En Ouganda, une initiative à base communautaire pour aider les patients atteints du VIH à vaincre la dépression.

En Ouganda, une initiative à base communautaire pour aider les patients atteints du VIH à vaincre la dépression.

Gulu, Ouganda – Margaret était submergée par la dépression et accablée par la stigmatisation. Enceinte, sa lutte pour vivre avec le VIH lui laissait peu de goût à la vie, au point d’envisager la mort. « Je m’enfermais à la maison tous les jours. Je voulais tuer mon enfant et me tuer parce que je pensais que je ne servais plus à rien dans cette vie et je ne voulais pas que mon enfant souffre comme moi », dit-elle. 

Dans son village du nord de l’Ouganda, un groupe de conseils à base communautaire aide les gens vivant avec le VIH avec une thérapie psychosociale à mieux gérer et surmonter les troubles de santé mentale. Vivre avec une maladie infectieuse chronique peut être difficile. Les personnes vivant avec le VIH sont confrontées à davantage de risques de développer des troubles mentaux comme la dépression et l’anxiété, qui font partie des troubles de santé mentale les plus répandues auxquels ces personnes font face. Margaret dit devoir sa survie à ce groupe. 

Actif dans les districts de Gulu, Kitgum et Pader, dans le nord de l’Ouganda, le groupe de thérapie à base communautaire est connu sous le nom de Responsabilisation socio-émotionnelle & économique des personnes déprimées vivant avec le VIH à travers le savoir du Groupe de soutien en psychothérapie (SEEK-GSP). Cette initiative aide les patients à surmonter de difficiles crises psychosociales et fournit un soutien économique à l’autosuffisance. 

Les sessions ont lieu en thérapie de groupe, ce qui implique d’amener les gens confrontés aux mêmes défis de santé mentale à faire part de leurs expériences, de s’encourager et se soutenir mutuellement pour surmonter les difficultés. Dans le cadre du programme SEEK-GSP, les patients participent à huit sessions qui incluent une psychothérapie, la résolution de problèmes et l’apprentissage de compétences commerciales pour améliorer leurs moyens de subsistance. 

« L’un des avantages [de la thérapie de groupe] du GSP est qu’il ne nécessite pas l’intervention continue d’experts de la santé mentale. À la place, nous avons formé des travailleurs des soins primaires dans les centres ruraux à mener les sessions du GSP avec les personnes affectées », déclare Etheldreda Nakimuli-Mpungu, une psychologue et enquêtrice principale du projet SEEK-GSP.

Depuis 2010, plus de 200 professionnels de santé communautaires et de membres d’équipes médicales dans les villages ont été formés dans le cadre du programme SEEK-GSP à identifier et à traiter la dépression. Ils fournissent un soutien psychosocial aux villageois par le biais de groupes de psychothérapie. Àce jour, ils ont traité pour dépression plus de 5000 personnes vivant avec le VIH/Sida. 

« J’ai davantage confiance en la vie », dit Margaret. « Je sais que si je continue à prendre mes médicamentscorrectement, je peux vivre une vie normale avec le VIH et m‘occuper de mes tâches quotidiennes sans crainte. »

La Dre Hafsa Lukwata, à la tête du Programme de santé mentale du Ministère de la santé, explique que le gouvernement s’efforce d’améliorer les soins de santé mentale dans le pays. Ceci se fait par le biais de la formation de personnel non médical aux soins de santé mentale, en stimulant les initiatives de sensibilisation du public et de plaidoyer en faveur d’un financement accru des soins de santé mentale, dont les personnes vivant avec le VIH/Sida. 

« Nous prévoyons de renforcer les liens entre le Ministère de la santé et nos partenaires techniques et sociaux, dont les ONG, le secteur de l’éducation et la société civile afin de soutenir les innovations en matière de santé en Ouganda, telles que le programme SEEK-GSP », explique le Dr Yonas Tegegn Woldemariam, représentant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en Ouganda. 

Le Dr Yonas explique que l’OMS prévoit de travailler avec diverses plateformes de plaidoyer, dont le Forum du parlement d’Ouganda sur la santé mentale, afin de mettre en œuvre des lois sur la santé mentale, de promouvoir le GSP et d’autres innovations dans les pays et d’encourager l’implication multisectoriel dans le domaine de la santé mentale.

L’investissement dans la santé mentale reste très faible en Afrique. En moyenne, les ministères africains de la santé allouent environ 90 centimes de dollars US par habitant, contre 10 centimes en 2016. Néanmoins, ces budgets sont souvent consacrés à de grandes institutions psychiatriques dans les principales villes. Seuls 15 % de ce budget sont alloués à la santé primaire et communautaire. 

Cette année, le thème de la Journée mondiale de la santé mentale est « Soins de santé mentale pour tous : faisons-en une réalité ». Un message adressé aux décideurs politiques pour faire des soins de santé mentale de qualité pour tous une réalité.

Pour le programme SEEK-GSP en Ouganda, la prochaine étape consiste à étendre ses opérations à l’échelle du pays. « Dans le futur, nous voulons former un millier de travailleurs de santé non professionnels dans chacune des cinq régions géographiques de l’Ouganda. Ceci nous permettra de traiter jusqu’à deux mille personnes par an », explique la Dre Nakimuli-Mpungu.

Elle note que le projet a le potentiel de combler les lacunes en matière de traitement de la dépression, en particulier chez les personnes vivant avec le VIH/Sida, de potentiellement réduire la transmission du VIH, de protéger les familles contre la faim et de permettre à plus d’enfants de rester à l’école.

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