Face à la progression fulgurante de l’épidémie de choléra aux portes de Kinshasa, l’OMS appuie le Ministère des transports et voies de communication à une forte action de sensibilisation des armateurs et tenanciers des ports privés

Face à la progression fulgurante de l’épidémie de choléra aux portes de Kinshasa, l’OMS appuie le Ministère des transports et voies de communication à une forte action de sensibilisation des armateurs et tenanciers des ports privés

KINSHASA, 28 septembre 2016 - Alors que le choléra continue d’imprimer un rythme d’une diffusion fulgurante et rapide le long du fleuve Congo jusqu’aux portes de Kinshasa, ville de plus de 10 millions d’habitants, le Ministère des transports et voies de communication, avec l’appui technique de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a réuni en urgence mardi 27 septembre une cinquantaine d’armateurs et tenanciers des ports privés situés le long du fleuve pour une forte action de sensibilisation et d’engagement collectif à la lutte contre l’épidémie. Depuis le début de l’année 2016 jusqu’à fin septembre de la même année, la mise à jour des dernières statistiques fournies par le système national de surveillance épidémiologique indique un total cumulé de 20.135 cas de choléra avec 585 décès. Ce qui donne un taux de létalité de 3%, largement supérieur au seuil acceptable de moins de 1%.

Les chiffres enregistrés par la RDC au cours des huit derniers mois de l’année 2016, particulièrement les cas mortels correspondent au double du total de décès notifiés lors de l’année 2015. Durant la période de janvier à décembre 2015, le pays avait enregistré un total cumulé de 19.125 cas de choléra avec 271 décès (taux de létalité : 1,4%). ‘‘Cela donne la mesure même de notre rencontre d’aujourd’hui, et il était plus que temps que nous nous rencontrions urgemment pour voir comment nous pouvons ensemble contribuer à stopper la progression de l’épidémie en direction de notre dense capitale qui souffre déjà de nombreux maux dont la promiscuité’’, a d’entrée de jeu déclaré M. Simplice Ilunga Monga, Vice-Ministre des transports et voies de communication en présence du Dr Allarangar Yokouidé, Représentant de l’OMS en RDC. ‘‘En cette période d’épidémie qui devient de plus en plus préoccupante, nous allons faire en sorte que des mesures d’assainissement et d’hygiène dans les ports et bateaux soient de stricte application’’, a insisté le Vice-Ministre des transports et voies de communication. 

‘‘La réponse médicale ou du seul secteur de la santé ne suffit pas, il faut un engagement fort de tous les autres secteurs comme celui qui implique les transporteurs fluviaux et armateurs afin  d’enrayer la progression rapide de cette maladie contagieuse et mortelle’’, a  souligné de son côté le Dr Allarangar Yokouidé. Pour ne prendre que les statistiques de la capitale de la RDC, il a été noté que depuis la semaine épidémiologique 13, au moins 82 cas dont 9 décès ont été notifiés dans 8 zones de santé (Limete, Maluku I, Masina II, Bandalungwa, Barumbu, Kinshasa, Selembao et Kingabwa) avec un taux de létalité très élevé de 11%. Près de 50% du total de cas (40 cas) ont été notifiés dans la seule zone de Maluku I, à plus de 80 km au Sud-est de Kinshasa. ‘‘Si nous n’agissons pas maintenant avec efficacité, l'épidémie risque de dépasser nos efforts et capacités à la contrôler sur le long terme’’, a ajouté le Représentant de l’Organisation mondiale de la Santé.

Pendant plus de deux heures et demie des discussions en la salle polyvalente de l’immeuble du Gouvernement, des échanges ont tourné autour de la situation épidémiologique de l’épidémie en cours, des facteurs favorisants, de la réponse et des attentes à l’endroit des transporteurs fluviaux. Prenant la parole à son tour pour expliquer les facteurs favorisants la propagation de la maladie et également liés au transport fluvial, le Dr Dossou Vincent Sodjinou, gestionnaire de l’épidémie de choléra pour l’OMS en RDC a résumé toute la problématique  ainsi qu’il suit :

  • Absence de points d’eau potable dans les ports et à bord des embarcations
  • Manque criant des latrines accessibles aux voyageurs dans les différents ports ;
  • Absence de points de lavage des mains dans les différents ports et à bord des embarcations ;
  • Echappement des bateaux au contrôle sanitaire ;
  • Insuffisance de dispositifs de filtrage d’eau dans les bateaux, excepté ceux appartenant aux pouvoirs publics
  • Manque du personnel soignant et de kits de premiers soins à bord des embarcations ;
  • Promiscuité et surcharge des bateaux ;
  • Faible niveau d’entretien des installations sanitaires, généralement pleines et non vidangées. 


Pourtant, ‘‘l’arsenal juridique règlementant le transport fluvial existe bel et bien, en dépit de sa très faible applicabilité par les usagers du secteur’’, a reconnu pour sa M. Kipoy Ngiama, Conseiller ministériel chargé de la navigation au Ministère des transports et voies de communication. Selon lui, ‘‘des bateaux qui échappent au contrôle sanitaire devraient normalement être  arraisonnés pour subir ledit contrôle  à chaque escale sur le fleuve, pour vérification de la cargaison et avec l’aide des inspecteurs sanitaires’’.   

En RDC, le secteur du transport fluvial  nécessite une réorganisation efficace et bien coordonnée, en raison d’un manque d’investissements publics depuis plusieurs décennies. Selon, M. Didier Mukona, président du Comité professionnel des transporteurs fluviaux (CPTF) et membre de la Fédération des Entreprise du Congo (FEC), ‘‘presque 98% de bateaux navigant sur le fleuve Congo sont des bateaux cargos destinés au transport des marchandises. Les passagers qui y prennent place à bord sont tout simplement des clandestins. Cela pose un sérieux problème de la disponibilité des lieux d’aisance de qualité et en nombre suffisant pour un nombre aussi grand de personnes transportées’’. 

NOTE AUX REDACTEURS. Les provinces congolaises situées le long du fleuve Congo, une vaste zone à forte hydrographie,  présentent tous les facteurs de risque classiques en ce qui concerne la diffusion rapide de la maladie : campements dans les îlots d’accès difficile regroupant des pêcheurs très mobiles, rareté de l'eau potable dans ces zones, et forte insalubrité dans les ports.  

Face à cette situation, le Gouvernement de la RDC, avec l’appui de l’OMS et des autres partenaires, a opté pour la mise en œuvre des mesures préventives dont la campagne de vaccination contre le choléra. Pour le moment, les zones de santé concernées pour cette campagne, dans la région de Kinshasa sont les suivantes : Kingabwa (aires de santé de Kingabwa I et Kingabwa II), Limete (aire de santé du Quartier industriel 3), Maluku (aires de santé de Monaco, Kimpoko, Maluku, Mangengenge), N’sele (aire de santé du fleuve), Masina II (aires de santé de Mapela, Mandiangu et Matadi). La population totale pour toutes ces aires de santé est estimée à 391. 292 habitants - après pré-marquage et dénombrement. La cible concernée est de 375. 640 personnes (96% d’un an et plus de la population totale).

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Eugene Kabambi, Chargé de communications, kabambie [at] who.int ; tél. : +47 241 39 027 – Direct : +243 817 151 697

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PHOTO 1 : De gauche à droite, le Dr Allarangar Yokouidé, Représentant de l’OMS en RDC, le Vice-Ministre des transports et voies de communication, M. Simplice Ilunga Monga lors des discussions avec les armateurs et tenanciers des ports de Kinshasa  – OMS/Eugene Kabambi

PHOTO 2 : Vue partielle des participants en la salle polyvalente de l’Immeuble du Gouvernement . - OMS/Eugene Kabambi

PHOTO 3 : Armateurs et tenanciers des ports se distribuant les aides mémoires sur le choléra. - OMS/ Eugene Kabambi

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