Des mesures renforcées pour lutter contre l’épidémie de mpox en Afrique
Brazzaville – Plus de 13 000 cas de mpox confirmés en laboratoire avaient été notifiés dans la Région africaine depuis le début de 2024, à la date du 17 novembre. Trois pays – le Burundi, l’Ouganda et la République démocratique du Congo – concentrent près 97 % de tous les cas notifiés depuis le début de l’année.
Qu’il s’agisse du renforcement des mesures de lutte contre les épidémies, notamment la formation des professionnels de santé, la livraison de fournitures et d’équipements médicaux ou de l’élaboration de plans de déploiement de vaccins, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) apporte un appui technique et financier essentiel aux pays pour une riposte efficace et mettre fin aux épidémies de mpox dans la Région.
Bien que l’accent ait été mis en grande partie sur les pays dont les populations courent un risque plus élevé d’exposition à la mpox à cause de flambées plus importantes, l’OMS apporte aussi un appui aux pays confrontés à des cas sporadiques. Avec l’accompagnement de l’Organisation, la plupart des pays de la Région touchés par la maladie cette année ont réussi à empêcher un petit nombre de cas isolés de se propager plus largement au sein de leur population et de prendre des proportions épidémiques.
Lorsque le Ghana a signalé son premier cas de mpox de l’année, le 1er octobre 2024 – un collégien de la région du Nord-Ouest –, le grand public était déjà bien informé sur le virus grâce à des semaines de communication les risques et l’engagement communautaire organisées dans le cadre de campagnes sur les réseaux sociaux parrainées par l’OMS.
Grâce au fait que la population connaissait les symptômes de la mpox, le collégien et sa mère, qu’il avait infectée, avaient été rapidement emmenés au centre de santé pour y être soignés et se sont totalement rétablis sans pour autant contaminer les autres membres de la communauté. La recherche et le dépistage rapides des contacts ont été réalisés pour s’assurer que le virus ne s’était pas propagé au-delà du foyer, des interventions précoces qui ont aidé à contenir la maladie.
En vue de renforcer la riposte, l’OMS collabore étroitement avec le Service de santé du Ghana pour accroître la sensibilisation du grand public. Les policiers et les agents de l’immigration aux principaux points d’entrée ont également suivi une formation sur les signes de mpox afin d’empêcher l’importation du virus dans le pays.
« La mobilisation de ressources pour soutenir la communication sur les risques et l’engagement communautaire n’est qu’un pilier de notre riposte à la mpox, mais elle s’est avérée essentielle jusqu’à présent. La preuve en est que le Ghana a enregistré uniquement deux cas en 2024 », a souligné le Dr Frank Lule, Représentant par intérim de l’OMS au Ghana. « Lorsque les populations ne sont pas sensibilisées, il y a un risque que les personnes infectées continuent à mener une vie normale, transmettant ainsi le virus à leur entourage. »
Le Gabon – qui, à l’instar de l’Afrique du Sud, de la Guinée, du Cameroun et du Congo, ne connaît plus de transmission communautaire active de la mpox – constitue un autre exemple de l’impact des interventions précoces. Le pays a notifié son premier cas de mpox confirmé en laboratoire le 22 août. Il s’agissait d’un homme de 30 ans qui avait voyagé en Ouganda et qui était rentré au pays avec de la fièvre, de la fatigue et une éruption cutanée. Après avoir consulté un médecin, il avait été isolé jusqu’à son total rétablissement. Une vaste opération de recherche de cas contacts avait été lancée par des professionnels de santé formés par l’OMS. L’un des contacts identifiés était un informaticien de 25 ans vivant au nord de Libreville.
« En tant que contact, un protocole strict avait été mis en place pour assurer ma sécurité et celle de mon entourage. On m’avait demandé d’être attentif aux symptômes tels que la fièvre, la fatigue ou les lésions et de contacter immédiatement les équipes de surveillance si ces symptômes apparaissaient. On m’avait aussi demandé de limiter les interactions sociales et les contacts physiques étroits », a expliqué Axel Mouketou.
« Les équipes de surveillance étaient restées en contact étroit avec moi, effectuant des visites et des appels téléphoniques pour évaluer mon état de santé. Grâce à ce suivi régulier je me suis senti soutenu et cela me permettait de poser toutes les questions nécessaires pour mieux comprendre les mesures à prendre », a-t-il ajouté.
L’OMS a également fourni des équipements de protection individuelle et d’autres matériels médicaux au Ministère de la santé, installé des caméras thermiques à plusieurs points d’entrée au Gabon, formé 72 fonctionnaires aux points d’entrée – y compris des policiers, des agents des douanes et des professionnels de santé – afin qu’ils puissent reconnaître les symptômes de la mpox et isoler les patients - et donné des conseils techniques aux principaux responsables ministériels. Ces mesures ont permis de limiter à deux seulement le nombre de cas de mpox confirmés en laboratoire en 2024.
« Notre principal objectif est de maintenir la surveillance, la formation en matière de santé et l’engagement communautaire une fois l’épidémie terminée », a déclaré le Dr Narcisse Tounaikok, gestionnaire par intérim des incidents liés à la mpox au bureau de l’OMS au Gabon.
Des efforts similaires pour la recherche des contacts ont été entrepris en Guinée, après qu’il a été confirmé qu’un enfant de sept ans avait été infecté par le sous-variant du clade 2b de la mpox le 2 septembre. Presque tous les 91 contacts identifiés ont fait l’objet d’un suivi complet, le dépistage n’ayant révélé aucune nouvelle transmission du virus.
Dans les jours qui ont suivi la déclaration du premier cas de mpox, les autorités sanitaires nationales de la Guinée ont publié un plan de riposte, avec la contribution technique de l’OMS. À Macenta, localité où le cas a été découvert, l’OMS a dispensé une formation au personnel de 18 centres de santé et de deux hôpitaux et a mis l’accent sur les mesures appropriées de lutte anti-infectieuse à prendre pour limiter la propagation de l’infection dans les structures de santé. L’OMS continue par ailleurs à accompagner les laboratoires du pays en leur fournissant la formation et le matériel nécessaires pour surveiller la mpox et plusieurs autres maladies.
La maîtrise réussie du virus de mpox n’est pas à mettre au seul crédit de pays tels que l’Afrique du Sud, le Cameroun, le Congo, le Gabon, le Ghana et la Guinée. Avec le concours de l’OMS, l’Angola, l’île Maurice, le Maroc, la Zambie et le Zimbabwe ont, depuis le début de l’année 2024, tous empêché un ou deux cas identifiés de se propager.
« Ces pays démontrent la valeur, tant humaine que financière, de la détection rapide, de la riposte et de la maîtrise. Grâce à la mise à disposition rapide de fonds et à l’assistance technique de l’OMS, ils ont pu empêcher que le virus ne se propage à une échelle qui aurait été en fin de compte beaucoup plus difficile à gérer », a relevé le Dr Samuel Boland, gestionnaire des incidents liés au mpox au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.
Dans toute la Région africaine, 14 pays – à savoir la République démocratique du Congo, le Burundi, l’Ouganda, le Nigéria, la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Libéria, la République centrafricaine, le Rwanda, le Kenya, le Zimbabwe, l’île Maurice, la Zambie et l’Angola – sont toujours considérés comme faisant face à une transmission active de la mpox, une maladie virale endémique en Afrique de l’Ouest et du Centre. Toutes les mesures de surveillance de la maladie doivent être renforcées dans ces pays. Les niveaux élevés de mobilité sur le continent, l’émergence du sous-variant particulièrement infectieux du clade 1b en 2023 et le risque persistant de transmission zoonotique sont autant de raisons de rester vigilant, même dans les pays où les cas ont été circonscrits avec succès.