« Les autorités nationales ont décidé de sortir la santé mentale de sa position de parent pauvre du système de santé » 

D’ici septembre 2014, le ministère de la Santé et de l’Action sociale du Sénégal va se doter d’un Plan stratégique Santé mentale. L’élaboration de ce document, avec la participation de tous les secteurs concernés, avec l’appui technique de l’OMS et du Département de Santé publique de l’Université de Dakar, marquera une rupture dans la perception et la prise en charge de la santé mentale dont l’importance a longtemps été occultée par sa réduction au traitement des maladies psychiatriques, dans un contexte historique où la priorité était accordée à la lutte contre les grandes endémies et à l’approche essentiellement répressive. 

L’élaboration de ce plan stratégique figure en bonne place dans la Feuille de route de la nouvelle Division de la Santé mentale qui a été substituée au Bureau qui existait jusqu’en avril 2103. La Feuille de route a été partagée et consolidée le 10 octobre 2013, lors de la célébration de la Journée mondiale Santé mentale à Dakar, sur le thème « Santé mentale et personnes âgées», en présence du Directeur général de la Santé. 

Selon Mr Moussa Mbaye, le Secrétaire du département qui s’exprimait au nom du Ministre de la Santé et de l’Action sociale, « les autorités nationales ont décidé de sortir la santé mentale de sa position de parent pauvre du système de santé ». 

Les autres composantes de la Feuille de route, présentée par le Pr Aïda Sylla, Chef de la Division Santé mentale, ont trait aux aspects institutionnels, à la lutte contre la stigmatisation des malades mentaux, au renforcement des structures de prise en charge à Dakar et au niveau périphérique, à la nomination de points focaux santé mentale dans les régions, à la formation et à la supervision du personnel de santé de base et des techniciens supérieurs. Il s’y ajoute l’amélioration de l’accessibilité aux soins, avec l’inscription des psychotropes dans la liste des médicaments essentiels et la mise à disposition de ces médicaments dans toutes les structures sanitaires des régions 

D’autres défis importants devront aussi être relever : la révision des textes réglementant la prise en charge des maladies mentales au Sénégal, l’ouverture du Centre de Kaolack dédié à l’accueil et à la réinsertion des malades mentaux errants, la création d’un circuit pour localiser, sécuriser et acheminer les malades de la rue dans des structures d’accueil et la gratuité des soins pour une certaine catégorie de malades mentaux. 

Dans son allocution, le Représentant de l’OMS, le Dr Alimata Jeanne Diarra-Nama, s’est approprié le message du Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique dans lequel le Dr Luis Gomes Sambo rappelle la Déclaration de Brazzaville sur les maladies non transmissibles dans la Région africaine, le Plan d'action mondial sur la santé mentale 2013-2020 et la résolution intitulée «Vieillissement en bonne santé dans la Région africaine adoptés par les pays. Ces engagements ont insufflé un nouvel élan à l’instauration d’une collaboration multisectorielle plus marquée pour améliorer les services de soins de santé mentale. 

A ce propos, le Dr Diarra-Nama a adressé les félicitations des partenaires au développement du secteur santé au Sénégal pour les initiatives prises récemment visant à assurer une meilleure promotion de la santé mentale, parmi lesquelles la Réunion interministérielle qui a été organisée le 30septembre 2013. Les recommandations de cette rencontre portent sur la révision des textes de lois sur les malades mentaux, le renforcement de l’implication des organisations de la société civile dans la réinsertion des malades mentaux, l’inscription des psychotropes sur la liste des médicaments essentiels. 

Le Représentant de l’OMS a ensuite mis en exergue le projet de mise en place d’un fond d’appui aux malades mentaux et d’application de politiques de gratuité pour certaines maladies mentales. Ce projet mérite, selon elle, d’être salué et apprécié positivement à sa juste valeur. « Dans le contexte actuel de mise en oeuvre de la Couverture maladie universelle pour lutter contre les inégalités, instaurer l’équité, la justice sociale, et assurer la prise en charge des groupes les plus vulnérables, les malades mentaux ne pouvaient être laissés pour compte » a conclu le Dr Diarra-Nama

Le partage et la consolidation de la Feuille de route 2013-2014 de la Division Santé mentale ont été suivis par l’installation du Comité chargé de suivi des recommandations de la Réunion interministérielle du 30 septembre 2013 et du Comité chargé d’encadrer l’internement provisoire des malades mentaux. Ils se sont déroulés en présence du Directeur de la lutte contre la maladie, du Gouverneur de la région et du Préfet de Dakar, d’enseignants de la Chaire de Psychiatrie de l’Université de Dakar, du Directeur de l’Ecole nationale de développement sanitaire et sociale, des représentants des ministères de la Famille et de l’Enfance, de la Justice, de la Police nationale, du Groupement national des Sapeurs pompiers, de membres d’associations de promotion de la santé mentale et de responsables des syndicats de la santé et de l’action sociale. 

Les points de discussion ont porté essentiellement sur : la disponibilité du Plan stratégique nationale Santé mentale le plut tôt possible, la prise en compte des données socio-anthropologiques pour l’élaboration du Plan stratégique, la capitalisation des leçons apprises et des expériences menées, la valorisation du diplôme sanctionnant la formation personnel paramédical en guise de motivation, l’intégration des activités de promotion de la santé mentale dans activités quotidiennes des structures sanitaires. 

Les participants ont également échangé sur la prise en charge intégrée des autres affections avec les troubles mentaux, l’élargissement du Comité de pilotage et de suivi des interventions de santé mentale à d’autres structures telles que le SAMU, le ministère de l’Education, la mise en place de comités régionaux de gestion des questions de santé mentale, la mobilisation de ressources et financières additionnelles, l’architecture des structures d’accueil des malades mentaux. 

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Dans le contexte actuel de mise en oeuvre de la Couverture maladie universelle pour lutter contre les inégalités, instaurer l’équité, la justice sociale, et assurer la prise en charge des groupes les plus vulnérables, les malades mentaux ne pouvaient être laissés pour compte. D’où le projet de mise en place d’un fonds d’appui aux malades mentaux et d’application de politiques de gratuité pour certaines maladies mentales.
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