Déclaration sur la première réunion du Comité d’urgence du RSI concernant la flambée de maladie à virus Ebola en 2018

Déclaration sur la première réunion du Comité d’urgence du RSI concernant la flambée de maladie à virus Ebola en 2018

La première réunion du Comité d’urgence du RSI convoquée par le Directeur général de l’OMS au titre du Règlement sanitaire international (RSI) (2005) concernant la flambée de maladie à virus Ebola (MVE) en République démocratique du Congo s’est tenue le vendredi 18 mai 2018 de 11 heures à 14 heures, heure de Genève (HEC).

Conclusions du Comité d’urgence

De l’avis du Comité, les conditions d’une urgence de santé publique de portée internationale ne sont pas réunies à l’heure actuelle.

Réunion

Les membres et les conseillers du Comité d’urgence ont pris part à une téléconférence. Les représentants de la République démocratique du Congo ont fait part de l’évolution de la situation ; ils ont notamment présenté les mesures prises pour mettre en œuvre des stratégies de lutte rapides, ainsi que les lacunes et les difficultés qui entravent la riposte à la flambée. Au cours de la séance d’information, le Secrétariat de l’OMS a présenté un état des lieux et une évaluation de la flambée de maladie à virus Ebola.

Le rôle du Comité était de transmettre au Directeur général les avis et les points de vue de ses membres afin de répondre aux questions suivantes :

  • L’événement constitue-t-il une urgence santé publique de portée internationale ?
  • Si l’événement constitue une urgence de santé publique de portée internationale, quelles sont les recommandations temporaires à formuler ?

Situation actuelle

Le 8 mai, l’OMS a été informée par le Ministère de la Santé de République démocratique du Congo de l’existence de deux cas de maladie à virus Ebola confirmés en laboratoire dans la zone de santé de Bikoro, province de l’Équateur. D’autres cas ont maintenant été découverts dans les zones de santé voisines d’Iboko et de Mbandaka. Du 4 avril au 17 mai 2018, 45 cas de MVE ont été notifiés, dont trois étaient des agents de santé, et 25 décès ont été recensés. Sur ces 45 cas, 14 ont été confirmés. La plupart de ces cas proviennent de la zone de santé reculée de Bikoro, mais une des confirmations concerne un cas à Mbandaka, une ville de 1,2 million d’habitants, ce qui a des conséquences en matière de propagation de la maladie.

Neuf pays voisins, notamment le Congo et la République centrafricaine, ont été informés du risque élevé de propagation et ont reçu du matériel et du personnel d’appui.

Grands défis

Après discussion et délibérations sur la base des informations reçues, le Comité a conclu que les grands défis à relever étaient les suivants :

  • La flambée de maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo présente différentes caractéristiques particulièrement préoccupantes : un risque de propagation plus rapide étant donné que la maladie a maintenant atteint une zone urbaine ; la coexistence de différentes flambées dans des zones reculées et difficiles d’accès ; l’infection de plusieurs agents de santé, ce qui accroît le risque d’amplification.
  • Le risque de propagation internationale est particulièrement élevé étant donné que la ville de Mbandaka est à proximité du fleuve Congo, qui charrie un trafic régional intense entre différents territoires aux frontières poreuses.
  • Les défis logistiques sont immenses en raison des lacunes en matière d’infrastructure et de l’éloignement de la plupart des cas notifiés à ce jour ; ces facteurs pèsent sur la surveillance, le repérage et la confirmation des cas, la recherche des contacts, ainsi que l’accès aux vaccins et aux médicaments.

Néanmoins, le Comité a également noté les points suivants :

  • Le Gouvernement de République démocratique du Congo, l’OMS et leurs partenaires ont riposté de façon rapide et exhaustive.
  • Il y a tout lieu de penser que la flambée peut être maîtrisée grâce aux interventions en cours : mesures renforcées de surveillance, mise en place de structures de prise en charge des cas, déploiement de laboratoires mobiles, mobilisation accrue des responsables communautaires, établissement d’un pont aérien et autres interventions prévues.
  • En outre, l’avancement des préparatifs pour l’utilisation du vaccin à l’essai suscite également l’optimisme en matière de lutte contre la maladie.

En conclusion, le Comité d’urgence a noté que les conditions d’une urgence de santé publique de portée internationale n’étaient pas réunies à l’heure actuelle, mais a néanmoins formulé les recommandations de santé publique suivantes :

  • Le Gouvernement de République démocratique du Congo, l’OMS et leurs partenaires poursuivent leurs opérations pour une riposte massive – si ces opérations prenaient fin, la situation pourrait se détériorer de façon significative. Cette riposte devrait être appuyée par la communauté internationale dans son ensemble.
  • Il est fondamental que la communauté scientifique fasse preuve de solidarité à l’échelle mondiale et les données internationales devraient faire l’objet d’un partage gratuit et régulier.
  • Il est particulièrement important qu’aucune restriction aux voyages internationaux ou au commerce ne soit appliquée.
  • Les pays voisins devraient renforcer leur niveau de préparation et de surveillance.
  • Pendant les opérations de riposte, il convient de garantir la sûreté et la sécurité du personnel ; en outre, la protection des intervenants et des agents nationaux et internationaux doit être une priorité.
  • Le dépistage à la sortie, notamment dans les aéroports et dans les ports situés sur le fleuve Congo, est considéré comme une mesure particulièrement importante ; en revanche, le dépistage à l’entrée, en particulier dans les aéroports éloignés, ne présenterait aucun intérêt en matière de santé publique et le ratio coût/avantage serait négatif.
  • Il convient d’instaurer une excellente communication sur les risques (avec des données en temps réel), de mobiliser la société ainsi que de faire participer les communautés afin de mettre en place une riposte coordonnée et pour que les personnes touchées comprennent les mesures de protection recommandées.
  • Si la flambée prend de l’ampleur ou en cas de propagation internationale, le Comité d’urgence sera à nouveau convoqué.

Le Comité a souligné combien il était important que l’OMS et les autres partenaires nationaux et internationaux continuent d’apporter leur soutien en vue d’une application et d’un suivi effectifs du présent avis.

Se fondant sur cet avis, les rapports des États Parties touchés et l’information disponible à ce jour, le Directeur général a accepté l’évaluation du Comité et n’a pas déclaré le 18 mai 2018 la flambée de maladie à virus Ebola en République démocratique du Congo comme urgence de santé publique de portée internationale. À la lumière de l’avis émis par le Comité d’urgence, l’OMS déconseille d’appliquer des restrictions aux voyages ou au commerce. Le Directeur général a remercié les membres et les conseillers du Comité d’urgence pour leur avis.

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Sakuya OKA

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