Des financements insuffisants et la COVID-19 freinent la lutte contre la tuberculose en Afrique
Brazzaville – Des investissements et des financements insuffisants pour le contrôle de la tuberculose en Afrique compromettent les efforts visant à atteindre les objectifs mondiaux d’élimination de la maladie d’ici 2030, alors que la pandémie de COVID-19 menace de remettre en cause les progrès réalisés jusqu’à présent sur le continent, d’après une évaluation de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Chaque année, la Région africaine a besoin d’au moins 1,3 milliard de dollars pour la prévention et le traitement de la tuberculose. Néanmoins, les pays contribuent à hauteur de 22 % au budget requis et les financements externes en représentent 34 %. Le reste du budget n’est toujours pas financé, ce qui compromet sérieusement les efforts visant à éliminer la maladie. Cette année, le thème de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose est « Investissons pour mettre fin à la tuberculose. Sauvons des vies ».
L’insuffisance de financement des programmes de lutte contre la tuberculose a par exemple eu un effet considérable sur le dépistage de la maladie. Sur les 2,5 millions de cas de tuberculose estimés en 2020 en Afrique, seulement 1,4 million ont été dépistés et mis sous traitement. En moyenne, 56 % des cas ont été dépistés et placés sous traitement entre 2015 et 2020.
La pandémie de COVID-19 a aussi ralenti les progrès réalisés dans la lutte contre la tuberculose. Dans le monde, le nombre de décès dus à la tuberculose a augmenté pour la première fois en une décennie. L’Afrique a ainsi signalé 549 000 décès en 2020, soit une hausse d’environ 2000 par rapport à 2019. Le nombre de personnes nouvellement diagnostiquées avec la tuberculose chute aussi dans les pays fortement touchés par la maladie, à cause de l’impact de la COVID-19 sur les services de santé. Le Gabon a ainsi signalé la diminution la plus forte, avec un nombre de nouveaux cas dépistés en baisse de 80 % par rapport à l’année précédente. Le Botswana a signalé une diminution de 20 % et le Lesotho de 35 %. De plus, le nombre de patients atteints de tuberculose résistante aux médicaments a diminué de 28 % en Afrique en 2020, par rapport à l'année précédente . En Afrique du Sud, qui dépiste le plus grand nombre de cas de tuberculose résistante aux médicaments sur le continent, 48 % de personnes porteuses de la souche résistante aux médicaments en moins ont été détectées en 2020, par rapport à 2019.
« La tuberculose peut être évitée et traitée, et des millions de vie ont été sauvées. Nous devons mettre fin au sous-investissement chronique qui maintient le taux de prévalence de la tuberculose à un niveau élevé, empêche le dépistage d’un grand nombre de cas et compromet la prévention et le traitement », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « L’Afrique a jusqu’à présent fait des progrès satisfaisants contre la tuberculose et nous ne pouvons pas nous permettre de perdre de vue ce qui est nécessaire pour alléger le fardeau et sauver des vies. »
Dix-sept des 30 pays avec les taux de prévalence de la tuberculose les plus élevés se trouvent dans la Région africaine. Les 2,5 millions de cas estimés dans la Région en 2020 représentent un quart du fardeau mondial, avec plus d’un demi-million de vies africaines malheureusement perdues à cause de cette maladie qui peut être évitée et traitée.
Pourtant, les pays africains ont fait des progrès dans la lutte contre la tuberculose. L’Afrique du Sud, par exemple, a constamment accru le financement national de la lutte contre la tuberculose, en couvrant 81 % des ressources financières, pendant que la Zambie a multiplié son financement national par sept depuis 2015.
D’après la stratégie d’élimination de la tuberculose de l’OMS, les pays devraient viser une réduction de 80 % du nombre de cas et de 90 % du nombre de décès d’ici 2030 par rapport à 2015. La stratégie établie également des étapes clés que les pays doivent franchir en 2020 et en 2025 afin d’éliminer la maladie.
L’étape de 2025 vise une réduction de 50 % du nombre de cas et une baisse de 75 % du nombre de décès. Le nombre de cas de tuberculose devrait chuter de 10 % chaque année pour atteindre l’objectif de 2025. Pourtant, l’actuel taux de déclin du nombre de cas se situe à 2 %. De 2025 à 2030, les pays devront réduire le nombre de cas de 17 % chaque année.
La stratégie d’élimination de la tuberculose comprend également un objectif clé visant à réduire le coût catastrophique que le traitement de la tuberculose peut faire peser sur les familles. Néanmoins, une étude de l’OMS sur le coût du traitement de la tuberculose dans dix pays africains montre que 49 % des foyers affectés ont dû faire face à des coûts insurmontables. Aucun pays en Afrique n’a pour le moment fait la démonstration qu’il était en mesure d’atteindre l’objectif qu’aucun foyer affecté par la tuberculose ne soit confronté à des coûts catastrophiques.
« Le chemin vers l’élimination de la tuberculose sera probablement long et difficile car les étapes clés risquent de ne pas être franchies. Les pays doivent amplifier et accélérer la riposte et rester engagés à apaiser la souffrance et diminuer les décès dont sont victimes des millions de personnes à cause de la tuberculose », a déclaré la Dre Moeti.
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