Des progrès encourageants dans la lutte contre les maladies tropicales négligées en Afrique
Brazzaville – Au cours de la dernière décennie, des progrès importants ont été réalisés dans l’élimination, le contrôle et l’éradication des maladies tropicales négligées dans la Région africaine, qui concentre toutes les maladies tropicales négligées sauf une (la maladie de Chagas).
Dans le monde, plus d’un milliard de personnes sont affectées par les maladies tropicales négligées. L’Afrique compte pour 40 % (400 millions de personnes) du fardeau mondial. Ces maladies tropicales négligées peuvent être accablantes, en causant par exemple de fortes douleurs, des handicaps et des malformations, la malnutrition, un retard de croissance et des déficiences cognitives. L’anémie causée par certaines de ces maladies a un effet direct sur la mortalité maternelle.
Les maladies tropicales négligées constituent un ensemble de 20 maladies ou groupes de maladies qui se manifestent principalement dans les régions tropicales et subtropicales. Parmi celles-ci figurent la filariose, plus connue sous le nom d’éléphantiasis, l’échinococcose ou « cécité des rivières », la schistosomiase ou bilharziose, ainsi que la trypanosomiase humaine africaine ou « maladie du sommeil ».
La feuille de route mondiale pour la période 2021-2030 vise à réduire de 90 % le nombre de personnes ayant besoin d’un traitement pour ces maladies, à ce qu’au moins cent pays éliminent au moins une maladie tropicale, à éradiquer deux maladies (le ver de Guinée et le pian), et à réduire les handicaps liés à ces maladies de 75 %.
L’Afrique a réalisé d’importants progrès en direction de ces objectifs. La lèpre a pratiquement été éliminée en tant que problème de santé publique, les Comores étant le seul pays qui n’a pas encore atteint l’objectif de l’élimination dans l’une de ses trois îles. En tout, 41 pays de la Région ont été déclarés exempts de transmission de la maladie du ver de Guinée – une maladie parasitaire invalidante – et la République démocratique du Congo devrait être certifiée en 2022. L’élimination de la maladie du sommeil en tant que problème de santé publique a été validée au Bénin, en Côte d’Ivoire et au Togo. Par ailleurs, la Guinée équatoriale, le Ghana, le Rwanda et l’Ouganda ont entamé le processus de validation de l’élimination.
Le Projet spécial élargi pour l’élimination des maladies tropicales négligées (ESPEN), une initiative de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) lancée en 2016, a permis de réaliser des progrès importants dans la lutte et l’élimination des maladies tropicales négligées au moyen de la chimio-prévention. Le plaidoyer de l’OMS et ses partenaires a permis d’offrir et de distribuer plus de 2,7 milliards de comprimés aux pays africains entre 2016 et 2020, rendant ainsi possible une couverture géographique de 100 % pour au moins une maladie tropicale négligée dans 38 pays. Le nombre de personnes nécessitant une chimio-prévention a diminué, passant de 592 millions en 2016 à 588 millions en 2019.
Malgré ces avancées considérables, des défis subsistent. Parmi ceux-ci figurent l’appropriation insuffisante par les gouvernements des programmes de contrôle et d’élimination des maladies tropicales négligées, une faible intégration de ces maladies au sein des principaux programmes de santé, des financements insuffisants, ainsi que l’impact de la pandémie de COVID-19. À cela s’ajoutent des infrastructures sanitaires inadéquates, un dépistage et des capacités de gestion des données limités, et l’insécurité dans certains pays.
Avec le lancement de la feuille de route mondiale pour la période 2021-2030 et l’élaboration du cadre africain de lutte contre les maladies tropicales négligées et les maladies à transmission vectorielle pour la période 2022-2030, l’OMS compte s’appuyer sur les enseignements tirés de la mise en œuvre des précédents programmes de lutte contre les maladies tropicales négligées, y compris les innovations apparues pendant la pandémie de COVID-19, pour apporter son appui aux pays dans l’élaboration de leurs plans directeurs pluriannuels.
L’accent sera donc mis sur le renforcement de l’appropriation par les pays du financement national de la lutte contre les maladies tropicales négligées, l’application d’une approche transversale et holistique de lutte contre ces maladies et le suivi de l’impact pour évaluer les progrès dans la mise en œuvre. À cet égard, le plaidoyer et la mobilisation des ressources, l’engagement fort des agents de santé communautaires et des communautés elles-mêmes seront essentiels.