’un des principaux facteurs de notre réussite est la confiance que nous avons su tisser avec notre communauté au fil des années », ajoute Violet Gutsa.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a aidé les autorités sanitaires locales à planifier, à mettre en œuvre et à suivre les campagnes de vaccination contre la rougeole, et à renforcer la surveillance grâce à l’intensification de la recherche active des cas et la fourniture de directives techniques aux établissements de santé primaires. De même, l’OMS a apporté un appui à l’expédition des échantillons prélevés sur les cas suspects et au traitement des échantillons en laboratoire. Par ailleurs, l’OMS a contribué au renforcement de la prise en charge des cas en publiant des orientations techniques concernant la prise en charge des cas de rougeole, y compris l’utilisation de la vitamine A qui réduit le risque de complications et de décès dus à la rougeole, tout comme l’emploi d’antibiotiques et d’autres fournitures médicales.

« Malgré une forte réticence initiale face à la vaccination, les autorités sanitaires nationales et locales ont pu organiser une riposte efficace à cette épidémie en répondant aux préoccupations des populations, en leur expliquant les avantages et la sûreté des vaccins et en contribuant à la mise en place d’un système de détection solide », souligne le Professeur Jean-Marie Dangou, Représentant de l’OMS au Zimbabwe. « Nous devons tous continuer à agir pour que plus aucun enfant ne meure de cette maladie. »

Avec le soutien de Gavi, l’Alliance du vaccin, du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et de l’OMS, le Zimbabwe a organisé la deuxième phase de la campagne de vaccination du 30 janvier au 9 février 2023, en ciblant tous les enfants qui n’ont pas été vaccinés au cours de la première phase. Ce deuxième tour de vaccination a été mené dans 10 districts prioritaires et a permis de vacciner 475 368 enfants supplémentaires en février 2023.

L’épidémie semble désormais être sous contrôle. Selon le rapport hebdomadaire du système de surveillance des maladies pour la semaine qui s’est achevée le 29 janvier 2023, le nombre cumulé de cas de rougeole pour la période allant du 1er au 28 janvier 2023 était de six cas, aucun décès n’a été enregistré.

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Meenakshi Dalal

Chargée de relations avec les média
Bureau Régional de l'OMS pour l'Afrique
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