Gavi, l'Alliance du Vaccin, a joué un rôle essentiel en aidant les pays africains à avoir accès aux vaccins COVID-19 cruciaux pour sauver des vies. Elle a également soutenu les efforts nationaux pour maintenir les campagnes de vaccination contre d'autres maladies évitables par la vaccination pendant la pandémie. Le Dr Marthe Sylvie Essengue Elouma, Directrice Régionale Afrique Centrale et de l’Ouest de Gavi, nous fait part des défis et des leçons tirées de la pandémie et nous explique comment reconstruire de meilleurs systèmes de santé.

Qu'est-ce qui a bien fonctionné lorsque votre organisation a aidé les pays à répondre à la pandémie de COVID-19 ?

Nous avons soutenu les pays de différentes manières, tel l’accès au financement, à une assistance technique adaptée ainsi que la mise à disposition des équipements de chaine de Froid. Gavi a amélioré son processus interne d'accès au financement en introduisant plus de flexibilité et a simplifié la soumission des propositions, leur examen et le décaissement des fonds.

Nous avons également travaillé avec le Programme élargi de vaccination (PEV) dans les pays afin de permettre la réallocation de 10% des financements destinés au renforcement du système de santé à la réponse à la pandémie et à la poursuite des services de vaccination. Il s’agissait des fonds disponibles dans le pays ou chez Gavi. Les pays avaient également la possibilité de réallouer ces financements à des activités de maintien, de restauration et de renforcement de la vaccination de routine.

Selon notre expérience, certaines approches ont très bien fonctionné, dont : la célérité dans la disponibilisation des fonds, la complémentarité entre les acteurs et la capitalisation des innovations en cours. Nous avons bien travaillé avec d'autres partenaires pour créer des synergies et éviter la duplication des efforts dans notre soutien aux pays.  Par ailleurs, les innovations en cours dans les pays pour  la lutte contre la Covid 19 tel que la digitalisation du système d’information sanitaire ont permis d’obtenir des données qui ont été utilisées pour planifier, mettre en œuvre et suivre les interventions de réponse.

Quels sont les défis auxquels vous avez été confrontés ?

Notre principal interlocuteur dans les pays, le PEV, avait trop de priorités et avait souvent du mal à absorber la flexibilité du financement qui leur a été offerte et qui leur permettait d'accéder à plus de fonds pour pouvoir soutenir la réponse à la pandémie.  Par ailleurs, le PEV n’était pas impliqué dans les instances de décision sur la Covid 19 ce qui ne lui permettait pas toujours d’influencer les décisions. Enfin, en raison de la rapidité d'exécution de la réponse et de la multiplicité des acteurs dans la plupart des cas, il était difficile de mesurer l'impact du soutien des différent intervenants. Les équipes du PEV ayant des capacités faibles ont dû faire face à de multiples pressions ayant conduit à un retard important dans la mise en œuvre des activités.  

Quels sont vos conseils pour aider l'Afrique à mieux se reconstruire ?

Les pays ont besoin de se focaliser sur des actions essentielles permettant d’obtenir des résultats tangibles et durables dans le cadre de leur préparation à la réponse aux urgences sanitaires. Ceci requiert une bonne hiérarchisation des priorités ainsi qu’une allocation des ressources en conséquence. Les donateurs et les partenaires doivent prioriser leur soutien dans les domaines où ils ont un avantage comparatif.

Le gouvernement et les partenaires doivent préparer conjointement le système de santé à l'avance. En tant que Gavi, nous pensons que les pays devraient saisir l’opportunité des différentes ressources existant dans le secteur de la santé, y compris celles de la Covid-19 pour renforcer le système de santé (Information sanitaire, surveillance, gestion financière efficace permettant le transfert efficace des fonds du niveau central au niveau communautaire, etc.). Les systèmes d’approvisionnement doivent également être améliorés en vue de faciliter les acquisitions, y compris en cas de pandémie. De même, les PEV doivent être renforcés par des capacités de gestion et de communication afin d'influencer la prise de décision à un haut niveau. Nous pouvons aussi mieux réagir face aux situations d’urgence si nous avons une coordination robuste et de meilleures méthodes de mesure des résultats.