En Côte d’Ivoire, des coachs aux côtés des sage-femmes pour réduire la mortalité maternelle
Botro – En ce jour de vaccination, des pleurs de nourrissons emplissent la cour de l’Hôpital général de Botro, situé au centre du pays, et à environ 400 kilomètres au nord de la ville d’Abidjan. Henriette Ouattara, qui a accouché il y a quelques mois à la maternité de l’hôpital général de Botro, est venue faire vacciner son nourrisson.
De la consultation prénatale jusqu’à l’accouchement, Henriette avait à son chevet un personnel engagé, dévoué et rassurant. Elle en garde de très bons souvenirs. « Le jour de l’accouchement, si la major pouvait pousser à ma place, elle l’aurait fait », s’amuse Henriette en évoquant la gentillesse de la sage-femme qui l’avait assisté. « L’accouchement s’est bien passé parce que la sage-femme m’encourageait beaucoup. »
Ces éloges sur le personnel de la maternité de l’hôpital général de Botro rassurent la Direction régionale de la santé de Gbêkê et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à l’origine de l’initiative « Gbêkê là-haut-là », mise en place pour contribuer à la réduction de la mortalité maternelle dans la région sanitaire de Gbêkê grâce à une amélioration de la qualité des soins reproductifs, maternels et néonatals.
Dans ce pays où selon l’enquête démographique de santé de 2021, le taux de mortalité maternelle est de 385 décès pour 100 000 naissances vivantes, l’objectif vise plus précisément à mettre fin aux décès maternels évitables liés à l’hémorragie du postpartum immédiat, à l’éclampsie, et aux complications liées à l’avortement dans cette région sanitaire de la Côte d’ivoire.
L’Initiative a été développée par la région sanitaire de Gbêkê suite à une analyse de la morbidité et de la mortalité maternelle utilisant le cadre conceptuel de la qualité des soins de l’OMS, basé sur le renforcement du système de santé. Les résultats de cette analyse ont montré que 77 et 75 femmes avaient perdu la vie respectivement en 2020 et 2021 des complications liées à la grossesse ou à l’accouchement, dont la plupart de décès évitables.
La situation de Gbêkê n’est pas exceptionnelle sur le continent. Selon l’atlas des statistiques sanitaires 2022 dans la Région africaine, l’Afrique subsaharienne enregistre 525 décès pour 100 000 naissances vivantes et 27 décès néonatals pour 1000 naissances vivantes. Le rapport indique que la Région continuera de compter 390 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes à l’horizon 2030, ce qui est très loin de l’objectif mondial de 70 décès pour 100 000 naissances vivantes. Parmi les facteurs contribuant à ces décès figure la pénurie de personnel de santé qualifié, qui contribue au faible taux d’accouchements assistés par du personnel qualifié (65 %).
Avec l’appui technique de l’OMS et le soutien financier du gouvernement suédois, 181 sages-femmes de 18 structures de santé de la région sanitaire de Gbêkê ont été formées afin de renforcer leurs compétences cliniques clés qui sauvent la vie, parmi lesquelles la gestion de la troisième phase de l’accouchement (GATPA), critique pour la vie des femmes lors de l’accouchement. « Avec les séances de coaching et d’accompagnement, ces sages-femmes-là sont devenues aptes à pratiquer correctement la GATPA qui joue un rôle important dans la réduction de l’hémorragie du post partum immédiat », explique Chantal Tiwa Yewo, point focal santé maternelle de la région sanitaire de Gbêkê.
Les données provenant de 15 des 18 centres sanitaires enrôlés, font ressortir une amélioration progressive de la qualité des soins de prévention et de traitement de plus de 15 % en 6 mois, passant de 43,5 % à 59,3 %.
Les bonnes pratiques recommandées sont, entre autres, le plan d’accouchement et des complications obstétricales au cours des soins prénatals, l’identification des facteurs de risque d’une hémorragie du post partum ou d’une éclampsie, la disponibilité et l’affichage des directives cliniques, l’identification d’un circuit des patientes présentant une complication obstétricale en vue d’une prise en charge rapide et la mise en place d’une trousse d’urgence en salle d’accouchement. « Nous ne savions pas qu’il fallait avoir une trousse d’urgence à la maternité, mais maintenant que nous en avons une, ça sauve des vies », reconnait la sage-femme major Edwige Awo Kouadio, qui fait partie du personnel formé au centre de santé urbain de Sokoura. « Pour l’hémorragie, ils nous ont appris comment utiliser la tamponnade par ballonnet intra utérin. On a fait des pratiques avec l’équipe. Donc avec ça quand on a des cas compliqués, on est sereine, on fait la prise en charge correctement sans panique. »
Depuis le début de l’année 2022, six équipes régionales d’amélioration de la qualité des soins, dont les capacités ont été renforcées avec le soutien de l’OMS, interviennent chaque mois dans les 18 centres de santé ciblés en appui au maintien des services essentiels de santé reproductive et maternelle dans un contexte post COVID-19. Dr pierre Zaelei Doh, membre d’une des équipes régionales d’amélioration de la qualité des soins, se réjouit de l’avancée dans la prise en charge des complications liées à l’avortement. « Depuis le début de cette initiative, nous n’avons eu aucun cas fatal relatif aux complications liées à l’avortement. Nous avons fait d’énorme progrès. »
« L’initiative Gbêkê là-haut-là » contribue à l’atteinte des objectifs de la Couverture sanitaire universelle. Nous voulons que chaque femme où qu’elle soit sur le territoire ivoirien puisse avoir accès à des soins de qualité et à un coût abordable », souligne le Dr Jean-Marie Vianny Yameogo, Représentant de l’OMS en Côte d’Ivoire.
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