Afrique de l’Ouest : forte hausse des décès dus à la COVID-19, sur fond de flambée d’Ebola et d’autres maladies

Afrique de l’Ouest : forte hausse des décès dus à la COVID-19, sur fond de flambée d’Ebola et d’autres maladies

Brazzaville – L’Afrique de l’Ouest enregistre son plus grand nombre de décès dus à la COVID-19 depuis le début de la pandémie, à un moment où plusieurs pays sont aux prises avec des flambées épidémiques de choléra, de maladie à virus Ebola et de maladie à virus de Marburg. Ceci menace d’éprouver davantage la sous-région et sa capacité d’intervention en situation d’urgence déjà mise à rude épreuve.

Ces quatre dernières semaines, le nombre de décès dus à la COVID-19 en Afrique de l’Ouest a augmenté de 193 %, passant de 348 décès au cours des quatre semaines précédentes à 1018 décès au 15 août. Bien que le taux de létalité, autrement dit la proportion de personnes diagnostiquées positives à la maladie et qui sont décédées, se situe à 1,4 % (en dessous de la moyenne continentale de 2,5 %), il est plus élevé que le taux de létalité recensé lors des deux vagues précédentes qui ont touché la sous-région. Ces chiffres indiquent bien que les systèmes de santé sont fortement sollicités en raison du nombre élevé d’infections. Si le nombre de nouveaux cas en Afrique de l’Ouest a baissé cette semaine, il s’est d’abord accru continuellement sur huit semaines consécutives.

Au 15 août, 244 000 nouveaux cas avaient été détectés en une semaine sur le continent africain, soit une baisse de 11 % par rapport à la semaine précédente et une deuxième semaine consécutive marquée par une diminution du nombre de cas. Cependant, neuf des 23 pays confrontés à une résurgence se trouvent en Afrique de l’Ouest. La Côte d’Ivoire, la Guinée et le Nigéria font face à un regain des cas et les trois pays sont confrontés à d’autres flambées.

Les systèmes de santé en Afrique de l’Ouest sont encore plus fragiles que ceux des autres sous-régions. Une évaluation de la fonctionnalité des systèmes de santé réalisée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en Afrique de l’Ouest a révélé que le niveau de performance des systèmes de santé de la sous-région ouest-africaine était de 21 % inférieur à celui des systèmes de santé de l’Afrique australe.

« Nous sommes particulièrement préoccupés par l’Afrique de l’Ouest et nous nous attendons à ce que l’impact de la COVID-19 sur les services de santé s’intensifie rapidement », a indiqué la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « En plus de la forte sollicitation des services de santé due à la COVID-19, il faudra compter avec l’impact de la maladie à virus Ebola et des autres flambées. Combattre simultanément plusieurs épidémies est un défi complexe. ».

Expédition de vaccins contre la COVID-19

À ce jour, l’Afrique de l’Ouest a reçu environ 29 millions de doses de vaccin, soit presque autant que dans la zone Afrique de l’Est et australe. Cependant, le rythme de déploiement du vaccin a été faible. À peine 38 % des doses ont été administrées, contre 76 % en Afrique de l’Est et australe et 95 % en Afrique du Nord. En Afrique de l’Ouest, 2,4 doses de vaccin ont été administrées pour 100 personnes. En Afrique de l’Est et australe, ce chiffre s’élève à 4,8 doses pour 100 personnes.

Les expéditions de vaccins vers l’Afrique ont repris avec notamment le Mécanisme COVAX, qui a déjà acheminé près de 10 millions de doses vers l’Afrique au mois d’août, soit neuf fois plus que les livraisons effectuées à cette même période en juillet. L’Union africaine a expédié 1,5 million de doses à neuf pays. Depuis le mois de juin, le nombre de doses administrées pour 100 personnes en Afrique subsaharienne a presque triplé, passant de 1,2 dose pour 100 personnes à 3,4 doses pour 100 personnes.

« Alors que les expéditions de vaccins contre la COVID-19 semblent s’accélérer, l’Afrique est confrontée à de nouvelles difficultés. L’intention de certains pays d’introduire des doses de rappel constitue une menace à la promesse d’un avenir meilleur pour l’Afrique. Certains pays plus riches bafouent ainsi le principe de l’équité en matière de vaccins, en accaparant des doses », a souligné Dre Moeti.

Flambée épidémique de maladie à virus Ebola

La Côte d’Ivoire a déclaré une flambée de maladie à virus Ebola le 14 août (la première depuis 1994) à Abidjan, la capitale économique du pays, où vivent près de cinq millions de personnes. Au 18 août, il y avait un cas confirmé et trois cas suspects qui, par la suite, se sont avérés négatifs. En tout, 131 contacts ont été répertoriés, dont six ont été mis en quarantaine, car présentant un risque élevé. Aucun décès n’a été signalé.

Le cas index est actuellement hospitalisé à Abidjan. Il s’agit d’une Guinéenne qui est arrivée en Côte d’Ivoire en provenance d’une communauté rurale de la Guinée. Des enquêtes visant à déterminer la source de cette flambée sont en cours.

L’OMS a déployé des équipes d’experts en Côte d’Ivoire et en Guinée pour accompagner les autorités nationales dans l’intensification rapide des mesures, notamment dans les domaines allant de la lutte anti-infectieuse au diagnostic, en passant par la recherche des contacts, la prise en charge des cas, la mobilisation communautaire et la surveillance transfrontalière. Le but de cette initiative est d’endiguer les récentes flambées de fièvre hémorragique. La Côte d’Ivoire a commencé à vacciner les contacts, les contacts de contacts, ainsi que le personnel de santé.

De son côté, la Guinée travaille de concert avec la Côte d’Ivoire dans le cadre de l’enquête menée sur la flambée. Au 18 août, 49 contacts avaient été répertoriés en Guinée et les autorités sanitaires se préparent actuellement à vacciner les contacts présentant un risque élevé.

« Ces nouvelles flambées nous rappellent clairement que les autres situations d’urgence sanitaire ne disparaîtront pas simplement parce que nous sommes occupés à lutter contre une pandémie d’envergure mondiale. Nous devons rester vigilants et réagir rapidement afin d’éviter que d’autres maladies dangereuses se propagent et fassent davantage de ravages », a insisté la Dre Moeti.

Flambée de maladie à virus de Marburg

Le 9 août, la Guinée a détecté un cas de maladie à virus de Marburg, une pathologie qui appartient à la même famille que la maladie à virus Ebola. Aucun nouveau cas n’a été notifié depuis lors. Au total, 173 contacts ont été identifiés.

Le virus de Marburg, responsable de la première flambée de maladie à virus de Marburg en Afrique de l’Ouest, a été détecté dans une localité du sud de la Guinée, près de la frontière avec le Libéria et la Sierra Leone. Les premiers cas de l’épidémie de maladie à virus Ebola qui a touché la Guinée en 2021 et ceux de l’épidémie de la même maladie qui a sévi entre 2014 et 2016 en Afrique de l’Ouest avaient été détectés dans cette même localité.

Dr Moeti s’est exprimée aujourd’hui dans le cadre d’une conférence de presse en ligne organisée par APO group. Elle était accompagnée de M. Pierre N’Gou Dimba, Ministre de la santé, de l’hygiène publique et de la couverture universelle de santé de Côte d’Ivoire, et du Dr Rémy Lamah, Ministre de la santé de Guinée. Étaient aussi disponibles pour répondre aux questions des journalistes le Dr Jean-Marie Vianny Yameogo, Représentant de l’OMS en Côte d’Ivoire, le Dr Georges Ki-Zerbo, Représentant de l’OMS en Guinée, ainsi que la Dre Phionah Atuhebwe, Chargée de l’introduction des nouveaux vaccins au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique et le Dr Gilson Paluku, responsable de la vaccination systématique et de l’introduction de nouveaux vaccins au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.

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