En Guinée, la flambée de maladie à virus Marburg a été rapidement endiguée
Guéckedou – Lorsqu’un homme de Téméssadou M’Boket, un village dans la zone forestière de la Guinée, est décédé début août après avoir souffert de fièvre, de maux de tête et d’hémorragie, une équipe d’investigation a rapidement été déployée sur place. En quelques heures, une analyse en laboratoire a révélé qu’il était atteint de la maladie à virus Marburg, une maladie de la même famille qu’Ebola, dont une épidémie s’était terminée moins de deux mois plus tôt dans le pays.
Il s’agit du premier cas de maladie à virus Marburg en Guinée et en Afrique de l’Ouest. La détection rapide de ce cas est due à une expertise en riposte aux épidémies accumulée depuis la crise d’Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014-2016. Ces cinq dernières années, la Guinée et les pays voisins ont acquis un savoir-faire essentiel dans la surveillance et la détection des maladies, le dépistage, le traitement, la vaccination et le suivi des contacts, ainsi que la mobilisation à base communautaire, avec le soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et ses partenaires.
Grâce à un système décentralisé, le virus Marburg a d’abord été détecté dans un laboratoire de terrain à Gueckedou, une ville dans le sud de la Guinée, et a été confirmé par le laboratoire national situé dans la capitale Conakry, ainsi que par l’Institut Pasteur de Dakar, un laboratoire de référence. La Guinée a déclaré le cas de maladie à virus Marburg le 9 août 2021.
La formation de travailleurs de la santé à la surveillance de maladies pouvant déclencher des épidémies a aussi été cruciale. Fassara Diawara, chef du centre de santé de Koundou, explique que la rapide détection du cas de Marburg a été possible grâce à la vigilance des soignants aux signes des maladies à potentiel épidémique. « Nous avons tout de suite informé les autorités sanitaires préfectorales pour qu’elles fassent un prélèvement », explique-t-il à propos du patient décédé.
Le Dr Mamadou Kourouma, coordinateur de l’OMS dans la région, explique que le déploiement rapide d’experts sur le terrain, alors que de plus amples analyses étaient en cours, est vital pour une meilleure investigation et riposte épidémiologique. Il relève que peu après avoir été alertée d’un possible cas de Marburg, une équipe de l’OMS a été envoyée sur le terrain. « L’objectif était d’évaluer le niveau de risque et les structures de santé dans les environs et de renforcer la surveillance », dit-il.
À Téméssadou M’Boket, une équipe de l’OMS a été déployée pour assurer un enterrement en toute sécurité, désinfecter le poste de santé où le patient a été pris en charge et identifier, isoler et contrôler les contacts du décédé. Plus de 90 travailleurs de la santé ont ensuite été rapidement formés aux précautions standard vis-à-vis de maladies à potentiel épidémique telles que Marburg. Le tri des patients et le système d’isolement de l’hôpital de Gueckedou et des centres de santé locaux ont été renforcés.
Marburg est une maladie virale hémorragique transmise aux humains par les chauves-souris et qui se propage par des contacts directs avec les fluides corporels des personnes infectées, les surfaces et les matériaux infectés. La maladie commence soudainement avec une forte fièvre, des maux de tête sévères et des malaises. Beaucoup de patients développent des signes hémorragiques sévères au cours des sept premiers jours. Le taux de létalité a varié de 24 % à 88 % lors des précédentes épidémies, suivant la souche du virus et les capacités de prise en charge des patients.
Bien qu’il n’existe pas de vaccins ou de traitements antiviraux approuvés pour traiter le virus, des soins de soutien – réhydratation avec des fluides par voie orale ou intraveineuse – et un traitement des symptômes spécifiques améliorent les taux de survie. Un éventail de traitements potentiels, dont les produits du sang, les immunothérapies et les traitements médicamenteux, sont en cours d’évaluation.
De précédentes épidémies en Afrique ont été enregistrées en Angola, en République démocratique du Congo, au Kenya, en Afrique du Sud et en Ouganda.
En Guinée, afin de renforcer la collaboration communautaire à la riposte à Marburg, les autorités sanitaires nationales et les équipes de l’OMS ont formé le public à reconnaître les symptômes de la maladie, aux mesures préventives, à l’importance de demander un traitement immédiatement et aux autres mesures de riposte.
« Nous allons continuer à renforcer la surveillance à base communautaire dans la région forestière, ainsi que les capacités des agents de santé dans les structures sanitaires », promet le Dr Mamadou Kourouma, coordinateur terrain de l’OMS dans la région.
Aucun nouveau cas de Marburg n’a été signalé depuis la confirmation de la présence du virus et un compte à rebours de 42 jours avant la déclaration de la fin de l'épidémie a commencé le 4 août. Néanmoins, répondre à ce virus, maintenir la surveillance après la fin de l’épidémie d’Ebola et lutter contre la pandémie de COVID-19 n’est pas facile, dit le Dr Mamadou Kourouma. « Guéckedou n’est pas épargné par la COVID-19 et beaucoup de personnels sont mobilisés pour les ripostes à la COVID-19, à Ebola et à Marburg. C’est un travail complexe, mais pas impossible. »